Cadre dans la fonction publique, Nicolas Pellegrini coordonne par ailleurs l’action des Jeunes Insoumis du Gard. Il est également l’auteur d’un ouvrage sur la 6e République et a déjà donné des cours de droit constitutionnel à l’Université de Nîmes. Rencontre avec le militant de 24 ans.

InfOccitanie : Comment s’organise LFI dans le Gard ?

Nicolas Pellegrini : nous sommes un mouvement politique, pas un parti. Notre fonctionnement ne repose pas sur une fédération locale mais des groupes d’actions comme celui contre l’implantation d’Amazon à Remoulins. LFI agrège des militants de tout horizon et se structure via des boucles départementales avec des animateurs dédiés à la trésorerie, la logistique, la communication, etc.

Le Gard compte combien de militants Insoumis ?

Il n’y a pas de cotisations donc pas de chiffres. En revanche, ceux inscrits sur la plateforme d’action populaire dépassent les 300. Pour la campagne présidentielle 2022, plus de 3000 militants étaient mobilisés dans le Gard. LFI représente une nouvelle façon de penser la politique via l’action, afin de la rendre accessible à tous.

Quelle est votre position au sujet des ténors de la droite locale nîmoise qui n’ont donné aucune consigne de vote lors de l’entre-deux-tours des législatives anticipées ?

C’est irresponsable, la République implique des actes, encore plus lorsque l’on porte le nom de « Républicains ». Il s’agit d’en être digne, au regard du risque qui était grand de voir l’extrême-droite au pouvoir. Ces personnes feraient mieux de se regarder dans une glace au lieu de porter des anathèmes.

Dans nos colonnes, Richard Tibérino, président LR Gard, affirmait que certains dirigeants LFI étaient des trotskistes. Que répondez-vous ?

Je serai ravi de pouvoir débattre avec Richard Tibérino sur le trotskisme, mais je ne suis pas sûr qu’il tiendrait longtemps… Le trotskisme est une doctrines socialiste démocratique qui s’oppose à la vision autarcique de Staline, raison pour laquelle Léon Trotski a été arrêté. En revanche, cela choque peut-être moins monsieur Tibérino que l’on ait un Président de la République qui impose la réforme de la retraite à coup de 49.3 alors que 90% des Français sont contre. En réalité, qui est dangereux lorsque l’on voit les LR pactiser avec la Macronie au sein du gouvernement et proposer une politique sociale qui brutalise toujours les plus pauvres ?

Quelles sont les forces de LFI ?

De manière générale, la gauche va plus facilement vers les gens. En termes de force militante, LFI est largement devant les autres formations de gauche. La présence sur le terrain est une particularité depuis 2016. Nous allons sur les marchés nîmois, et pas que celui de Jean-Jaurès… LFI est le seul parti à avoir créé un référent immeuble qui tracte auprès des voisins. C’est la seule manière de restaurer la confiance vis-à-vis de la politique.

Que répondez-vous aux attaques de communautarisme et de complaisance avec l’islamisme qui fusent de la part des opposants ?

Je n’ai aucune honte à parler à l’ensemble du peuple français. Je ne choisis pas mon public, et ne fais pas de distinctions en fonction de la couleur de peau, de la classe sociale ou des origines. C’est plutôt l’extrême-droite qui oppose sans cesse droit du sol et droit du sang, alimentant ainsi les fractures.

Quelles sont selon vous les solutions pour pallier l’insécurité dans les quartiers prioritaires de Nîmes ?

Il faut réinvestir dans les services publics : sécurité, transport, déchèterie, voirie, santé… L’insécurité se développe dans ces quartiers car les pouvoirs publics y sont absents, cela suscite le ressentiment. Il y a une ambiance de fin de règne à Nîmes, c’est un peu la politique des petits pieds…

Certaines figures de proue ont divorcé de Jean-Luc Mélenchon, dont François Ruffin. LFI perd-elle en crédibilité au regard de ses guerres intestines ?

Ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous oppose. Ce sont davantage des ruptures de stratégie que d’idéologie, ce n’est pas irrécupérable. Personne ne pose la question concernant la scission Ciotti-LR ou Delga-Faure… C’est la vie institutionnelle politique et ses désaccords, sinon cela ressemblerait plus à une secte qu’à un mouvement démocratique.

Où trouver les fonds pour appliquer les mesures de LFI telle que la hausse du SMIC ?

Nous prônons la transition écologique comme moyen de relance économique. La France a de l’argent mais se prive de recettes fiscales. Augmenter le SMIC permettrait de redynamiser l’économie. La hausse ne sera pas dépensée au Panama mais investie dans le circuit économique. Les propositions de LFI et de la gauche sont les plus pragmatiques pour renforcer les pouvoirs publics notamment.

Comment expliquez-vous le grand chelem des six députés gardois RN ?

Par l’abandon d’une immense partie de la population française au cours d’une période de crise, durant laquelle le RN a joué sur la peur. Les médias n’ont pas arrangé les choses. La politique macroniste n’a pas aidé, deux députés auparavant contre 180 députés RN aujourd’hui. Bravo le rempart !

Quels seraient les fondements d’une 6e République que vous appelez de vos vœux ?

La 5e République montre ses limites dans ce qu’elle a d’autocratique. L’élément fondamental serait la possibilité de révoquer ses élus. Cela se fait dans d’autres pays. Si un élu est révocable, cela le contraint à faire des propositions politiques réalisables. Puis il y a la constituante, l’idée de s’approprier les institutions et de les adapter à l’ère du temps. Le peuple pourrait ne pas vouloir d’un Président, ou du moins réclamer davantage de contre-pouvoirs…