Nasser Mohamedi, secrétaire du syndicat des transports urbains SNTU-CFDT, s’inquiète du maintien des conditions de travail des salariés du réseau Tango, dans le cadre de la nouvelle Délégation de service public (DSP).
Le vote aura lieu lors du Conseil communautaire de Nîmes Métropole, le 26 février prochain. Selon le secrétaire syndical, la DSP a de fortes probabilités d’être attribuée au groupe Kéolis qui était déjà aux affaires sur le territoire avant Transdev.
« Nous sommes censés signer un document de la part du nouveau délégataire, sous la directive de Nîmes Métropole, garantissant le maintien du pacte social et la limitation du recours à la sous-traitance à 50% maximum », détaille Nasser Mohamedi qui attend le paraphe avant de crier victoire.
« Le cas échéant, nous reprendrons la grève sur le réseau Tango », menace-t-il. Hors de question d’attendre le 1er juillet 2024, date de début du contrat, pour attendre la signature, Nasser Mohamedi la réclame dès le 27 février prochain.
Fort de ses 16 ans en tant que conducteur au sein du réseau Tango, Nasser Mohamedi s’évertue à défendre les intérêts des « 360 salariés et 250 conducteurs ». L’inquiétude a germé à l’annonce de la nouvelle, Transdev ne se représenterait pas à sa succession.
« C’était une décision très lourde, déplore le syndicaliste. D’autant plus que les relations entre les partenaires sociaux et la direction de Transdev étaient bonnes », poursuit-il.
« Où vont se faire les économies ? »
En lien avec un cabinet d’expertise externe, les syndicalistes ont chiffré les coûts d’exploitation du réseau à 52M€. Problème, l’enveloppe allouée dans le cadre du prochain contrat est de « 44M€ » selon le syndicaliste. « Où vont se faire les économies ? Il s’agit de 8M€, c’est beaucoup », poursuit Nasser Mohamedi qui craint de voir les conditions de travail et salariales amputées.
Contacté par nos soins, Jean-Marc Campello, Vice-président de Nîmes Métropole, délégué aux mobilités, réfute cette enveloppe. « Ce ne sont pas les bons chiffres, je ne peux pas en dire plus tant que la délibération n’a pas été votée le 26 février ». Jean-Marc Campello assure que l’Agglomération a reçu deux propositions (RATP et Keolis) « très constructives et dynamiques », et que l’estimation des coûts de fonctionnement a été confiée à un bureau d’étude spécialisé en la matière.
« Les chiffres ne sont pas bons »
« Nous avons reçu les syndicats cinq ou six fois, énumère le vice-président. Franck Proust (président de Nîmes Métropole, ndlr) leur a déjà remis un courrier assurant du maintien des acquis sociaux, poursuit l’élu. Il faut travailler en confiance, je leur ai dit que s’il y avaient des mesures non constructives, je les défendrais. Pour le moment, laissons au moins au nouveau délégataire la possibilité de travailler. » Interrogé, Nasser Mohamedi affirme que les syndicats « n’ont jamais reçu de courrier de la sorte ».
Autre sujet d’inquiétude, la pause quotidienne de 20 minutes, que « la convention collective peut se réserver de fractionner en quatre pauses de cinq minutes », explique Nasser Mohamedi. « Même si la loi le permet, ce n’est pas une vraie pause. Si les horaires sont décalés en cas de retards, les cinq minutes sont réduites à deux. Fermer sa caisse et aller aux toilettes prend déjà cinq minutes ».
« Ils prévoyaient de supprimer 91 collaborateurs »
La fameuse annexe 2 (environ 70 pages) de l’actuel contrat a provoqué un tollé. « On y apprend qu’il était programmé une suppression de 91 collaborateurs entre 2020 et 2024, sur une hypothèse de 10 départs par an, 6 licenciements plus 4 démissions », relate le secrétaire syndical.
« Lorsqu’on demande des explications, on nous dit que ce contrat a été négocié avec l’ancien président de l’Agglomération, Yvan Lachaud. Sauf que la direction des transports est la même qu’aujourd’hui », pointe Nasser Mohamedi.
Jean-Marc Campello rétorque vivement : « Je vous confirme que cette annexe ne sera pas présente dans le nouveau contrat de délégation ». Le syndicaliste fulmine : « cette annexe était censée rester secrète dans l’actuel contrat, on ne peut pas avoir la certitude qu’elle n’y sera pas dans le prochain ».
Rémunération des nouveaux entrants
Autre motif de fronde, les nouveaux arrivants qui, selon cette annexe 2, débuteraient au salaire minimum. « C’est un alignement par le bas, déplore-t-il. Il y aura donc un double contrat, une rémunération différente pour un travail identique. »
Jean-Marc Campello précise ne pas être au courant de cette dernière mesure et déplore « beaucoup de polémiques ». « Avant de tuer le lièvre, il faut l’avoir vu », conclut l’élu.
Linda Mansouri