Entretien avec Philippe Saurel, ancien maire de Montpellier, conseiller communautaire et municipal du groupe « Montpellier Citoyens ».
InfOccitanie : vous dénoncez la gestion financière « calamiteuse » de la Ville de Montpellier et de la Métropole. Que reprochez-vous à la majorité ?
Philippe Saurel : tout d’abord, contrairement aux promesses de campagne de l’équipe actuelle, les taxes TEOM (redevance d’enlèvement des ordures ménagères, ndlr) et Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations, ndlr) ont augmenté. Il y a eu par ailleurs une série d’emprunts qui s’élèveraient aux alentours de 3 milliards d’euros à taux variable. Ce n’est pas une paille, c’est ce que la France a donné à l’Ukraine. C’est un chiffre démesuré pour une ville et une métropole de notre strate. J’ai alerté de la ligne rouge que constituent le niveau d’endettement et le niveau d’emprunts auprès du préfet de Région, de la présidente de la Chambre régionale des comptes ainsi que du Procureur de la République (notre article ici).
Dans quel état avez-vous laissé les finances à votre départ de la présidence de la Métropole et de la Ville ?
Nous avions laissé 600 millions d’euros de trésorerie, ce n’est pas rien. Les caisses étaient relativement pleines. Cela a permis visiblement de faire autant d’emprunts, dans la mesure où l’Etat n’a pas maintenu le pacte de Cahors dédié à la maîtrise des dépenses publiques, comme c’était le cas durant mon mandat.
En quoi consiste ce pacte ?
Pendant trois ans, nous avions eu un contrôle de nos finances extrêmement rigide de l’Etat et de la Chambre régionale des comptes, accordant un petit pourcentage d’augmentation des dépenses de fonctionnement. A partir de 2020, les collectivités n’ont plus eu à se soumettre à ces contrôles, elles n’ont donc pas lésiné. Cela se voit au niveau d’endettement. Rapporté aux recettes de fonctionnement, il est de 98,4% à la Métropole et de 98,5% à la ville. 6,4 millions d’euros du budget de la ville ont été versés à la Métropole pour éviter qu’elle ne passe la barre fatidique des 100%, au-delà de laquelle la procédure de mise sous tutelle s’enclenche.
Quelles sont les conséquences d’une mise sous tutelle ?
Elle se déclenche lorsque l’endettement est supérieur aux recettes de fonctionnement. Je rappelle qu’en comptabilité publique, nous n’avons pas le droit d’emprunter pour le fonctionnement (exemple, salaire des employés municipaux, ndlr), mais uniquement pour de l’investissement. Nous sommes à 0,5% de la mise sous tutelle, qui impliquerait que les comptes soient pris en main par l’Etat et que tous les moyens pour combler le trou soient utilisables, notamment l’augmentation des impôts. Je rappelle que depuis la suppression de la taxe d’habitation, les leviers fiscaux des communes sont restreints.
Des investissements conséquents ont été réalisés par la Ville et la Métropole dans le cadre des déplacements, de l’activité économique, des risques liés au climat. Ne reconnaissez-vous pas ici le choix d’une politique très volontariste ?
Je raisonne en tant que fils d’instituteur. Il s’agit de faire des investissements compatibles avec les finances de la Ville et sa capacité de remboursement. La banque ne nous prête pas d’argent pour acheter une voiture si l’endettement est trop important pour notre salaire. Ici, c’est pareil. Nous sommes sur 13 ans d’endettement environ alors que nous étions à 3 ans lorsque nous avions laissé la ville. L’actuelle majorité est en train d’endetter la ville pour 30 à 50 ans. Les marges de manœuvre seront extrêmement limitées.
Ralentissement de la croissance, inflation, choc énergétique, niveau élevé des taux d’intérêt, ces aléas ne justifient-ils pas selon vous le niveau de la dette ?
La majorité a depuis longtemps une méthode classique, celle de dire : « ce n’est pas ma faute, c’est la faute des autres ». Les emprunts, ce n’est pas Michel Barnier (Premier ministre, ndlr) qui les a contractés…
Suite aux annonces des coupes budgétaires prévues par le gouvernement Barnier dans le cadre du projet de loi de Finances 2025, un effort budgétaire de cinq milliards d’euros est demandé aux collectivités locales. La Métropole va devoir faire avec 13 millions d’euros de moins dans son budget, ce sera huit millions d’euros en moins pour la mairie de Montpellier. Quel regard portez-vous sur ces annonces ?
Depuis le début du mandat, nous sommes conscients des circonstances nationales. Nous demandions à ce que, dans le budget de la ville, soit prévues les dépenses possibles liées à la remise en état des finances nationales. Nous les avons avertis à chaque budget, afin de mettre de l’argent de côté si l’Etat venait à réclamer un comblement des comptes nationaux… C’est exactement ce qu’il se passe.
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