Les négociations avec l’Etat durent depuis 2021. Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’Etat chargée de la Ville, a signé ce jeudi 25 avril, le sésame de dix-sept pages. Les moyens mobilisés restent relatifs face au trafic juteux de stupéfiants qui gangrène les quartiers prioritaires nîmois. Pour le député RN, Yoann Gillet, il ne s’agit ni plus ni moins « d’une séance de pure communication et d’autocongratulation. »
Ce contrat signé en grande pompe au centre social André Malraux, quartier du Chemin Bas d’Avignon, répond-il à l’urgence de la situation dans les quartiers prioritaires nîmois ? La réponse tend vers la négative, tant la population a plongé dans un marasme sécuritaire. Il témoigne toutefois d’une avancée dans la coopération Etat – Ville. La question était sur toutes les lèvres ce matin, pourquoi Gérald Darmanin n’est pas venu en personne signer ce document qui se veut prépondérant pour la vie des Nîmois ? Lui toujours prompt à battre le pavé lors d’épisodes dramatiques.
15 policiers nationaux d’ici 2026
Des tensions existent-elles avec l’édile de Nîmes ? Il faut dire que ce dernier a travaillé le ministère au corps et tapé du point sur la table pour bénéficier de policiers supplémentaires à Nîmes. Des effectifs dont la ville aura cruellement besoin, à l’aune de la feria, des Journées romaines ou du Tour de France… Autant d’évènements qui solliciteront des agents sur la voie publique, alors même que les JO 2024 risquent de mobiliser le cœur battant des forces de l’ordre à Paris. En attendant, le maire de Nîmes rappelle à loisir qu’il fait le job. La brigade de policiers municipaux de Nîmes est dans le top 3 des mieux dotées de France, en rapport à la population, nous confiait Richard Schieven, adjoint à la Sécurité.
Le Contrat de sécurité intégrée (CSI), quésako ? Une contractualisation des engagements entre l’Etat et la ville de Nîmes. Il porte sur le volet sécuritaire, judiciaire et éducatif. Le CSI intègre également la prévention de la délinquance et le volet politique de la Ville. Un vaste programme, donc. Côté sécurité, ce sont 15 policiers nationaux que l’Etat s’engage à affecter à Nîmes d’ici 2026. Un nombre bien inférieur aux besoins formulés il y a quelques années par la ville… La création d’une brigade des transports est également actée, forte de 12 effectifs et dévolue à l’aire urbaine nîmoise. Un Groupe interministériel de recherches (Gir) est créé pour lutter contre le blanchiment d’argent lié au trafic de stupéfiants dans le département. Son siège sera localisé à Nîmes.
« Une séance de pure communication »
L’édile, lui, abondera de 30 policiers municipaux supplémentaires d’ici 2026. Un renfort plus que bienvenu dans ce département qui frôle les 20% de taux de pauvreté. Des quartiers où les décès par arme à feux liés à la drogue ne cessent de s’accumuler sur la liste noire. On en veut pour preuve le jeune Fayed, 10 ans, mort d’une balle perdue il y a quelques mois. Ou cette fusillade il y a tout juste une semaine au Chemin Bas d’Avignon. Sur le volet justice, trois délégués du procureur et trois conciliateurs de justice seront affectés à Nîmes d’ici 2026, selon les dires de la secrétaire d’Etat.
Le député gardois RN, Yoann Gillet, apporte son grain de sel. « Sabrina Agresti-Roubache s’est livrée ce matin à ce que sait faire de mieux le gouvernement : une séance de pure communication et une autocongratulation déconcertante. Un bout de papier qui ne changera rien à la situation tant il ne fait état que de mesures organisationnelles et de mesurettes purement conjoncturelles », a-t-il déclaré.
La secrétaire d’Etat, elle, plaide pour que les parents prennent leur part. « On dit qu’il faut fouiller les carnets intimes, qui possède un carnet intime en 2024 ? Non ce sont des téléphones », pointe-t-elle au sujet des ces jeunes enrôlés dès l’âge de 11 ans dans la nébuleuse des trafics. « Ma priorité est de travailler pour ces familles monoparentales et les fameuses mamans solos. Seuls, nous n’y arriverons pas, nous devons compter sur les élus locaux », appelle la secrétaire d’Etat de ses vœux.
Poste de police, hyperviseur, caméras…
A son tour, Jean-Paul Fournier a dégainé la liste des moyens techniques mis en œuvre pour assurer la sécurité des Nîmois. Les 10 millions d’euros annuels dégagés par Nîmes pour renforcer les outils de sécurité, les 662 cameras de surveillance qui maillent le territoire, le poste de police mutualisé opérationnel l’été prochain à Pissevin ou l’hyperviseur urbain. Espérons donc que cet artillerie soit suffisante lors des JO…