Pendant plusieurs années, des eaux vendues comme « de source » ou « minérales naturelles » ont subi des techniques de purification interdites

Le géant de l’eau, Nestlé Waters se trouve au cœur d’une controverse significative. L’entreprise a admis avoir employé des méthodes de désinfection interdites par la réglementation pour assurer la qualité de ses eaux minérales, incluant des marques reconnues telles que Perrier, Vittel, Hépar, et Contrex.

La réglementation européenne en question stipule que les eaux minérales doivent être de haute qualité microbiologique sans recourir à la désinfection, contrairement à l’eau du robinet. Nestlé Waters a justifié l’utilisation de traitements par ultraviolets et filtres au charbon actif, affirmant que les changements environnementaux autour de ses sources rendaient difficile le maintien de la qualité de l’eau sans ces méthodes.

Le niveau de non-conformité serait en réalité « très probablement supérieur »

Cependant, ces pratiques vont à l’encontre de la directive européenne, qui exclut explicitement de tels traitements pour les eaux minérales. Nestlé a réagi en précisant que ces pratiques ont été abandonnées au cours des trois dernières années, et que leurs produits sont désormais pleinement conformes aux normes réglementaires françaises. près de 30% des marques subissaient ces traitements non conformes. Compte tenu des « difficultés pour les services de contrôle d’identifier des pratiques délibérément dissimulées », le niveau de non-conformité serait en réalité « très probablement supérieur » à ce tiers mis en lumière, expliquent Le Monde et Radio France, qui ont consulté ce rapport.

Cela représente près d’un tiers des bouteilles d’eau vendues comme étant de l’eau minérale naturelle ou de source. Foodwatch, association de défense des consommateurs, a annoncé porter plainte pour « tromperie » pour ces « infractions aux codes de la consommation et de la santé publique », « caractérisées.

Nestlé waters lance une nouvelle marque Maison Perrier

L’affaire prend un tournant supplémentaire avec la réaffectation de certains puits de Perrier dans le Gard pour la production de la nouvelle marque d’eaux aromatisées et de boissons énergisantes, Maison Perrier. Cette dernière n’étant pas soumise à la réglementation sur les eaux minérales, certains observateurs y voient une manœuvre commerciale douteuse. L’absence de la mention « eau de source » sur l’étiquettage de cette nouvelle marque qui d’ailleurs, peut tromper le consommateur part sa nomination et la police et les codes couleurs de la célèbre marque gardoise.

Nestlé Waters demande une évolution de la loi. Des représentants du groupe (Suisse) ont même pu rencontrer un ministre pour cette demande…

Nestlé Waters a enfreint en France la réglementation « pour maintenir la sécurité et la minéralité de ses eaux ». Le groupe a négocié avec les autorités la mise en place d’un nouveau cadre lui permettant de revenir dans le droit chemin tout en maintenant l’essentiel de sa production.

Reste que cette affaire est aussi la preuve du lobbying mené par les industriels des eaux embouteillées pour tenter de préserver leur image. En l’occurrence, Nestlé Waters a demandé, lors du rendez-vous avec le ministre de l’industrie en 2021, l’assouplissement de la réglementation sur les traitements autorisés pour les eaux minérales naturelles. L’industriel a obtenu gain de cause en février 2023, suite à une réunion interministérielle, ce qui a permis au secteur de continuer à exploiter ses forages avec des systèmes de filtration.

Certains liens entre les industriels de l’eau et l’exécutif peuvent d’ailleurs susciter les interrogations : Hélène Courades, qui était cheffe de cabinet de la ministre de l’Industrie à l’époque où Nestlé Waters a rencontré l’exécutif, est depuis devenue directrice générale de Boissons Rafraîchissantes de France, un groupe représentant les intérêts du secteur des boissons, dont Nestlé Waters est un des principaux adhérents. Ce qui apporte, encore, de l’eau au moulin de la controverse sur la transparence du secteur. 

Via Clément Fournier de Novethic.fr

Des salariés du site Perrier à Vergèze réfléchissent a des actions juridiques face à ce manque de transparence de la part du leader mondial de l’eau.

La question de la transparence et de la conformité réglementaire reste primordiale pour les consommateurs, surtout dans un secteur aussi sensible que celui de l’eau, essentielle pour la santé publique. Nestlé Waters, en tant que leader mondial de l’eau minérale, se doit d’être un exemple dans ce domaine, et cette affaire pourrait avoir des répercussions significatives sur la confiance des consommateurs et la réputation de l’entreprise.