À Gigean, dans l’Hérault, Ricardo Ribeiro, jeune homme de 28 ans, a décidé de créer le projet « Plein Air et Pastoureau », une ferme pas comme les autres, dans laquelle sont accueillis et cohabitent des animaux maltraités et des enfants abîmés par la vie.
Issus de l’immigration portugaise, Ricardo Ribeiro et sa famille sont arrivés en France il y a 13 ans. Pendant son adolescence, Ricardo est passé par la DASS à plusieurs reprises avant d’être placé, à 16 ans, dans la famille de sa petite amie de l’époque, qui deviendra par la suite son épouse. Par la suite, la famille s’est installée sur un Mas de 2 hectares sur la commune de Gigean.
Les animaux comme point d’accroche
Jeune, Ricardo explique avoir « toujours eu des problèmes avec les adultes et les humains en général, car j’étais quelqu’un de très agressif et méchant. Mon refuge à moi c’étaient les animaux, j’étais bien avec eux, ils me canalisaient ». Son amour pour les bêtes couplé à son vécu ont amené le jeune père de famille à tendre la main à des jeunes placés à l’aide sociale à l’enfance en les accueillant au sein de sa ferme pour les aider à avancer, ainsi qu’à venir en aide à des animaux maltraités, abandonnés ou menacés d’abattage. « On a commencé par trois chèvres et petit à petit j’ai récupéré des animaux à droite à gauche, dans des caves, des camping-cars, partout, que ce soit des poules, des canards, des oies ou des chiens », raconte Ricardo.
« Donner envie aux jeunes d’avancer«
« Je ne souhaite pas être un modèle pour quelqu’un, mais peut-être aider à avoir le déclic pour déclencher quelque chose », livre-t-il. Son passé difficile et son vécu particulier, Ricardo s’en est servi comme force et l’ont motivé à créer ce projet afin d’aider certains jeunes « à voir plus clair dans leur tête » et leur donner envie d’avancer.
Comme je leur dis souvent, on est pas moins que les autres, bien au contraire, on a même une force supplémentaire avec tout ce que l’on a vécu, on est resté debout. Maintenant, on doit avancer, regarder devant nous et se servir du mal qui nous est arrivé pour affronter les épreuves de la vie d’une façon plus dure. On doit faire nos preuves deux fois plus que les autres.
Ricardo Ribeiro, créateur de « Plein Air et Pastoureau »
C’est à l’aide de son ancienne éducatrice, qui l’accompagnait quand il était en foyer, que le jeune portugais a mis en place ce « sanctuaire de la seconde chance », comme il l’appelle. « On a commencé par héberger une première jeune fille de 12 ans qui était dans un réseau de prostitution depuis l’âge de 11 ans. On a réussi à la sauver et à la garder six mois chez nous », se remémore l’homme. De fil en aiguille, Ricardo a réussi à convaincre davantage d’institutions de collaborer avec lui afin qu’il puisse proposer aux enfants divers ateliers dans la nature et en compagnie des animaux. En racontant à ces jeunes chaque histoire de chaque animal qu’il a sauvé, Ricardo souhaite leur transmettre un message d’espoir : « si l’animal a réussi à s’en sortir, eux aussi le peuvent ».
« La plupart des enfants qui passent par la DASS finissent soit SDF soit en prison », déplore Ricardo. Avec Plein Air et Pastoureau, il souhaite donner envie à ses enfants de croire en leurs rêves et leur offrir une seconde chance. « Je souhaite dire à ses enfants que « vous avez fait des conneries, ce n’est pas grave, maintenant, il faut se ressaisir, vous n’êtes pas seul et on vous comprend », livre Ricardo.
Moi je n’étais destiné à cette vie-là. J’étais destiné à reproduire les conneries de nos anciens, comme beaucoup de jeunes qui sont passés par là. J’ai essayé de prendre ma vie en main et je veux transmettre cette rage et cette envie aux générations futures afin d’essayer d’avoir une meilleure société.
Ricardo Ribeiro, créateur de « Plein Air et Pastoureau »
Un lieu de cohabitation
Aujourd’hui, cinq jeunes, âgés entre 13 et 21 ans, ainsi que 15 animaux cohabitent au sein de la ferme « Plein Air et Pastoureau ». Le refuge propose de nombreux ateliers tournés vers les animaux et la nature, que ce soit des soins, des balades, confectionner du pain, du beurre ou encore des savons à base de lait de chèvre à l’aide de produits provenant d’autres fermes. Ces activités permettent à Ricardo de pouvoir créer un lien de confiance avec les enfants. « Il n’y a pas de tabou, de honte ou de regard de pitié, d’un côté comme de l’autre. Grâce à cela, j’ai réussi à débloquer certains enfants, sur des faits graves », précise Ricardo lorsqu’il explique le but de sa démarche auprès de ces jeunes. Chaque ado hébergé à la ferme possède son propre studio indépendant, situé au-dessus de la maison familiale, d’une surface de 20 à 30m² et équipé d’une chambre, d’une cuisine et d’une salle de bain privative. « On passe beaucoup de temps en collectif, mais cet endroit leur permet d’avoir un petit coin à eux, leur petit chez soi où ils se sentent en sécurité », décrit-il. A l’avenir, Ricardo souhaite que ce lieu de vie et d’accueil soit en capacité d’héberger à l’année entre cinq et sept jeunes. Actuellement, deux jeunes sont logés à l’année au sein de la ferme.
Dans le futur, j’aimerais accueillir le plus d’enfants possibles dans différentes situations possibles afin de faire passer le flambeau et faire passer mes valeurs. Les valeurs dans la vie sont essentielles. Tu ne peux pas vivre en société sans avoir de valeurs. Je ne veux pas changer leur façon de penser, mais peut-être rajouter ma petite pierre à l’édifice et essayer de leur faire comprendre que le plus important, ce sont les valeurs et pas de savoir qui est le plus méchant ou le plus dur.
Ricardo Ribeiro, créateur de « Plein Air et Pastoureau »
Aujourd’hui, Ricardo et sa famille sont à la recherche d’une personne pouvant les aider à s’occuper et à sortir leur troupeau d’animaux pendant quelques heures. Ricardo est joignable sur sa page Facebook ICI.