Le ZEvent, marathon caritatif du jeu vidéo français, fait son grand retour du 5 au 8 septembre, avec son lot de nouveautés. Associations, concert, participants en ligne, futur de l’événement, Adrien Nougaret, dit ZeratoR, co-fondateur de l’événement, nous dit tout.
Il n’y a pas eu d’édition du ZEvent en 2023. Pour quelle raison avez-vous décidé de mettre l’événement en pause pendant un an ?
Nous avons fait une pause l’an dernier parce que nous étions arrivés au cours de deux éditions qui avaient levé plus de 10 millions d’euros. C’était absolument incroyable. Mais après ces deux éditions nous nous sommes demandés ce qu’allait être la suite du ZEvent, et nous n’avions pas forcément toutes les réponses. Est-ce que l’idée est toujours l’incrémentation, c’est-à-dire, être plus nombreux sur place, avoir toujours plus de dons ? Nous pensions avoir fait le tour de ce système-là. Nous voulions changer la formule, donc nous avons pris un an pour réfléchir. Pendant un an, avec énormément de gens, nous avons réfléchi à tout cela : qu’est-ce qui nous plaît dans l’événement ? Qu’est-ce qui ne nous plaît pas ? Comment perfectionner les points qui nous plaisent et éloigner ceux qui ne nous plaisent pas ? Nous sommes passés par beaucoup de phases. Devions-nous renommer l’événement ? Si le ZEvent n’existait pas, qu’est-ce que nous ferions comme événement caritatif de nos jours ? Finalement, nous nous sommes dit que cette formule ne fonctionnait pas si mal et qu’il n’y avait seulement que quelques éléments à ajuster pour que chacun revienne avec une grande envie de le faire et que cela aide aussi les associations, qui est le but premier du ZEvent. Maintenant nous revenons avec beaucoup d’envie et de patate pour un ZEvent qui nous a manqué.
Cette année, le ZEvent est consacré à l’aide à la précarité. Il y a deux ans, l’événement était tourné vers l’environnement. Pourquoi avoir choisi cette thématique cette année et comment s’est fait le choix des associations ?
C’est une thématique que nous voulions faire depuis assez longtemps, mais nous avions un problème, qui n’en est pas réellement un, à vrai dire. Je vais donner un exemple. Pour les étudiants, on m’avait déjà dit « Pourquoi le ZEvent ne se fait pas pour les étudiants ? Ce sont vraiment des gens dans la m*rde, qui n’ont aucun recours et peu d’associations pour les aider ». Mais, en nous renseignant sur le sujet, nous nous sommes rendus compte que les associations ayant les épaules de gérer un budget de 7,8,9 ou 10 millions d’euros et qui aident réellement à lutter contre la précarité étudiante, il n’y en a pas ou alors celles qui le font gèrent un budget beaucoup moins important. Tu ne peux pas, d’un coup, à une association qui a un budget annuel de 200 000 euros, donner 10 millions d’euros. Tout explose, cela n’est pas adapté du tout. Il y a deux ans, faire une « multi-collecte » nous a beaucoup aidé avec la Fondation de France, car maintenant que nous avons ce système, nous pouvons donner « un peu moins » à des associations, mais qui font des choses plus locales et plus spécialisées. L’idée de la spécialisation était toute trouvée pour la précarité et la misère, car il y a plusieurs types de population qui souffrent. Donc, nous sommes allés voir la Fondation de France en leur expliquant notre volonté de faire une édition sur ce thème en voulant aider un peu tous les types de population. C’est de là que sont venus les idées des étudiants, des mal-nourris, des mal-logés, des personnes âgés etc. Et en plus, nous voulions une association qui fait office de porte-étendard et c’est pour cela que nous avons choisi le Secours Populaire parce qu’il fallait une association qui parle à tout le monde.
Nouveauté cette année, le ZEvent est aussi en ligne avec 100 streamers. Est-ce pour vous ce mix d’un petit groupe en physique couplé avec un autre groupe en ligne est la bonne recette afin de satisfaire le plus grand nombre ?
Nous trouvons que cela est super solution le fait de pouvoir faire participer en ligne les gens qui s’inscrivent et qui veulent venir. Car pour le ZEvent, les gens sont invités tout le temps, mais il y a beaucoup de gens qui veulent venir mais qui ne peuvent pas forcément ou auxquels nous ne pensons pas. Donc, cette année le système sur inscription fait que nous nous retrouvons avec des personnes qui ont vachement envie de venir depuis toujours et qui voulaient s’investir. De plus, cela nous permet d’enlever ce truc qui faisait que le ZEvent était réservé à une élite de trente streamers. C’est une super solution qui permet à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice et à mon sens le caritatif devrait ressembler à ça en permanence : si tu veux y aller, tu devrais pouvoir y aller. Il me semble que pour le caritatif, nous devrions réussir à nous rassembler. Personnellement, je regrette que des gens ne viennent pas ou ne veulent pas venir, c’est dommage, car cela serait justement l’occasion de se réunir pour un même but et autour d’un beau projet.
En parlant de ces streamers en ligne, comment va se dérouler l’événement de leur côté ? Que ce soit leurs interactions avec les personnes en physique ou leur participation à l’événement au global.
Pour être tout à fait honnête, chacun se gère. Évidemment certains participants sur place vont pouvoir organiser des activités avec les cent streamers en ligne, mais la vérité, c’est que nous ne serons jamais 136 en ligne pour une partie de Mario Kart. D’autant plus, que le ZEvent n’est pas forcément fait pour que nous soyons tous ensemble tout le temps. Il ne faut pas forcer la communion entre tous les streamers. C’est une ouverture pour dire que toutes les communautés ont leur place. Alors maintenant, comment vont-ils être intégrés ? Nous les avons déjà invités sur le Discord ZEvent, nous les aidons à mettre en place tous les éléments techniques et nous leur donnons des éléments de réponse à leurs interrogations. Aussi, nous avons un channel sur le Discord qui s’appelle « Recherche copains » dans lequel il y a des gens en ligne qui ne connaissent pas trop d’autres participants et qui disent « Moi, je suis un joueur de tel jeu donc si certains du ZEvent veulent se retrouver à ce moment-là, je suis dispo ». Cela permet à des gens de se retrouver.
Lors de l’annonce de la liste des cent participants en ligne, il y a eu quelques polémiques autour de certains noms y figurant. Comment réagissez-vous à ces polémiques et comment les gérez vous ?
Les polémiques existent tous les ans. De nos jours, tout événement majeur qui parle à beaucoup de gens aura des polémiques. Et pourquoi il y a des polémiques ? Pour deux raisons : premièrement, nous ne pouvons pas faire l’événement parfait et car les réseaux sociaux, surtout Twitter, polarisent énormément et veulent nous faire croire que soit on est « pour » soit on est « anti ». Ce n’est pas trop mon avis. Selon moi, il est possible de faire des tableaux de ce qui est positif et de ce qui est négatif, et s’il y a beaucoup plus de positif à faire quelque chose, partir dedans même si tout n’est pas rose. Néanmoins, je pense que c’est bien que la polémique existe, car cela fait office de lanceurs d’alerte et donne de la visibilité à ces problèmes. Mais, je pense que ce n’est pas le rôle du ZEvent de lutter contre ces problèmes. Le rôle du ZEvent est de lever de l’argent pour les associations et de se focaliser sur cette tâche-là. Attention, je ne minimise pas ce qu’il se passe, mais le but est de se dire que nous préférons ouvrir à toutes et tous et après nous ne pouvons pas être des juges. Évidemment, qu’exclure quelqu’un qui a une condamnation pénale du ZEvent serait très simple, mais la réalité est que personne n’en a. Donc si ce ne sont pas des gens qui sont jugés, cela veut dire que cela touche à la morale et la morale est différente pour tout le monde, a des limites différentes pour tout le monde et a une éthique différente pour tout le monde. Les polémiques existent, nous sommes au courant et on ne s’en fout pas, ce n’est pas du tout le cas. Par contre, il ne faut pas écouter aveuglément ces critiques-là. Il faut se dire « est-ce que nous sommes droits dans nos bottes ? Et, avons-nous pris une bonne décision en ouvrant à tout le monde sans restriction ? ». La réponse pour nous c’est oui, pas à tout prix évidemment, tout n’est pas rose dans cette ouverture. Mais à la fin, il y a des gens qui sont vraiment dans la m*rde qui vont avoir des vrais changements et nous pensons que c’est le plus important. Il faut se souvenir que cette année est une année test. Nous faisons un test pour ouvrir à tout le monde. C’est cette décision que les gens devraient regarder, plus que les cent noms qui sont sortis, car là c’est une première étape vers ce que va devenir le ZEvent à l’avenir.
Justement, vous avez déclaré qu’à l’avenir, vous souhaiteriez faire du ZEvent « un événement ouvert à toutes et à tous ». Selon vous, à quoi ressemblerait le ZEvent dans le futur ?
C’est l’une des premières années depuis que le ZEvent existe que nous avons une bonne idée de ce qu’il se passera l’an prochain. En l’occurrence, c’est que cela se passera exactement comme cette année avec un événement physique, voire même plusieurs. En effet, ce qu’il pourrait se passer, c’est que de gens pourraient se dire » Nous sommes quatre streamers à Paris, nous allons louer une petite salle et faire nous aussi notre événement physique ZEvent et ça sera cool ». Peut-être qu’à l’avenir plus de gens se rassembleront et que l’événement physique de Montpellier ne sera plus le seul. Cela serait vraiment bien. Je refuse que le ZEvent ce soit seulement quelques personnes et réservé à quelques personnes triées sur le volet. Non, le ZEvent devrait être ouvert à toutes et tous. Si l’an prochain, il y a 3 000 streamers et bien il y aura 3 000 streamers, il ne faut pas mettre de limite. Nous sommes sur Internet parce qu’il n’y a pas de barrière et car, nous voulons faire tomber ces barrières, c’est trop dommage de ne pas s’en servir et de ne pas concrétiser cela. Pour l’année prochaine, nous avons vraiment bon espoir que ce soit un événement surtout positif et ouvert à toutes et tous. Nous pensons que c’est la bonne direction pour le ZEvent et pour le caritatif.
Enfin, il y a également un concert au Zénith de Montpellier le 5 septembre, en amorce de l’événement principal. La liste des artistes a été dévoilée, comment les avez-vous sélectionnés ?
Tout d’abord, nous contactons les gros artistes français. En fonction de ceux qui sont disponibles, nous essayons d’ajouter des gens en adéquation avec ce qu’ils font, car c’est compliqué de mettre un artiste qui parle à des gens avec un artiste qui parle à d’autres avec d’autres artistes qui parlent encore à d’autres. Donc, l’idée est de contacter plusieurs artistes et lorsqu’un qui a une grande renommée nous répond, en l’occurrence cette année Caravan Palace, nous essayons de composer autour de lui. Évidemment, nous ne pouvons pas toujours faire cela. Cependant, nous sommes toujours très contents du line-up final, sinon je pense que nous ne nous forcerions pas à faire un concert. Mais cette année dès lors que nous avons eu Caravan Palace, nous nous sommes dit « let’s go ». C’est un groupe avec une renommée internationale, qui remplit des salles à travers le monde avec un style musical que l’on entend assez peu, ça change. D’ailleurs, il reste encore des places pour le concert qui se déroulera jeudi prochain au Zénith de Montpellier. Les places sont trouvables sur le site zevent.fr.
Pour plus d’informations concernant le ZEvent rendez-vous ICI.