Entretien politique : Isabelle Perrein peut-elle décrocher la mairie de Montpellier en 2026 ?

Isabelle Perrein, notaire de profession, est, pour l'heure, la seule candidate déclarée pour les municipales 2026 à Montpellier. Rencontre.
© Linda Mansouri / InfOccitanie. Isabelle Perrein, candidate en 2026 à Montpellier; .

InfOccitanie : Vous insistez sur le fait d’être issue de la société civile, une carte dans votre manche à l’heure où les citoyens ont de moins en moins confiance en la politique ?

Isabelle Perrein : Je suis réellement proche des électeurs, je suis une habitante de Montpellier et cheffe d’entreprise. Je vis le même quotidien que les électeurs montpelliérains et métropolitains. Mon engagement est né de certains constats lors de mes échanges. Quand un combat me semble nécessaire, je le porte avec conviction.

InfOccitanie : A contrario, votre manque d’expérience dans la vie politique montpelliéraine peut-il être un handicap en 2026 ?

Isabelle Perrein : La classe aux affaires aujourd’hui est présente pour servir uniquement sa carrière politique. C’est le cas de Monsieur Delafosse selon moi. L’image renvoyée aux concitoyens est particulièrement détestable. Quelque chose est ancrée en moi, de par ma profession, c’est de servir l’intérêt général des Montpelliérains, faire de la politique au sens premier du terme, servir la cité. Je suis d’autant plus légitime dans cette action que je n’ai jamais été encartée dans un quelconque parti politique. J’entends bien combattre les petits arrangements entre amis dans cette ville…

InfOccitanie : La sécurité est un cheval de bataille pour vous en 2026, un thème généralement confisqué par la droite… Où vous situez-vous sur l’échiquier politique ?

Isabelle Perrein : Pour faire une bonne politique de la Ville, il ne faut être ni de droite, ni de gauche. Il faut avant tout avoir du bon sens, sans dogmatisme et sans tabou. Je ne me retrouve pas dans l’image de la politique renvoyée aujourd’hui. Je suis profondément humaniste et libérale. La sécurité n’est pas forcément un sujet de droit, mais transpartisan. Chez nous, des gens de tous les horizons veulent œuvrer pour la ville. Le seul parti politique avec lequel ne je transige pas, c’est l’extrême gauche, soit LFI.

InfOccitanie : Votre engagement a vu le jour sous la forme d’une association « Alerte Montpellier », aux travers d’un groupe sur Facebook notamment. Comment s’organise votre militantisme aujourd’hui en vue de 2026 ?

Isabelle Perrein : Alerte Montpellier avait pour but de dénoncer les dysfonctionnements observés dans la ville de Montpellier. Je suis Montpellieraine de cœur et d’adoption, ici depuis 1991. Nous sommes passés de Montpellier la sur-douée à Montpellier la sous-douée. Avec moi, ce sera Montpellier l’audacieuse. 500 personnes ont adhéré à notre mouvement Aimer Montpellier, qui réunit des référents dans chaque quartier montpelliérain. On fait beaucoup de réunions d’appartement, de visites dans les marchés. Nous nourrissons des échanges pour construire un programme. Je suis sur le terrain 7j/7 !

InfOccitanie : Votre portrait s’affiche en grand sur des panneaux urbains. Souffrez-vous d’un déficit de notoriété à Montpellier ?

Isabelle Perrein : Un sondage a été publié au mois de décembre 2024, porté par LR, dans certaines villes françaises dont Montpellier, qui me créditait de 15% de taux de notoriété. J’exerce mon métier de notaire depuis 2008. J’ai calculé, en moyenne j’ai rencontré 80 000 personnes, dont la majorité habite à Montpellier même. Beaucoup de Montpelliérains me connaissent…

InfOccitanie : Vous vous êtes entretenue avec Mohed Altrad récemment, qui ne cache pas sa volonté de jouer sa part dans les prochaines élections. Quel était le but de votre échange ?

Isabelle Perrein : Pour construire un programme, il faut échanger avec toutes les personnes qui veulent œuvrer pour la ville. Nous avons à Montpelier des chefs d’entreprises de qualité, dont monsieur Altrad, qui cultive une certaine vision de l’économie. C’est aussi le président d’un club incontournable, le MHR. La collectivité doit être à ses cotés, soutenir le sport de manière général et les clubs. Nous avons échangé à ce sujet.

InfOccitanie : En 2020, Mohed Altrad s’alliait avec LFI dans l’entre-deux-tours des municipales. Les électeurs LR qui se retrouvent dans votre engagement pourraient-ils vous en tenir rigueur pour la suite ?

Isabelle Perrein : Pour des élections municipales, ce qui me semble important, c’est le contenu du programme, et l’envie de faire pour la ville. Je pense qu’aujourd’hui, monsieur Altrad a énormément envie de faire pour la ville, comme de nombreuses personnalités montpellieraines issues de partis politiques. Cette envie doit primer sur tout le reste.

InfOccitanie : Salim Jawhari (Alliance progressiste et républicaine) prône un bloc républicain et démocrate central, qui réunirait notamment la majorité présidentielle et LR. Seriez-vous prête à entrer dans leurs rangs pour faire union ?

Isabelle Perrein : Mon objectif, c’est de gagner en 2026. La bonne question, c’est est-ce qu’ils seraient prêts à me rejoindre ? Nous avons aujourd’hui des partis politiques à bout de souffle, qui n’arrivent pas à se réinventer. Montpellier a besoin de fraicheur. Les Montpelliérains veulent un programme pragmatique.

InfOccitanie : Budget de la Métropole, Renaud Calvat, délégué aux Finances, fait valoir que les 9M de ponction de l’Etat ont alourdi les finances de la Métropole qui aurait pu passer à 13,5 années de désendettement, au lieu de la projection de 15 années. Il vante également la ligne 5, l’extension de la ligne 1, les travaux de l’esplanade, la mise en service de la 1e partie de la ligne de bustram…

Isabelle Perrein : Gouverner, c’est anticiper. Cette dette reste alarmante, c’est celle des Montpelliérains et Métropolitains. Il y a un gros problème de priorités au sein de cette métropole ! 80 millions d’euros dédiés au lifting de la Comédie et de l’Esplanade alors que rien n’a changé, était-ce vraiment nécessaire ? 325 000 euros, c’est le coût de chaque arbre installé, le prix d’une maison ! L’endettement de la Métropole a été multiplié par quatre. 30% du budget concerne les mobilités douces, alors qu’il y a à peu près 3000 cyclistes usagers dans la Métropole. Les recettes fiscales ont augmenté de 60%, les charges de personnel ont augmenté de 58%, alors que la métropolisation était censée générer des économies…

InfOccitanie : Les entreprises sont les « grandes oubliées » selon vous, pourriez-vous développer ?

Isabelle : C’est de l’économie « gadget », avec la création d’une agence de développement économique dans laquelle il ne se passe rien. Si vous voulez faire réussir Montpellier, il faut avoir une économie florissante, afin de lever des recettes fiscales et ainsi financer l’éducation, la santé, le sport, la sécurité… Les entreprises ne sont pas accompagnées, alors qu’elles sont le terreau fertile de Montpellier.

InfOccitanie : Vous déplorez une insécurité grandissante à Montpellier. Dans le même temps, la Ville communique sur des chiffres rassurants : les policiers municipaux passeront à 240 d’ici à la mi 2026, la police métropolitaine des transports serait la plus grande de France et passerait à 40 agents. Du côté du GSRI, la brigade de tranquillité du logement social, elle sera portée à 43 unités courant 2025. Peut-on taxer les décideurs d’immobilistes ?

Isabelle Perrein : Ils ont crée une brigade d’intervention dite « rapide », mais elle se retrouve à prendre le tram faute de véhicules… Monsieur Delafosse ne donne pas suffisamment de moyens aux policiers pour assurer leur mission. Il y a un mois, des policiers municipaux se plaignaient de véhicules en très mauvais état. Concrètement, il y a 80 policiers municipaux sur le terrain, loin des 180 agents sur le papier. Les 80 disposent de 6 véhicules d’intervention, c’est trop peu ! Avec un voyage à 360 000 euros en Chine, on aurait pu financer une vingtaine de véhicules pour la police municipale…

InfOccitanie : Selon la municipalité, il y avait 310 caméras en 2020, en 2025 un effort supplémentaire de 94 nouvelles caméras de vidéo-protection sera déployé, ce qui permettra d’atteindre plus de 500 caméras sur la voie publique. Qu’en pensez-vous ?

Isabelle Perrein : Le maire qui, soi-disant, protège, fait des travaux dont les Montpelliérains n’ont pas besoin. En attendant, il y a 360 caméras de surveillance projetées sur 12 écrans divisés par 4, au CSU, Centre de surveillance urbaine. La moitié de ces écrans projettent des images fixes… des locaux de la mairie ! Seulement 24 points d’informations, en réalité, sont surveillés et filmés dans la ville. Sachant que certaines caméras tournent toutes les 17 secondes et filment des murs très souvent, ou tombent sur des… arbres ! Des villages autour sont équipés de caméras 360 degrés, pourquoi pas une ville comme Montpellier ?!

InfOccitanie : Un dernier mot sur le plan de circulation et la gratuité ?

Isabelle Perrein : Le plan de circulation est dogmatique et anti écologique. Le piéton a peur de se déplacer, des centaines de millions d’euros ont été dépensés sur les pistes cyclables. Résultat : il n’y a pas de continuité pour certaines pistes, des carrefours sont extrêmement dangereux pour les cyclistes… Cette gratuité a été mise en place au détriment de la sécurité. Le président de la Fédération nationale d’usagers des transports en commun rappelait il y a quelques jours que les utilisateurs se décident sur trois critères : le prix du ticket vient en dernier, devancé par la cadence et l’amplitude horaire. Le cadencement a été revu à la baisse à Montpellier. Certains quartiers sont délaissés et les bouchons sont de plus en plus problématiques, demandez au Collectif des 4 boulevards !

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