« La création d’un ‘Secrétariat National à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie’ dans la nouvelle direction du Parti socialiste nous interpelle profondément. Elle marque un tournant préoccupant dans l’évolution de notre parti », peut-on lire en prémices de la tribune* cosignée par Carole Delga, publiée le 6 juillet dernier dans les colonnes de Marianne (à lire ici). Voici un extrait :
« Ce terme d’islamophobie, nous l’avons pourtant collectivement refusé, débattu, et écarté. Non pas par ignorance des agressions et discriminations qui frappent certains de nos concitoyens de culture ou de foi musulmane – que nous combattons sans relâche – mais parce que le mot « islamophobie » est ambigu, politisé, et souvent détourné pour remettre en cause les fondements mêmes de notre pacte républicain.
En novembre 2019, le Bureau national du PS avait pris avec lucidité la décision de ne pas participer à la marche dite « contre l’islamophobie », au regard de ce mot prêtant à confusion et de la présence de figures prônant le rejet de la laïcité et parce que les organisateurs, outre la légitime condamnation des violences anti-musulmanes (à l’époque l’incendie de la mosquée de Bayonne), avaient pour mot d’ordre la dénonciation des « lois liberticides de 2004 et 2010 ».
En décembre 2022, une tribune dans Le Monde, signée par Olivier Faure, Corinne Narassiguin et Jérôme Guedj, expliquait pourquoi le Parti socialiste devait se tenir à l’écart de ce mot piège.
En 2025, au cœur du 81e congrès, la commission nationale laïcité pilotée par Jérôme Guedj a produit une contribution exigeante et claire. Elle rappelait que la lutte contre le racisme antimusulman doit s’inscrire dans un cadre universaliste, sans céder aux injonctions de celles et ceux qui voudraient faire de la religion un critère politique.
Cette contribution a été signée par Yannick Trigance, Mathieu Klein, Corinne Narassiguin, Fanny Pidoux, Isabelle Santiago, Samira Laal, Luc Broussy – camarades respectés, aujourd’hui nommés dans la Direction Nationale.
Et dans ce même congrès de Nancy, aucun des 3 textes d’orientation soumis au vote des militants n’a utilisé ce terme…
Comment nos camarades peuvent-ils aujourd’hui accepter qu’un Secrétariat national porte précisément ce terme qu’ils ont eux-mêmes combattu dans une contribution thématique du Congrès et volontairement ignoré dans toutes les contributions générales pour préférer parler de l’ampleur du racisme anti-musulman ? Cette contradiction interroge profondément la cohérence de notre ligne politique ». Tribune intégrale : cliquez ici.
*Liste des signataires de la tribune :
- Marie-Pierre de la Gontrie
- Nicolas Mayer-Rossignol
- Carole Delga
- Jérôme Guedj
- Laurence Rossignol
- Jean-Marc Germain
- Claire Fita
- Michaël Delafosse
- Valérie Rabault
- Sandrine Floureusses
- Patrick Mennucci
- Cécile Fadat
- David Assouline
- Christian Assaf