Malgré l’amende de 6000 euros infligée par la Métropole de Montpellier au mouvement municipaliste ‘Nous sommes Montpellier’, Rhany Slimane poursuit avec ferveur la mobilisation au sein des quartiers. Objectif : garnir les listes électorales de milliers de noms à l’horizon des Européennes.
La facture est salée. La sidération, la colère et l’action, voilà par quoi ont été traversés les militants du mouvement ‘Nous sommes Montpellier’, né en 2018. Un lourd tribut qui sanctionne une campagne de communication de rue somme toute banale. Nous voilà à l’aube des présidentielles et des législatives de 2022. Les militants municipalistes ‘Nous sommes’, dont fait partie l’élue d’opposition Alenka Doulain, réalisent des pochoirs à la peinture sur les trottoirs de Montpellier, aux abords des écoles, des universités et des bureaux de vote. Sur les œuvres, aucune injonction à voter pour un candidat, plutôt une inscription évocatrice : « Je vis ici, je vote ici ».
Les pochoirs de la discorde
Une action civique bienvenue là où le taux d’abstention et la non-inscription sur les listes électorales flirtent avec les plus bas niveaux. Elue du conseil municipal de Montpellier (MUPES) et de la Métropole, Alenka Doulain, avait auparavant essuyé un refus lors d’un conseil municipal. « Son amendement qui visait à mettre en place une campagne de communication a été rejeté, d’un point de vue démocratique, cela pose un vrai problème », explique Rhany Slimane, 39 ans, cofondateur de ‘Nous sommes Montpellier’. Un refus qui a motivé ‘Nous sommes’ à prendre les choses en main, à grand renfort de tractages sur le terrain, d’actions dans les universités pour sensibiliser les étudiants, de vidéos de vulgarisation politique et de tags aux sols devant les établissements servant de bureau de vote. « Les pochoirs sont couramment utilisés dans la ville, que ce soit par des mouvements comme VéloCité, des festivals comme What A Trip ! ou des collectivités comme le Département de l’Hérault et même la Métropole de Montpellier », dénonce le militant LFI Rhany Slimane.
Le même de narrer la « saisie sur compte de l’amende majorée de 6000 euros », et le récépissé « signé de la main du président de la Métropole ». Le mouvement n’a pu avoir connaissance des avis d’amendes initiales pour le nettoyage des tags en raison d’un déménagement administratif. « Il y a eu en effet un changement d’adresse, par contre si la Métropole de Montpellier cherche à nous contacter, nous sommes visibles. Alenka Doulain est largement disponible », éructe Rhany Slimane.
« Pour nous, c’est de la répression politique, comme ils sont dans l’incapacité de nous contrer politiquement, ils s’attaquent au portefeuilles », juge le militant. Le motif de l’amende ? « Ils nous disent que c’est pour le nettoyage des tags au sol. On subodore que la majorité a intérêt à ce que les gens, et notamment ceux issus des quartiers populaires, ne votent pas », formule-t-il. Le même de rappeler l’historique des suffrages : « Souvenons-nous tout de même que Michaël Delafosse a été élu avec le score le plus bas de la 5e République. Il a été élu sur un incident démocratique, je ne remets pas en cause son élection, mais sa légitimité est faible ».
Un enjeu démocratique d’autant plus prégnant pour le natif de Montpellier, longtemps médiateur social, en première ligne avec les problématiques du terrain. Rénovation d’un bâtiment après un incendie, réparation d’un ascenseur, aménagement d’un local poubelle, nombreuses sont les victoires décrochées à grande sueur. « Ils parlent de tri et de politique zéro déchet, il n’y a qu’à venir dans les cités pour constater l’inaction et les odeurs pestilentielles en plein été », pointe Rhany Slimane. Le même qui s’évertue au « community organizing », comprenez la mobilisation collective visant à résoudre des problématiques individuelles sociales. « C’est tout de même une victoire politique pour nous, il y a eu beaucoup de bruit. On ne va pas s’arrêter, des grosses sessions de porte-à-porte auront lieu dans les quartiers prioritaires », poursuit-il.
« Michaël Delafosse représente une arnaque écologique et sociale »
Pour l’Insoumis, la solution est limpide : « il faudrait mobiliser des moyens massifs à l’image du recensement. Pour qu’une démocratie fonctionne, il faut de l’argent, sinon elle s’effondre. » Une plateforme ‘J’habite ici le vote ici’ a vu le jour, et regroupe des citoyens, des associatifs, des syndicalistes, des militants politiques… « Le travail qui est fait au sein du groupe MUPES révèle l’arnaque écologique et sociale que représente Michaël Delafosse, et ce n’est pas en plantant huit arbres sur la Comédie que l’on règlera le problème », juge-t-il. Le militant rebondit par ailleurs sur le divorce récent entre Coralie Mantion (notre article ici) EELV et la majorité de gauche. « Mieux vaut tard que jamais… », nous souffle-t-il un brin sarcastique.