Sébastien Rome, ex-député LFI de la 4e circonscription de l’Hérault, a tenu un carnet de bord de ses périples qu’il a rendu publique sur X le 10 août dernier. Il y dévoile une journée type de déplacement entre Montpellier et Lodève lui valant 3h30 de route, autant que la distance… Montpellier-Paris.
« Chacun comprend que tant que l’on mettra 1h20 pour traverser Montpellier en Tram et 3h30 pour faire 54km, on choisira toujours la voiture… si on en a les moyens ! », s’insurge l’ex-parlementaire. Une démonstration qui fait suite au coup de colère du groupe MUPES au conseil communautaire du 9 juillet dernier (notre article ici). Le maire-président de la Métropole de Montpellier, Michaël Delafosse, a en effet adopté l’augmentation du prix des transports en commun pour les non-résidents de la Métropole de Montpellier. Une mesure renforçant selon l’opposition écologiste une “fracture territoriale” entre la Métropole et la ruralité héraultaise.
Labellisation SERM, hausse des tarifs
Julie Frêche, adjointe en charge des Mobilités a justifié : “Avec 38 % de hausse du coût de l’énergie, et même 50 % depuis 2022, toutes les grandes métropoles ont fait évoluer leur grille tarifaire. Une grande partie du coût du ticket est toujours financée par la Métropole.” Le maire-président à quant à lui rétorqué que “nous mettons en œuvre les recommandations de la Cour des Comptes.” Reste que la Métropole a reçu le label « Service express régional métropolitain » (Serm), visant à développer le réseau ferroviaire autour de la ville-centre (notre article ici), et que le conseil a enregistré dans le même temps des hausses de tarifs pour les non-métropolitains à partir du 1er septembre.
Un trajet de 45mn en voiture
Sébastien Rome livre donc à ses abonnés le déroulé de sa journée de transport Montpellier-Lodève, qui devrait prendre habituellement 45 minutes en voiture (54km). L’odyssée débute à Montpellier, plus précisément à l’arrêt Restanque de la ligne 4. « Le temps d’attente est de 8 minutes ce matin. Mais parfois, cela peut être plus long… Avec 8 minutes, on est quand même loin des 5 minutes de cadence standard pour une métropole », narre Sébastien Rome.
Changement à la gare Saint-Roch en raison des travaux
Le bus ligne régionale 661 est à 11h45 au nord de Montpellier, dans le quartier Mosson, au bout des lignes 1 et 3. « Je me dis qu’une heure pour traverser Montpellier en transport en commun, ça doit le faire… », songe l’intéressé. Le même doit faire un changement à la gare St Roch car, « du fait des travaux qui coupent la ligne 3, il y a un bus de remplacement ».
« Elle rigole »
Une fois sorti du tram, direction le bus sur le « Pont de Sète ». « Dans le bus, je demande un peu inquiet à la conductrice si je vais bien arriver à 11h45. Elle rigole et elle me dit qu’avec les bouchons qu’il y a Montpellier, même en été, on devrait arriver après. Je sais que je vais devoir prendre mon mal en patience… », confie Sébastien Rome. La jonction faite entre le bus et le tram 3, l’instituteur de profession remonte dans le tram pour aller à Mosson. Il est 11h50. « Les trams sont gratuits mais pas pour moi ! Les ruraux paient pour les urbains 2 fois. Le ticket (augmenté) & le versement mobilité s’ils travaillent dans la métropole », s’offusque l’intéressé.
« Les trams sont gratuits mais pas pour moi ! »
Arrivé à Mosson, où les bus régionaux vers le nord ouest de Montpellier partent tous de là, Sébastien Rome fait un constat. « Ce qui est moins bien, c’est le manque d’ombres, d’arbres, d’un lieu pour boire (fontaine ou un café !). Pas agréable. » Le bus suivant est à 12h40, entrainant 35 minutes d’attente. « Le problème, c’est que le bus ne va pas à Lodève mais à Clermont l’Hérault où je dois faire un changement pour Lodève. Le prochain bus direct (sic) était pour 15h15 », abonde-t-il.
Correspondance manquée
Le même de poursuivre : « Juste avant de se garer à Clermont, le bus marque une pause pour laisser un autre bus partir. Ils échangent quelques mots. Là, une dizaine de personnes s’agitent et disent leur mécontentement. Leur correspondance pour Pézenas vient de partir. Dans le bus, il n’y a que des gens qui ont le temps, lycéens, retraités mais surtout des pauvres. Le trajet est à 2€ mais le service est contraint. Une femme dit qu’elle a raté son rendez-vous (médical ? emploi ?). Être pauvre, c’est dépendre du temps des autres. » Le bus repart ensuite Lodève, l’arrivé sonne à 14h15. Sébastien Rome vient d’endurer un trajet de 3h30 tout mode compris, l’équivalent de la distance Paris-Montpellier. « Faire de la politique, c’est s’occuper de choses comme ça », conclut-il amer.