« Dégoût, colère, incompréhension », les mots reviennent souvent dans la bouche des syndicalistes CGT ce vendredi 11 avril, au sein de leur local sur le site Owens Illinois Vergèze (OI). Après la menace d’arrêt de production de l’eau Perrier (groupe Nestlé Waters) qui plane sur les têtes, c’est désormais le verrier OI, qui produit l’essentiel de ses bouteilles en verre pour son voisin Nestlé, qui fermera ses portes.
Le site de Vergèze au cœur de la tornade
Neuf sites de production du verrier existent en France, avec des suppressions annoncées dans plusieurs usines de l’hexagone. 316 emplois sont concernés. « Cela pourrait monter jusqu’à 500, car il se pourrait qu’une charge de travail supplémentaire soit demandée aux salariés maintenus en France. S’ils refusent, seront-ils licenciés ? », interroge Jean-Marc Bertrand, secrétaire du CSE OI Vergèze (Comité social et économique), qui insiste : « le site de Vergèze est le plus touché, les salariés s’organisent ».
Voilà des mois que l’épée de Damoclès frôle les têtes, « le directeur monde avait fait des annonces de réorganisation mondiale. On savait que l’Europe allait être impactée, le seul four de Barcelone a fermé, puis le couperet est tombé en France », rembobine Jean-Marc Bertrand.
Un repreneur sauverait-il ce fleuron ?
Halim Torche est salarié depuis de nombreuses années et syndiqué au sein de la CGT, il n’entend pas baisser les bras : « les salariés ont la volonté de poursuivre le travail sur ce site historique. Nous sommes ouverts à trouver un repreneur afin de maintenir l’activité ». Jean-Marc Bertrand invoque de son côté la législation : « la loi Florange impose de trouver un repreneur au moment de la fermeture. On sollicite les députés, sénateurs, élus, et monsieur le préfet du Gard pour tenter de débloquer des aides publiques.
D’autant plus que le seul four en activité au sein de la verrerie « arrive à échéance au 1er janvier 2027 », souligne Jean-Marc Betrand. « En acheter un autre, cela couterait autour des 50 millions d’euros... », s’etouffe-t-il.
« On est sacrifiés ! »
L’un des arguments avancé par la direction du groupe OI repose sur la baisse de la consommation de vin en France. « OI Vergèze produit essentiellement les bouteilles Perrier de Nestlé Waters, et les bouteilles d’une bière. Le groupe OI dégage aujourd’hui 800 millions d’euros de bénéfices ! Le site de Vergèze représente 8% du bénéfice total du groupe. On est sacrifiés ! », assène Jean-Marc Bertrand du CSE.
« Aujourd’hui, Nestlé Waters nous tue »
Jacky Cortier, secrétaire adjoint du CSE, abonde : « le site de Vergèze est loin d’être le moins bien classé des 9 sites, en termes de productivité et de qualité… ». Cette fermeture est-elle le fait du scandale des eaux Nestlé Waters, et donc Perrier ? « Nestlé Waters et OI n’ont pas trouvé d’accord sur le tonnage à produire. Si l’on avait eu une garantie de tonnage, on n’en serait pas là… Il y a un impact évident entre ce qui se passe à Nestlé et donc Perrier, et chez nous », tranche Jean-Mac Bertrand, qui insiste : « Aujourd’hui, Nestlé Waters nous tue ».
Rester « dignes », mais déterminés
Halim Torche plaide par ailleurs l’empreinte carbone qui serait réduite, du fait de la proximité des deux usines. « Vous coupez la pâte de verre à la machine chez OI, 1h30 plus tard, elle se trouve chez le client. Sachant que le verre est recyclable, pas comme le plastique ! Le verre est collecté, concassé, transformé en calcin qui sont des débris et enfin réutilisés dans la production », détaille Halim Torche.
Les syndicalistes veulent pour autant rester « digne », ils poursuivent leur activité de production pour Nestlé Waters et n’entendent pas mettre l’usine « à feu et à sang ». D’autres rendez-vous sont prévus avec des décideurs, parlementaires et élus locaux. Des manifestations devant le site gardois ne sont pas à exclure. Témoignage vidéo ci-après du secrétaire syndicat CGT Gard OI :