Les forces vives de l’association HumaNîmes œuvrent sans relâche au cœur des quartiers nîmois avec un seul but : renforcer le vivre ensemble. Rencontre avec son président, Ahmed El Hanbali.

L’émotion est palpable. En déambulant dans la rue, le président d’HumaNîmes ne s’attendait pas à ce geste généreux. « J’aimerais faire un don à l’asso’ ! », lui lance un homme qui a longtemps été dans le giron de la structure HumaNîmes. Désormais à la tête de sa société florissante et chapeautant quelques salariés, ce dernier n’hésite pas à rendre la pareille, alors même que personne n’avait parié « un centime sur lui », l’affublant de « racaille » comme nous le conte Ahmed El Hanbali.

5 pôles, 100 bénévoles, 8 salariés

« C’est ce genre d’anecdote qui nous permet de tenir dans les moments d’impuissance, où l’on a l’impression d’éteindre un incendie avec un arrosoir », livre le président de 47 printemps. L’allégorie est bien choisie, « dans chaque caillou, il y a un diamant caché ». Aux côtés de son équipe de bénévoles, Ahmed El Hanbali se mue alors en tailleur de pierres, au service des 16 000 habitants que compte l’ensemble Pissevin et Valdegour. Un petit « Bagnols-sur-Cèze » niché en plein cœur de la capitale gardoise. Plus que cela, l’association multiplie les évènements dans les quartiers voisins : Chemin Bas, Mas de Mingue, centre-ville, et même en dehors de Nîmes. HumaNîmes fédère, tisse des liens entre les acteurs associatifs, institutionnels et la population. Un relai démocratique précieux pour les élus politiques qui s’en saisissent.

Quid de la rénovation urbaine ?

Las de lire les parutions presse en cascade sur les tirs et autres trafics juteux, Ahmed El Hanbali valorise le contingent d’âmes engagées qui n’apparaissent pas suffisamment dans les gros titres. « Quand je me balade sur les terrains, je ne vois que des animateurs motivés, des bénévoles et des médiateurs qui font tout ce qu’ils peuvent pour renouer le dialogue », narre-t-il. Dans un monde « individualiste », HumaNîmes construit des ponts au lieu de bâtir des murs. La rénovation urbaine ? Le président ne peut qu’approuver les montants colossaux affectés à Nîmes dans le cadre de l’ANRU, tout en pointant un besoin impérieux de renforcer la participation des habitants lors des prises de décisions.

« C’est bien de réhabiliter, je ne dis pas détruire, mais il faut accompagner les habitants, conserver les commerces présents depuis tellement longtemps », pointe Ahmed El Hanbali. Sans compter le déracinement de ceux qui ont construit leur identité à travers ces tours de béton dynamitées. « Certains ne sont pas prêts à déménager, ici, c’est chez eux », souligne le président, conscient que l’on « ne gère pas que du bâti, mais aussi et surtout de l’humain »… Qui dit humain, dit besoin d’écoute, de médecins, de lien social, d’aide scolaire, d’aide à l’entrepreneuriat, plus que d’une dalle réaménagée.

« Certains ne veulent pas déménager, c’est chez eux« 

A l’origine du projet ? Une bande d’amis désireux que les jeunes des quartiers deviennent « acteurs et non plus spectateurs de leur vie ». Au fur et à mesure, le noyau s’est élargi aux secteurs social, culturel, de l’entreprise, avec un bureau riche d’horizons variés. Huit salariés et une centaine de bénévoles gravitent autour de plusieurs pôles : humanitaire, culturel, médiation, jeunesse…. Les associations permettent d’occuper les jeunes avec des « activités positives » plutôt que de succomber aux sirènes envoûtantes de la rue. Tournoi de foot, voyage, journée de cohésion, atelier scolaire, accueil de loisirs, l’éventail d’activités est large. Ahmed El Hanbali est conscient de l’appui des collectivités et des élus locaux qui le soutiennent.

Des médiateurs au plus proche de la jeunesse

L’une des dernières actions ? Le projet Anim’médiations qui voit quatre médiateurs sillonner les parvis des collèges, lycées, quartiers, pour faire le relais auprès des institutions. Une action portée conjointement par l’Ufolep Gard, l’Association Samuel Vincent et l’association HumaNîmes, chapeautée par cette dernière. « Plus de 8000 jeunes rencontrés sur les parvis des collèges et lycées en quatre mois d’activité ! », se réjouissait Amal Couvreur, vice-présidente au Conseil départemental du Gard, en charge de la politique de la Ville et instigatrice du dispositif.

« La dernière fois, une réunion s’est mal passée à la Mission locale, nous sommes intervenus avec le jeune pour comprendre et dénouer la situation », illustre le président. Récemment, HumaNîmes a acquis le Cube, un bâtiment de 500m² dont 100m² loués aux agents de la société de nettoyage Océan. Une radio associative pourrait bien un jour y éclore…

« Les jeunes ont fini par créer un groupe WhatsApp ! »

Sortir du quartier, de cette bulle bétonnée, pour renaitre le temps d’un instant. Voilà tout l’enjeu des séjours inter-quartiers. Lors d’un périple au ski dans les Pyrénées, les jeunes ont éclipsé un moment leur « sentiment d’appartenance » pour faire communion. « Au début, c’était tendu dans le bus, personne ne parlait. Au fur et à mesure, les jeunes ont discuté et ont fini par créer un groupe WhatsApp ! », narre avec le sourire Ahmed El Hanbali. La magie des voyages.

Les temps ont, certes, changé, les jeux en pleine nature avec vélos ont laissé place aux squats en bas des tours, appâtés par les dealeurs. « Le monde change, faisons en sorte de leur mettre entre les mains des choses positives, constructives, pour les occuper et les aider à grandir », conclut le bénévole au grand cœur.