À un an et demi des élections municipales, la mairie a commandé un sondage d’opinion à destination des administrés. Plus que les investissements publics, la notoriété du maire semble être au cœur de ce questionnaire confié par la Ville à l’Ifop. Une enquête qui suscite bien des questionnements. La mairie a-t-elle vocation à commander un sondage aux allures de campagnes municipales ? Ne devrait-il pas être assujetti à l’équipe politique de Michaël Delafosse et tracé dans des comptes de campagne ? Combien a coûté ce sondage ? Les contribuables en sont-ils les financeurs ? Interrogée par nos soins, la municipalité n’a donné aucune justification.
Un échantillon de 1 005 personnes
Ce sondage, dont Midi Libre s’est fait l’écho, a été mené entre le 22 novembre et le 7 décembre 2024 par téléphone, auprès d’un échantillon de 1 005 personnes. Il comprend trois parties : notoriété et image de Michaël Delafosse, jugement sur son action et jugement sur l’évolution de la commune. « D’après nos sources, Michaël Delafosse a décidé de ne pas adresser les traditionnels vœux cette année, sous couvert de faire des économies. Pourtant, il semble qu’il reste un peu d’argent pour financer un sondage à sa gloire. Et ce sont les « connards » qui payent », assène sur X le candidat aux dernières municipales et activiste, Rémi Gaillard, faisant référence à des propos offensants tenus par l’édile montpelliérain (notre article ici).
En marche pour 2026 ?
Les éloges fusent. 73 % des habitants estiment que c’est un bon maire (contre 65 % en 2023). Du côté de ses qualités en tant que maire, Michaël Delafosse recueille également des scores très élevés. « Il ne trouve pas de l’argent pour les vœux qui s’adressent aux Montpelliérains mais il sait trouver de l’argent pour une étude qui ne s’intéresse qu’à lui même », tranche Philippe Saurel, ancien maire président et élu d’opposition qui ne cesse d’alerter sur la situation financière calamiteuse de la collectivité.
« Un tel sondage devrait être financé par Michaël Delafosse lui-même »
Le maire n’a, certes, pas officiellement annoncé sa candidature, la question de sa réélection est pourtant bien formulée. 60 % des sondés souhaitent qu’il soit plébiscité pour un second mandat avec 60 % de « Oui ». « Je ne comprends pas pourquoi les Montpelliérains devraient supporter le coût d’un sondage visant à évaluer la notoriété de leur maire, sa popularité, leur perception de ses qualités, ou leur souhait de le voir réélu, s’offusque le conseiller d’opposition Salim Jawhari (Alliance progressiste et Républicaine). Un tel sondage devrait être financé par M. Michaël Delafosse lui-même, ou par son association de financement de campagne. Ce type de sondage est un document de travail en vue de préparer une campagne électorale.«
D’après nos sources, @MDelafosse a décidé de ne pas adresser les traditionnels vœux cette année, sous couvert de faire des économies.
— Yes We Clown (@yesweclown) January 5, 2025
Pourtant, il semble qu’il reste un peu d’argent pour financer un sondage à sa gloire. Et ce sont les "connards" qui payent.#rendezvousen2026 🤡 pic.twitter.com/Yl2SE36MCl
« Nous exigeons la publication immédiate des coûts »
Le groupe d’opposition MUPES emmené par Alenka Doulain y est allé de son grain de sel : « les fonds publics doivent être prioritairement mobilisés pour des investissements d’intérêt général : amélioration des services publics, développement des transports, soutien aux projets sociaux et écologiques. Ce sondage, au contraire, contribue à nourrir un sentiment de déconnexion entre les attentes des habitants et l’action municipale. Nous exigeons la publication immédiate des coûts, du commanditaire et des modalités. »
« Michaël Delafosse se paye sa campagne des municipales sur le dos du contribuable »
Même indignation du côté de l’écologiste et élue d’opposition Coralie Mantion : « L’argent du contribuable ne doit pas servir à des fins politiciennes. Un tel sondage n’aurait-il pas pu être commandé par le Parti Socialiste lui-même ? Par ce sondage, Michaël Delafosse se paye sa campagne des municipales sur le dos du contribuable. De plus, ce sondage est sans valeur, orienté vers celui qui le commande ».