Perquisition à la mairie de Montpellier, Dominique Mendez, secrétaire générale adjointe du syndicat Force Ouvrière Ville, réclame des comptes et met en doute les chiffres communiqués par la mairie.
Le jeudi 14 novembre dernier, la police judiciaire menait une perquisition à la mairie de Montpellier suite à la publication d’un rapport de la Chambre régionale des comptes. Deux enquêtes préliminaires ont été ouvertes et des documents ont été saisis pour « soupçons d’emplois fictifs » et « détournement de fonds ». La CRC pointe 297 agents sans affectation. La seconde enquête concerne la rémunération de l’ancien directeur de cabinet du maire. Rencontre avec Dominique Mendez.
InfOccitanie : Quel regard portez-vous sur cette affaire ?
Dominique Mendez : J’aimerais en préambule préciser que FO Ville est un syndicat libre et indépendant. Notre neutralité est remise en question par d’autres organisations syndicales, en attendant, aucun des permanents syndicaux n’est inscrit sur une liste électorale, nous habitons et votons hors de la métropole. Nous demandons simplement des comptes sur l’utilisation de l’argent public. Quand on a lu les articles de presse, nos poils se sont hérissés, le coup du « c’est pas moi, c’est l’autre », c’est monnaie courant chez les politiques…
Selon un communiqué publié sur le site de la ville, le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, indique que le rapport de la CRC concerne « la période 2015 à 2021 et donc la gestion de la mandature précédente ». Une façon de se déresponsabiliser selon vous ?
DM : Si la brigade financière est intervenue en grande pompe avec autorisation du parquet, un jour de grosse affluence à la mairie, ce n’est pas parce qu’elle s’ennuyait mais bien parce qu’il y avait des éléments douteux. Si Philippe Saurel a fauté sous son mandat, alors la justice le déterminera. Ce qui est certain, c’est que les chiffres communiqués par la Ville (lire ici), nous n’y croyons pas. Nous analysons finement le Rapport social unique (Le RSU est une obligation, présenté par l’exécutif aux membres du Comité social territorial pour renforcer la lisibilité de l’emploi public territorial, ndlr). Depuis 2020, l’effectif physique théorique et l’effectif physique enregistre un différentiel autour de 250 agents. Concernant la suspicion de détournement de fonds publics, il s’agit bien de son ancien directeur de cabinet, pas de celui du mandat précèdent…
Le personnel de la Ville est le gros perdant de cette histoire selon vous ?
DM : On parle d’agents consignés à la maison, c’est psychologiquement très dur pour eux. On accompagne deux agents pour lesquels on a peur du passage à l’acte… Les agents inaptes en raison de l’usure professionnelle, un mal de dos par exemple, doivent être reclassés, accompagnés, or rien n’est fait par la Ville. Les fonctionnaires sont en souffrance, ce ne sont pas des fainéants !
Dans le même temps, vous dénoncez certains recrutements injustifiés.
DM : La ville poursuit des recrutements alors que ses agents ne sont même pas recasés ! Le nouveau cabinet a privatisé les cuisines centrales, or des agents auraient pu y être affectés. Ce sont des victimes, privées d’emploi et sans proposition convenable. Quant aux cadres supérieurs, il y a quelquefois deux salaires pour un même poste, cela s’est passé à la direction du protocole ou des relations internationales. On a vu arriver des cadres de Lyon et d’autres villes, alors que des cadres étaient déjà consignés. Depuis l’élection du maire en 2020, la masse salariale de la mairie a augmenté de presque 12 millions en un an, c’est vous dire.
Le maire déclare avoir initié depuis 2022 « un travail de fond visant à faire évoluer et fluidifier » les « dispositifs d’accompagnement », notamment « pour permettre aux agents en usure professionnelle des secondes carrières ». Qu’en pensez-vous ?
DM : C’est faux, ce qui apparait sur le papier est diffèrent de la réalité. Les agents ne sont pas accompagnés. Un des agents se retrouve aujourd’hui dans un bureau à compter les envelopper pour 2026… On lui fait faire des tâches subalternes, cela peut détruire psychologiquement. Ceux inaptes au regard de la pyramide des âges doivent être orientés vers un autre projet. Des dispositifs d’accompagnement RH et formation ont été mis en place, mais ils remontent au Comité technique du 9 octobre 2018, sous le mandat de Philippe Saurel donc.
Concernant l’ancien directeur de cabinet, Grégory Bozonnet, la CRC précise qu’il aurait perçu 22 224 euros bruts annuels de plus que le plafond légal, justifié par des missions supplémentaires assimilées à celles d’un directeur général des services (DGS). Quelle position tient FO à ce sujet ?
DM : Le maire justifie cela par ses missions sur la résorption des bidonvilles notamment, mais ce sont des missions classiques d’un directeur de cabinet ! En 4 ans et demi, nous n’avons jamais obtenu de réponses à nos courriers pour plus de lisibilité. On a dénoncé à plusieurs reprises le cumul d’activités de monsieur Olivier Nys également (Directeur général des services Ville et Métropole, ndlr), de 15%, relative à sa rémunération totale mutualisée. Ce poste ne devrait pas être occupé par une seule personne.
Vous levez votre bouclier contre l’indemnité de résidence, pour quelle raison ?
DM : Pour vous dire, la prime de résidence à laquelle a droit un fonctionnaire à la Ville tourne autour de 15 euros en moyenne par mois, cela dépend des salaires. Pour monsieur Nys, elle est de 717 euros… Comment est-ce possible alors même qu’il dispose déjà d’un logement de fonction très bien situé ? Si c’est légal, alors que le cabinet nous le démontre.
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