Le directeur opérationnel de Vinci Autoroutes, en charge du COM, Contournement Ouest de Montpellier, revient sur les enjeux, le calendrier et les oppositions.
La parole franche et l’expertise pointue d’un ingénieur de longue date. Dans son bureau à Mauguio, Salvador Nuñez balaie les oppositions qu’il juge non constructives, voire biaisées. Le directeur est conscient que le projet qu’il mène de front depuis trois ans est volontiers « politisé ». Il n’en démord pas, le COM est non seulement nécessaire, mais « indispensable » pour les habitants et les usagers. Aux élus écologistes qui hurlent au « climaticide », Salvador Nuñez rétorque : « Mon travail s’arrête là où la politique commence, sinon je ne serais pas ingénieur ». Le directeur constate deux visions différentes de ce que doit être l’aménagement d’un territoire. « Si l’on avait l’impression une seconde que ce que l’on faisait était ‘climaticide’, on aurait déjà tout arrêté », précise-t-il au sujet du Contournement ouest de Montpellier déclaré d’utilité publique en septembre 2021.
Le COM permettra de relier les autoroutes A709 et A750, et d’assurer une meilleure desserte de la zone urbaine de Montpellier depuis l’Ouest. Il consiste à réaménager en 2×2 voies, l’axe existant constitué de routes métropolitaines : RM132, RM132E2, RM612, RN109 et de carrefours giratoires, insuffisamment dimensionnées. D’une longueur de 6,2 km, le projet prévoit le réaménagement de l’échangeur avec l’A750 – RN109 au Nord, la création d’un nouvel échangeur autoroutier avec l’A709 au Sud et la modification des carrefours intermédiaires. Trois communes sont concernées : Juvignac, Montpellier et Saint-Jean-de-Védas. Quatre ouvrages d’art majeurs seront construits.
Un projet visant à décongestionner le trafic « excessivement chargé depuis quinze ans » sur l’itinéraire actuel du COM qui compte 25.000 véhicules par jour, mais également sur l’Avenue de la liberté qui en recense 45.000. Le COM se distingue d’autres contournements classiques sur deux caractéristiques. D’une part, il s’inscrit sur un réseau routier existant, élargi pour être aménagé en 2×2 voies. « C’est d’autant plus nécessaire que le COM va accueillir le trafic routier qui passait par cet itinéraire, mais également celui qui transite par l’Avenue de la liberté », détaille le directeur opérationnel. Un « projet très attendu depuis longtemps », en lien avec les collectivités associées, dont la métropole de Montpellier, et les communes de Juvignac et Saint-Jean-de-Védas. L’autre particularité : la route ainsi créée sera à usage multiple puisque les bus pourront circuler sur la bande d’arrêt d’urgence. Les usagers pourront par exemple sortir au niveau du rondpoint de Gennevaux pour emprunter le tram. « Nous allons générer des connexions entre la route et les autres systèmes de mobilité mis en œuvre par la Métropole », poursuit Salvador Nuñez.
« Au nom et pour le compte de l’Etat »
Coût du projet ? « 270M€ valeur 2021 », répond notre hôte. L’infrastructure ainsi réaménagée, entièrement sous financement ASF (Autoroutes du sud de la France), est gratuite. Reste que les usagers participeront indirectement au financement via le péage. « C’est comme cela que l’on construit tous nos projets, le code de la voirie routière donne cette possibilité », souligne le directeur. ASF, maître d’ouvrage, œuvre au nom et pour le compte de l’Etat. « Ce n’est pas un acteur privé qui fait n’importe quoi comme certains disent », clarifie le directeur opérationnel. Une enquête parcellaire aura lieu entre le 15 avril et début mai prochains, afin d’identifier le foncier à acquérir en vue des travaux. L’enquête environnementale est programmée à l’automne. « On devrait bénéficier de la dérogation du préfet soit avant l’été 2025, soit après. Les travaux devront durer trois ans, ce qui nous amènerait à 2029 », détaille-t-il. A noter, le COM impactera 65 hectares. En parallèle, ASF devra acquérir pour donner « 150 à 250 hectares », au titre de la compensation écologique.
Aux détracteurs, Salvador Nuñez tient tête : « Je ne vois pas un autre projet qui puisse répondre aux besoins, qui permette d’apaiser les habitants des quartiers Ouest de Montpellier et diminuer la pollution substantielle. » Il rappelle qu’un sondage IPSOS a été mené deux ans de suite auprès des habitants de ces quartiers. « Huit personnes sur dix sont favorables au COM, je n’ai jamais eu un projet avec autant d’adhésion », souligne-t-il. Et de poursuivre : « En tant qu’expert en matière de transport, je suis convaincu de ce projet ». Shifters (association qui œuvre pour décarboner l’économie), déplore que l’étude d’impact environnemental du projet n’inclut pas le « trafic induit ». Selon le rapport de l’association, le projet ne permettrait pas de diminuer la pollution, mais de l’aggraver. Pour résumer, plus il y a de routes, plus on roule. Salvador Nuñez précise les avoir reçus dans son bureau dans le cadre d’un échange. « Ce sont des balivernes. Quand on fait une étude, on ne regarde pas qu’un seul axe, mais tout ce qu’il y a autour, comme l’Avenue de la Liberté et le report de trafic ». Le même de fustiger des méthodes de calcul en dehors des règles prescrites par le Cerema, centre national d’expertise scientifique. Le conseiller métropolitain Manu Reynaud (EELV), va jusqu’à proposer, à la place du COM qu’il qualifie de « méga autoroute urbaine », deux boulevards urbains limités à 70 km/h, avec voies réservées aux bus et au covoiturage. « La seule réponse que je puisse vous donner, c’est que si quelqu’un a quelque chose à dire, qu’il s’adresse au Ministre, et certainement pas à Vinci Autoroutes ou moi-même. Revisiter le projet, c’était ce qu’il fallait faire lors de l’enquête publique », tranche Salvador Nuñez.