Le chef du PCF Gard a tenu un point presse ce lundi 15 juillet à Nîmes. Objectif de la gauche ? Trouver un candidat pour Matignon d’ici le 18 juillet.

Les professeurs ont la fibre militante. Après l’enseignant d’histoire géographie en la personne de Vincent Bouget, au tour de Saliha Boussedra, professeure de philosophie au lycée Philippe Lamour, nîmoise depuis un an, de s’engager sur les terres communistes gardoises. A leur retour du Conseil national, les deux communistes ont évoqué la désignation du Premier ministre et les projections. La gauche devra choisir un candidat d’ici le 18 juillet, lors de l’ouverture de la nouvelle législature.

Olivier Faure ou rien ?

Face au clivage de la société française, qui épouse de plus en plus une polarité à l’américaine, Vincent Bouget entend « élargir le front populaire à tous ceux qui le souhaitent ». Celui-même qui a dépassé le « cartel politique » pour fédérer « syndicats, associations et citoyens ». Un exercice d’équilibriste s’engage pour sortir du chapeau un candidat consensuel à poser sur le fauteuil de Premier ministre. Huguette Bello, présidente du conseil régional de La Réunion, féministe, militante anti-raciste, proposée par les communistes, adoubée par insoumis et écologistes, a été balayée d’un revers de main par les socialistes. Ces derniers semblent n’avoir d’yeux que pour leur patron, Olivier Faure…

« Il semble qu’elle était trop à gauche »

« Elle semblait pourtant cocher beaucoup de cases », selon Vincent Bouget. Pour quelles raisons a-t-elle donc été éjectée ? « Il semble qu’elle était trop à gauche », souffle la professeure de philosophie qui rend hommage à la stature de « femme respectée » sur les bancs de l’Assemblée nationale. Vincent Bouget abonde de sa théorie : « ils estiment qu’un Premier ministre socialiste serait à même de créer des ponts avec les autres partis… » Haussement de sourcils de l’intéressé. Reste que la femme « d’autorité morale des outre-mer » a finalement décliné la proposition, constatant les éclaboussures.

« Le système de la 5e République est à bout de souffle »

Les coups de semonce se multiplient entre LFI et le PS. Une gageure s’annonce au Parlement. Le vice-président du Conseil départemental du Gard reconnait les difficultés à venir du NFP, mais entend « empêcher l’ancienne majorité présidentielle de continuer à se maintenir au pouvoir sans être légitime ». Les appareils politiques vont bon train, jusqu’aux alliances saugrenues. Et Saliha Boussedra de fustiger les supposées discussions entre Yaël Braun-Pivet, ancienne présidente de l’Assemblée nationale et le RN…

« Le SMIC, on l’augmente pas décret »

L’élu communautaire martèle la responsabilité des élus locaux LR ayant refusé de se mouiller dans l’entre-deux tours des législatives, favorisant ainsi la percée du RN. « C’est là que c’est difficile, il ne faut rien lâcher de l’ambition programmatique, et en même temps trouver quelqu’un qui parle à tout le monde », reconnait Saliha Boussedra. Un accord sera-t-il trouvé sur le SMIC ? « Le SMIC, on l’augmente par décret, ce n’est pas une loi. Quant à la loi de programmation pour l’hôpital public, impliquant des fonds publics, qui va voter contre ? », questionne Vincent Bouget. Pour ce dernier, il est clair que « le système de la 5e République est à bout de souffle, il faut une constituante ». Le 18 juillet, la Fédération CGT des cheminots appelle ses syndicats à organiser des rassemblements partout en France et à proximité de l’Assemblée nationale à Paris.

« Pas sûr que j’aurais gagné »

Pourquoi donc Vincent Bouget n’est-il pas parti au front lors des législatives ? Sa candidature aurait-elle changé la donne des six députés gardois RN sur six ? « J’ai toujours pris mes responsabilités. En 2020, alors que je pars en campagne (élections municipales nîmoises, ndlr), je me demande si on sera remboursés de nos frais. Je n’ai pas peur de perdre des élections », justifie l’élu. Pour autant, « les élections législatives sont une discussion à l’échelle nationale et se calculent en fonction des poids politiques de chacun. Le poids des communistes était affaibli. Nous avions 50 circonscriptions en France, 15 étaient gagnables. » Et de prendre l’exemple du député RN-Ciotti, Alexandre Allegret-Pilot, qui rafle la mise dans la 5e circonscription, face au député LFI sortant Michel Sala. « Pourtant, il débarque de Haute-Savoie, il ne connait pas le terrain, le vote a été très politique… », tranche Vincent Bouget.