Poste de police à Pissevin, contrat de sécurité intégrée, vidéo-surveillance, JO 2024… Tour d’horizon de l’actualité avec l’adjoint au maire de Nîmes, délégué à la sécurité, Richard Schieven.
InfOccitanie : Quels sont les chiffres clés de la sécurité à Nîmes ? Richard Schieven : Nîmes est dans le top 3 des villes les mieux dotées en France en matière de vidéo-surveillance. Concernant la proportion de policiers municipaux affectés par rapport à la population, il s’agit de la mieux dotée avec plus d’un policier municipal pour 1000 habitants. Nous comptons 165 policiers municipaux et 14 agents ASVP. Nîmes dispose de 662 caméras, sont incluses les caméras de voie publique, les caméras sur les bâtiments et les caméras englobées dans les bornes escamotables hydrauliques. La vidéo-verbalisation repose sur 200 caméras. Dans les trois ans à venir, 45 caméras de surveillance supplémentaires seront installées.
Combien de contraventions ont été dressées en 2023 ? 46.000 contre 42.000 en 2022, ce qui correspond à 10% d’augmentation de verbalisations. Concernant la verbalisation par le truchement des caméras de vidéo-surveillance, 5 900 contraventions ont été dressées en 2023 contre 1 600 en 2022. Nous avons un très gros maillage sur le centre-ville mais nous devons augmenter la performance dans les autres quartiers périphériques et au nord de la ville. Certains de ces secteurs ne sont pas pourvus en fibre. Je tiens à souligner que lorsqu’un PV est dressé, cela passe par l’ANTAI, l’agence chargée par l’Etat d’encaisser les contraventions. Certains nous appellent pour bénéficier d’un remboursement mais la ville de Nîmes n’a aucun levier.
Que représente la sécurité dans le budget de la Ville ? Entre 9 et 10%. En sachant que l’on peut avoir des frais supplémentaires, cela a été le cas pour la réalisation de l’hyperviseur qui est exclusivement à la charge de la municipalité. Le budget pour les caméras de surveillance est de 300.000 euros par an, dont 100.000 euros pour l’entretien et la réfection lorsque des caméras sont détériorées.
Les policiers ont-ils des quotas de PV à dresser par jour ? Non, il n’y a pas de quotas ! Nous avons mis en place la vidéo-verbalisation car monsieur le maire s’agaçait des stationnements gênants sur les boulevards Gambetta, Victor Hugo ou Jean Jaurès. Les caméras viennent condamner le stationnement anarchique et fluidifier la circulation. Cela permet aussi de soulager les agents à pied qui sont par ailleurs affectés à d’autres périmètres où il n’y a pas de caméras. Jusqu’à 11h, les policiers au pupitre de verbalisation font preuve de discernement pour les livraisons en centre-ville.
Un mot sur l’hyperviseur inauguré en novembre dernier ? C’est un centre très moderne, qui suscite beaucoup de convoitise puisque le maire de Valence aimerait le visiter, nous devons organiser cela. Cet hyperviseur centralise cinq postes de pilotage et de commandement. Il réunit les données signalées par les usagers tout comme les dispositifs de détections pour une meilleure réactivité en cas de problème. Et concernant la reconnaissance faciale dont certains s’inquiètent, elle n’est pas autorisée en France. Personnellement, je suis tout à fait pour. Prenez l’exemple d’un individu qui, en fin de journée, commet un délit ou un crime. Il pourrait être intercepté dès le lendemain et mis hors circuit.
Où en est le Contrat de sécurité intégrée ? Il est important de noter que ce contrat englobe plusieurs thématiques, la sécurité évidemment, mais également la politique de la Ville, l’éducation, la justice, la radicalisation… Le maire s’est engagé à recruter 5 policiers municipaux par an et à augmenter le nombre de caméras. L’Etat de son côté s’engage à augmenter le nombre de policiers nationaux. Le contrat est actuellement sur le bureau du ministre de l’Intérieur. L’idée étant de solliciter Gérald Darmanin pour inaugurer notre nouveau poste de police à Pissevin et signer ce contrat. Ce dernier a été complètement repensé, ce n’est pas du tout ce qui était prévu initialement en matière de moyens humains et techniques.
Les enseignants ont fait valoir leur droit de retrait, les parents sont tétanisés à l’idée d’un nouveau mort. Quels dispositifs déployés par la ville pour sécuriser l’école Georges Bruguier au Chemin bas ? La ville assure la sécurité aux abords de l’école, du centre social André Malraux, du centre annexe municipal où il y a des agents de la municipalité, et des enfants qui viennent de l’école Leo Rousson. Nous avons vingt policiers municipaux qui travaillent sur ce secteur. On fait la même chose pour Pissevin et Valdegour. Des policiers sont statiques dès 8h15, à chaque entrée et sortie de l’école Bruguier. Certains policiers travaillent jusqu’à 2h, d’autres prennent la relève, on couvre une plage horaire de 24h.
De nouveau policiers seront-ils recrutés et affectés au nouveau commissariat à Pissevin ? Les policiers déployés dans le secteur ouest de Nîmes seront affectés à ce poste commun. D’ailleurs il ne s’agit pas d’un commissariat, qui lui est ouvert H24, mais d’un poste de police. Le bureau de police nationale, place Jean Perrin à Valdegour, va être fermé et les policiers nationaux vont être déplacés dans ce nouveau poste à Pissevin. La police nationale qui travaille sur ce périmètre ouest aura pour base de repli ce poste commun. Les frais seront partagés entre la ville et l’Etat.
Faut-il changer la loi pour combattre la drogue ? Dernièrement, le président du tribunal judiciaire de Marseille évoquait la nécessité d’un plan Marshall, pour pallier ces ‘narchomicides’. Il ne faut pas changer la loi, le code pénal prévoit des sanctions exemplaires. En revanche, les Amendes forfaitaires délictuelles (AFD) infligées aux consommateurs sont trop faibles. Les mineurs ne peuvent pas être verbalisés en cas de détention de drogue et les majeurs écopent d’une contravention de 200 euros, c’est peu.
Jeux romains, feria de Pentecôte, Tour de France, de nombreux événements sont à venir. N’êtes-vous pas inquiété par les JO qui risquent de vampiriser les policiers nationaux à Paris ? Le préfet et le ministre l’ont dit, il n’y aura pas d’effectifs supplémentaires de la police nationale cet été, notamment dans les villages périphériques. Nous avons en effet des enjeux importants sur Nîmes, avec notamment l’étape du Tour de France qui sollicite beaucoup de sécurité ou la triennale artistique. Ça va être un peu compliqué oui…