Perrier à Vergèze : une « dissimulation par l’État des informations concernant Nestlé Waters »

Après 6 mois et plus de 120 personnes auditionnées, la commission d'enquête sénatoriale consacrée aux eaux minérales a rendu son rapport ce lundi 19 mai. L'Etat est largement pointé du doigt.
© L’usine Perrier de Vergèze (Gard), sous surveillance après plusieurs contaminations bactériennes..

Le 14 mai 2025, la commission d’enquête sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille, présidée par Laurent Burgoa (Les Républicains – Gard), a adopté le rapport d’Alexandre Ouizille (Socialiste, Écologiste et Républicain – Oise). Entre décembre 2024 et mai 2025, elle a mené 73 auditions de ministres, de membres de cabinets ministériels, de directeurs d’administration, de dirigeants d’entreprises, de préfets et services de l’État au niveau local, de directeurs d’Agences régionales de santé ou encore de chercheurs et d’associations.

73 auditions, plus de 120 personnes

Elle formule ce jour 28 propositions destinées à sécuriser la qualité des eaux minérale et de source dans son rapport disponible ici. Laurent Burgoa, sénateur LR du Gard, tient à rappeler : « Il faut faire des actions pour préserver les emplois. Nous allons tout faire pour améliorer la nappe et préserver le site ».  À Vergèze, le site Perrier emploie 1 000 salariés (et génère 500 emplois indirects). Un pilier de l’économie gardoise mis en demeure le 9 mai dernier par le préfet, de cesser le traitement de l’eau par filtre de 0,2 micron, ceci s’il souhaite conserver son autorisation de production d’eau minérale naturelle.

Une « dissimulation par l’Etat »

L’affaire des traitements illicites utilisés pour certaines eaux minérales, révélée par la presse début 2024, a fait l’objet d’une « dissimulation par l’État » relevant « d’une stratégie délibérée » , juge la commission d’enquête sénatoriale selon une dépêche AFP ce jour. Alexandre Ouizille, rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale, a présenté le rapport ce jour en conférence de presse, composé de 4 axes principaux et de 28 propositions. « Quand Nestlé reconnaît l’utilisation de filtres à charbon, la révélation de de ces désinfections représente une fraude aux consommateurs. Il est décidé de ne pas la révéler au grand public, ni aux ARS notamment », précise-t-il.

« Une fraude aux consommateurs »

Certains dysfonctionnements dans cette affaire sont mentionnés dans ce rapport : « l’absence de signalement des délits au procureur de la République » (exceptée la directrice générale de l’ARS Grand Est) ; « la minimisation du risque » , ou en encore, « le risque a été géré a posteriori par des contrôles dans le produit fini« , précisent les sénateurs.

Distinguer Perrier et Maison Perrier

« L’ARS (Agence régionale de santé) a accueilli les demandes de modifications de l’industriel » et « l’Etat a dissimulé les informations de Nestlé Waters », pointe le rapporteur Alexandre Ouizille. « Il y a eu un arbitrage fautif au sommet de l’Etat », déplore ce dernier. « Toute la machine administrative dysfonctionne à partir de ce moment-là », quand l’Etat décide d’autoriser « une microfiltration sous le seuil de 0,8 micron ». Laurent Burgoa appelle de ses vœux à ce que l’ « Etat prenne ses responsabilités » .

Le rapport disponible en ligne

Le rapporteur a tenu à faire la différence entre Perrier et Maison Perrier : « Je suis plus rassuré par le fonctionnement de Maison Perrier que par Perrier ». « On a bu de l’eau qui n’était pas de l’eau minérale naturelle mais il n’y a pas eu de contamination sanitaire avérée » , relativise de son côté Laurent Burgoa. Le même de nuancer : « L’eau minérale naturelle et l’eau de boisson sont produites de manière alternée, mais passent par les mêmes tuyaux. » Il recommande donc un audit : « pour vérifier s’il existe une véritable “muraille de Chine” numérique, ou s’il faut envisager une séparation physique de ces tuyaux. »

Les sénateurs appellent à étendre les zones de protection de l’impluvium de l’utilisation de produits phytosanitaires, afin de préserver les nappes phréatiques. « J’ai eu la présidente de la Région, Carole Delga, 45 minutes au téléphone. Nous sommes en phase pour préserver ces nappes. C’est à l’État de financer », souligne Laurent Burgoa. L’intégralité du rapport est à retrouver en cliquant ici.

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