Rhany Slimane, collaborateur politique du groupe d’opposition MUPES au conseil municipal de Montpellier et longtemps médiateur social, en fait son combat : désenclaver les quartiers prioritaires et redonner vie à l’égalité républicaine.
Vient le moment d’immortaliser le quartier Saint-Martin en photo. « Si l’on pouvait éviter de prendre le cliché ici, ce serait l’idéal », nous souffle le militant de gauche en frôlant la tour Saint-Martin. 18 étages construits en 1964 dans le quartier situé Près d’Arènes à Montpellier. Un colosse de béton devenu le QG du trafic de stupéfiants. L’édile montpelliérain applique-t-il une politique de gauche socialiste ? Tout bonnement « non » pour Rhany Slimane qui peine à y déceler un engagement écologiste d’avenir et dénonce un alignement sur la politique du « place nette » de Gérald Darmanin. « De pures actions de communication, juste après, tout revient à la normale », confie-t-il dépité.
« De pures actions de communication »
Longtemps médiateur social dans les Quartiers prioritaires de la Ville, dont la Paillade, Rhany Slimane a endossé la casquette de collaborateur parlementaire de l’ex-député LFI, Sébastien Rome. Le municipaliste, qui entend mettre le citoyen au centre des prises de décision, ne cesse de clamer haut et fort le manque d’investissement public de la municipalité à Saint-Martin. « Il n’y a qu’à comparer avec la ville « instagrammable », des mots de Michaël Delafosse lui-même, et surtout le centre-ville où l’on installe des jets d’eau et des arbres à un prix faramineux alors que d’autres quartiers étouffent », dénonce-t-il en sirotant son café dans la seule boulangerie ouverte.
« Michaël Delafosse se prétend de gauche »
Le quartier Saint-Martin, idéalement situé à proximité de la mer et de l’A9, est un ensemble à dimension humaine, un patchwork de bâtiments des années 60 et de nouvelles résidences modernes. « Certains bâtiments tombent en ruine, remettre un coup de peinture ne suffira pas », lance-t-il en pointant du doigt certains murs décrépis. Dans ce quartier mixte où les étudiants côtoient les retraités et les familles monoparentales, les logements peinent à cacher leur histoire. « Les constructions ont été faites pour accueillir les rapatriés d’Algérie. Les tours ne sont pas très hautes, mais allongées et cachent la même densité », expose Rhany Slimane. La ville et le bailleur social ACM ont lancé en mars 2024 un plan de 100M€ pour la rénovation thermique du parc social. Dans ces logements essentiellement sociaux, certains se plaignent de températures frôlant les « 26 degrés la nuit en pic de canicule », rapporte Rhany Slimane.
« On a bataillé pour deux dos d’âne »
Le bât blesse lorsqu’il s’agit d’aborder la sécurité, ou l’insécurité, c’est selon. Le quartier a, par le passé, été le théâtre de règlements de comptes liés au trafic de stupéfiants, le dernier datant de deux mois. « Ça s’est passé juste ici », pointe-t-il l’air grave à l’endroit de la petite galerie commerciale. « Il y avait auparavant un poste de police de proximité qui n’est plus. Il y a deux ans, j’en avais parlé au maire durant une réunion de quartier qui l’a balayé car jugé inefficace », narre-t-il. Contactée, la municipalité de Montpellier dit « porter une grande à attention à la tranquillité des habitants du quartier Saint Martin », au travers « d’un Groupe local de traitement de la délinquance, associant le parquet, la police nationale et la police municipale », et d’une « police municipale mobile déployée régulièrement ».
L’éternelle avenue Albert Dubout
Quant à la voirie, « les seuls investissements que l’on a vus dernièrement, ce sont deux dos d’ânes, et encore, on a bataillé ! », fustige Rhany Slimane. La ville de Montpellier fait alors valoir un aménagement : « Afin de sécuriser un axe considéré comme l’un des plus accidentogène du territoire, l’avenue Dubout a été apaisée et végétalisée avec 3 000 m2 de surfaces désimperméabilisées et 200 arbres plantés ». Une décision qui nourrit le combat du Collectif 4 Boulevards qui dénonce un report du trafic entrainant moult nuisances. Autre investissement clamé par la ville, la « création de quatre plateaux surélevés pour réduire la vitesse de circulation rue des Catalpas et rue Jean Vachet et participer également à la lutte contre les rodéos ».
Végétalisation, transports, sécurité…
En sillonnant les rues, une affiche nous interpelle, celle des horaires de bus desservant le quartier jusqu’au centre-ville. « Vous avez vu comme moi ? Il n’y en a qu’un seul par heure ! Quant à la cadence du tram, elle a été revue à la baisse. Voilà le revers de la médaille de la gratuité », s’insurge le collaborateur Mupes. La municipalité rétorque : « la ligne 15 de bus, très fréquentée par les habitants de Saint Martin a vu douze courses rajoutées aux heures de pointe ».
La ville de Montpellier a obtenu plus de 500M€ pour la rénovation urbaine des quartiers Mosson et Cévènnes. « Chaque année, le maire fait sa tournée des quartiers pour nous dire que tout va bien, or, pas un euro n’est injecté à Saint-Martin dans le cadre de l’ANRU », se désole Rhany Slimane. La municipalité oppose alors : « En ce qui concerne le quartier Saint Martin, marqué par de nombreuses copropriétés privées dégradées, la collectivité souhaite développer dans une prochaine phase de rénovation urbaine un projet d’ampleur et de qualité pour ce quartier emblématique de Montpellier ». Sans précision notable.
St Martin VS Arceaux
Montpellier a lancé l’opération « 50 000 arbres », un programme de plantation d’ici 2026. Le militant peine à en voir la couleur ici et déplore le manque d’îlots de fraicheur, si ce n’est un square desséché, « c’est à l’image de la ville qui n’est pas prête au changement climatique ». Et de prendre pour exemple le quartier des Arceaux un peu plus chouchouté, « vous voyez que c’est possible, quand on veut… »
Cette grève des Maisons de quartier
Quid du volet culturel ? « Contrairement à la Paillade où il y a beaucoup d’activités et d’équipements, et encore ce n’est pas assez, ici il n’y a rien », tranche le militant L’équipe municipale plaide alors un quartier « riche en animations socio-culturelles », en citant notamment « la Maison pour tous Escoutaïre, également centre social » et « les acteurs associatifs et institutionnels du secteur Saint-Martin-Tournezy » se réunissant au sein du « Réseau d’acteurs Prés d’Arènes ».
Et la municipalité d’enchérir : « la ville met à disposition des habitants du quartier St Martin plusieurs équipements sportifs », tels que « le boulodrome Albert Dubout, le gymnase Georges Busnel et le plateau sportif Près-d’Arènes Diderot ». Pour rappel, les ‘Maisons pour tous’ avaient entrepris une grève il y a un an, faisant le choix de boycotter l’Antigone des associations. « Dégradation des services aux populations, moyens qui diminuent sur le terrain, salaires qui stagnent », alarmait alors la CGT des fonctionnaires et agents territoriaux Mairie.
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