Suite aux sessions d’auditions tenues en huis clos dans la salle du Conseil, les élus écologistes de Montpellier ont présenté des analyses argumentées de la filière CSR afin de présenter des éléments contradictoires. Ils dénoncent ainsi une argumentation biaisée sur le sujet de l’incinération des déchets.
Tout d’abord ceux-ci dénoncent que la mise en œuvre de la filière CSR implique une consommation énergétique importante. Les opérations de tri, de découpe et de séchage nécessaires mobilisent une grande quantité d’énergie. Selon eux, les estimations optimistes ne parviennent pas à cacher l’inefficacité du processus. De plus, les restrictions imposées par la règle de priorité limitent la possibilité d’optimiser la valeur énergétique du combustible CSR, contribuant ainsi à accroître son autoconsommation. En effet, les arrêts et redémarrages réguliers de l’incinérateur compromettent davantage le rendement énergétique global de la filière.
Des rendements énergétiques en peine
De plus, les restrictions imposées par la règle de priorité limitent la possibilité d’optimiser la valeur énergétique du combustible CSR, contribuant ainsi à accroître son autoconsommation. En effet, les arrêts et redémarrages réguliers de l’incinérateur compromettent davantage le rendement énergétique global de la filière. Également, les besoins en chaleur à Montpellier sont actuellement relativement faibles, avec une offre de chaleur largement supérieur la demande prévue, même avec l’extension du réseau de chaleur urbain.
De plus, les besoins en chaleur sont saisonniers et tendent à diminuer à long terme avec les progrès en efficacité énergétique et le réchauffement climatique. En été, il n’y a pas de demande de chaleur significative, ce qui limite la capacité à valoriser le surplus de chaleur. La production d’électricité est également limitée en été, ce qui entraîne une réduction de la valorisation énergétique pendant cette période. En conséquence, il est peu probable que la production nette d’énergie valorisable soit constante tout au long de l’année.
Par analogie, rappelons que l’usine de méthanisation Ametyst consomme 100 000 litres de fioul par an, pour les besoins du process (chauffage, séchage…) et autoconsomme 83% de l’électricité qu’elle produit. Cette consommation énergétique importante est également couplée à de mauvais rendements.
Des refus et coûts trop importants
Un autre argument avancé par les écologistes est que les tonnages de refus demeurent importants dans le cadre de la filière CSR. Les coûts associés au traitement et à l’élimination de ces refus constituent une charge financière considérable. En effet, l’incinérateur envisagé aura une puissance de 19,9 MW et nécessitera 45 000 tonnes/an de combustible CSR. Pour atteindre cette quantité, 125 000 tonnes d’OMR, d’encombrants et de refus de tri sélectif doivent être traitées pour isoler la partie la plus calorifique. Après combustion, 9 000 tonnes de refus solides imbrûlés restent, dont une partie est classée comme déchets dangereux et soumise à des coûts d’élimination élevés.
A ceci, s’ajoute la remise en question du choix du CSR, en raison de son faible rendement énergétique et de son impact limité sur la réduction des déchets à enfouir. De plus, son coût, financé en grande partie par la collectivité via la TEOM, est estimé à 33 millions d’euros par an, soit un total de 600 millions d’euros sur les 18 ans de la durée de la DSP. A noter que, le délégataire privé ne prendra en charge que 200 millions d’euros. Malgré ces investissements importants, les coûts liés à l’enfouissement des déchets resteront élevés. Ainsi les écologistes tiennent à alerte sur le fait que, les investissements élevés et la complexité du système industriel représentent des risques financiers importants.
Un projet qui ne tient pas la route ?
Les critères de l’Ademe pour subventionner la filière CSR ne sont pas remplis pour le projet de Montpellier : Montpellier n’a pas de fort besoin de chaleur industrielle ni de fort besoin en réseau de chaleur urbain; la filière CSR ne doit pas compromettre le valorisation matière ni le recyclage ; le projet ne saurait être motivé par la seule réduction des déchets ni pour échapper à la taxe TGAP.
Enfin, les élus avancent que selon l’Ademe, la filière CSR n’est pas viable sans un soutien financier public. Alors, le dilemme de la filière réside dans le choix entre réduire les tonnages de refus par des processus énergivores ou favoriser le rendement énergétique au détriment d’une augmentation des refus et des coûts d’enfouissement.