InfOccitanie : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Antoine Bertrand : J’ai 28 ans, je suis petit-fils d’exilés républicains espagnols, j’habite à Montpellier. J’ai commencé la politique au lycée en 2012, à l’époque où F.Hollande déclarait « la finance est mon ennemie » et appliquait aussitôt exactement l’inverse. Mon engagement s’est renforcé au gré des années, autour d’une rupture sur le plan écologique, social… Je suis directeur de cabinet du maire de Grabels, René Revol (LFI, également vice-président en charge des déchets à la Métropole, ndlr). Je suis également secrétaire national du Parti de Gauche et l’un des chefs de file LFI pour les municipales à Montpellier.
InfOccitanie : F.Bayrou est tombé hier, LFI jubile ?
Antoine Bertrand : C’est un soulagement, même un moment de bonheur. Nous étions 250 hier devant la mairie de Montpellier pour le pot de départ. La morale : celui qui voulait faire les poches aux Français à travers un budget d’austérité s’est pris une gifle, à l’image de celle qu’il a donnée à un jeune il y a quelques années dans un quartier… C’est une victoire populaire, le début d’un mouvement social qui va continuer le 18 avec les mouvements syndicaux. Ce n’est pas Barnier ou Bayrou le problème, c’est la 5e République, la crise institutionnelle, économique et sociale. Macron doit partir.
InfOccitanie : Revenons à l’échelle locale. 4 co-chefs de file pour LFI aux municipales, l’image est assez brouillonne stratégiquement… Vous n’avez pas réussi à vous entendre ?
Antoine Bertrand : Vous savez, ce n’est pas rare, LFI a plusieurs co-chefs de file à Lyon ou Marseille. Au contraire, la diversité des composantes de notre mouvement est respectée pour mener au front la bataille, contrairement à d’autres partis où c’est la guerre. Nous avons Livia Jampy qui porte la question de la jeunesse, Rhany Slimane porte-voix notamment des quartiers délaissés, moi-même qui défend le logement ou la gratuité des cantines scolaires… Sans compter la députée Nathalie Oziol, l’une des mieux élues de France. On s’entend tous très bien, on se voit régulièrement autour de la rédaction d’un programme de rupture pour Montpellier.
InfOccitanie : Le plus compliqué se profile, qui sera tête de liste LFI à Montpellier ?
Antoine Bertrand : Notre liste sera la plus large, de rupture. Notre processus interne passera par la consultation de centaines de militants issus de nos groupes d’actions actifs, mais également d’associations, de la société civile… On veut faire l’union des partis, des peuples aussi et surtout. On tend la mains à tout ceux qui s’inscrivent dans un programme de rupture avec M.Delafosse. La tête de liste viendra après.
InfOccitanie : Certaines formations politiques accusent LFI de récupération politique pour le 10 septembre…
Antoine Bertrand : Nous n’avons pas dit que nous étions les organisateurs mais les soutiens ! LFI est présente partout où il est question de davantage de justice fiscale, sociale, de bifurcation écologique, en somme les mots d’ordre du 10 septembre. Au Corum la dernière fois, nous étions 400 lors des assemblées pour discuter des actions du 10, nous avions commencé avec 50 personnes en juillet dernier.
InfOccitanie : J.L Mélenchon appelle à « tout bloquer », là où le PS et les Communistes se contentent de « soutenir » le mouvement du 10. Les mots ont un sens….
Antoine Bertrand : LFI est un mouvement de terrain, on ne se contente pas de participer à distance et de publier deux tweets. Il y a une note du 19 juillet dernier de Jean-Luc Mélenchon qui résonne avec le mouvement, d’un point de vue anti-capitaliste, critique de la 5e République, colère sociale… On ne peut pas continuer avec un ministre tous les six mois, il faut la destitution d’Emmanuel Macron et nous allons relancer la pétition en ce sens à l’Assemblée.
InfOccitanie : Quelles actions sont prévues ?
Antoine Bertrand : Je rappelle que la liberté de manifester est constitutionnelle. Autre précision, les médias vont focaliser sur ce qu’ils vont appeler des « violences » alors que ce sont des dégradations d’un point de vue du droit. LFI appelle à un rassemblement pacifique et à la désobéissance civile. Le 10, ce sont aussi des actions solidaires, une cantine populaire pour les piquets de grève. Il y a des opérations de chariots gratuits ou de péages gratuits. Un piquet de grève est prévu dès 7h à Rondelet, un rassemblement à 11h sur la Comédie, des actions à Lodève, Bédarieux, Sète, Béziers, etc.
InfOccitanie : La violence et les émeutes peuvent également déjouer les scénarios…
InfOccitanie : J’ai vu que B.Retailleau appelait à la plus grande fermeté. Que veulent-ils concrètement ? La répression et la violence de l’époque des gilets jaunes ? Empêcher la colère sociale de s’exprimer ne réglera jamais l’impasse démocratique dans laquelle nous sommes, bien au contraire… Je le répète, LFI appelle à un rassemblement pacifique et à la désobéissance civile, c’est important. Les militants Insoumis sont formés, ils ne se livrent pas à des actions illégales.
InfOccitanie : Des drapeaux de la Palestine pourraient flotter le 10. Que répondez-vous à ceux qui hurlent à l’import d’un conflit qui « ne concerne pas la France » ?
Antoine Bertrand : Gloire à eux de porter le drapeau de la Palestine. Les mobilisations sont monumentales partout dans le monde et en Europe pour soutenir Gaza et dénoncer le génocide. Il y a une convergence des luttes pour appeler au respect du cessez-le-feu, de l’arrêt de l’exportation d’armes. Tout ce qui se passe à l’international a évidemment des répercussions sur les plans national et local. Quand on voit que le maire de Montpellier poursuit le jumelage avec la ville de Tibériade, c’est absolument insupportable.
InfOccitanie : « Le Macron du Clapas », voilà comment vous désignez Michaël Delafosse, maire/président de Montpellier. Vous n’y allez pas un peu fort ?
Antoine Bertrand : Absolument pas ! Il est tout sauf cohérent. Lors de la nomination de Bayrou, il a déclaré « cela peut nous aider », il a accueilli en grande pompe le Premier ministre à la Mosson pour l’inauguration du commissariat. Aujourd’hui, les socialistes veulent participer à un Gouvernement dans lequel oeuvrent la Macronie et LR. Je rappelle que les députés socialistes ont été élus sur le programme du NFP : pas de compromission, l’abrogation de la réforme de la retraite, le SMIC à 1600 euros, etc.