« Les bénéficiaires retrouvent ici une forme de dignité », reconnait Pietro Truddaiu, président de l’association La Table Ouverte à Nîmes. Dans ce cocon d’espoir, loin de la rudesse de notre société, les bénéficiaires arpentent les allées à l’image d’une session de courses dans une supérette classique. Exit les colis distribués dans des salles impersonnelles et mornes, à l’abri des regards potentiellement dédaigneux…

Sous le viaduc du boulevard Talabot, à quelques pas de la gare centre de Nîmes, des petits prix sont proposés à de nombreux foyers touchés par la précarité, peinant à joindre les deux bouts. Comptez 40 centimes les 500 grammes de pâtes ou 60 centimes le kg de fruits et légumes. Ici, les produits sont proposés 30% moins cher qu’en circuit de vente classique. Le secret ? « Nous récupérons pour 90% les dons de la Banque alimentaire du Gard, une très grande chaine de solidarité… La BA30 envoie ses camions tous les matins récupérer les marchandises en hypermarchés, et nous récupérons les produits en fonction des arrivages », narre le président qui partage des chiffres tristement évocateurs.

370 familles, 150 enfants
Depuis l’ouverture en février dernier, 370 familles se sont inscrites, pour 580 bénéficiaires au total, dont 150 enfants. « Nous pourrons aider jusqu’à 500 familles en raison de nos stocks », précise le président. Dans ce local mis à disposition à Table ouverte par la SNCF pour une durée de dix ans, avec huit autres arches, Table ouverte redonne du souffle à ces citoyens asphyxiés par leur quotidien. Parmi les projets dans les cartons, une brocante viendra se fondre dans ces 1800m2 au total mis à disposition. « Pour le reste de nos produits, nous récupérons chez des grossistes ou des producteurs locaux qui nous font des dons », se réjouit Pietro Truddaiu. A noter, l’épicerie propose également des produits d’hygiène et d’entretien. Une friperie solidaire de l’association, ouverte le 13 mai dernier, est également située juste à côté, proposant des articles à 1 ou 2 euros.

Vous l’aurez saisi, Table Ouverte participe largement à l’entraide sociale, en répondant aux besoins vitaux des personnes dans le besoin en matière d’alimentation, d’hygiène et dans la lutte contre l’isolement social. Un relai social crucial dans ces territoires nîmois largement exposés à la pauvreté. « Nos bénéficiaires de l’épicerie doivent résider dans les 3 Quartiers prioritaires de la Ville que sont Gambetta-Richelieu qui enregistre environ 40% de taux de pauvreté, Route de Beaucaire et Route d’Arles (près de 50% de taux de pauvreté, ndlr) », précise le militant. Deuxième condition afin de faire ses emplettes ici : le reste à vivre. La différence entre le revenu du foyer et les dépenses doit être inférieure à 12 euros. Sur cet espace nommé « Eperanza », soutenu par ailleurs par Manu Chao, l’engagement incarne trois mots : solidarité, fraternité et générosité… Association Table ouverte ; 44 rue Richelieu + boulevard Talabot ; 04 66 67 26 45. Vidéo de l’épicerie solidaire ci-dessous :