« Rishon LeZion n’est pas une ville neutre. Elle est construite sur les ruines d’un village palestinien, Khirbat Dajun, détruit pendant la Nakba. Elle bénéficie, comme toutes les municipalités israéliennes, des politiques coloniales, d’apartheid et d’épuration ethnique menées par les forces d’occupation israéliennes contre le peuple palestinien », avance Saad Jouini, l’un des membres de ce collectif constitué d’une dizaine de personnes. Ce dernier, âgé de 38 ans, est un militant de longue date pour la liberté à Gaza et en Palestine. Axé sur la « théorisation des rapports coloniaux », Saad Jouini est rédacteur pour ‘Decolonial news‘, et militant anti-raciste. A ses côtés, environ une dizaine de membres réclame la fin du jumelage entre Nîmes et Rishon LeZion, notamment des militants issus de l’OST (Organisation solidarité trans), très engagée sur la question de Gaza.
« C’est entretenir un lien institutionnel avec un État qui commet chaque jour des crimes »
Saad Jouini et le collectif exposent leurs motivations : « Maintenir ce jumelage, c’est fermer les yeux sur cette réalité. C’est entretenir un lien institutionnel avec un État qui commet chaque jour des crimes documentés contre un peuple colonisé et affamé. L’ONU a confirmé l’existence d’une famine orchestrée à Gaza, rappelant que des centaines de milliers d’enfants sont aujourd’hui menacés de mort lente ». Ce dernier évoque quelques exemples de villes en Europe ayant mis fin à leur jumelage avec des villes israéliennes : « Grenoble, Oslo, Barcelone, Bruxelles… », liste-t-il. A Montpellier également, le groupe d’opposition municipal, MUPES, réclame la fin du jumelage avec la ville israélienne de Tibériade, demande rejetée par le maire. Contacté par nos soins, le cabinet du maire de Nîmes est catégorique : « M. le Maire ne souhaite en aucun cas, à ce jour, remettre en question le jumelage avec Rishon le Zion ».
« M. le Maire ne souhaite en aucun cas, à ce jour, remettre en question le jumelage avec Rishon le Zion »
La symbolique derrière ce jumelage est essentiellement pointée du doigt par Saad Jouini : « il a un poids politique fort. Il envoie un message : celui que la ville de Nîmes entretient des relations cordiales avec un État colonisateur, que la vie des Palestiniens compte peu, et que les principes de justice, de paix et de solidarité peuvent être suspendus lorsqu’il s’agit d’Israël ». Le même s’interroge également sur le coût potentiel du jumelage pour la Ville et les retombées économiques si elles existent.
Le collectif clarifie : « Nîmes ne parle pas en notre nom. Nous sommes nombreux et nombreuses à refuser que notre ville soit complice de l’apartheid israélien. Il ne s’agit pas de rejeter un peuple, mais de refuser de collaborer avec un État qui oppresse ». Une lettre ouverte a été envoyée à la Ville en ce sens*.
Astrid Antolin, 28 ans, militante pour les droits trans et engagée pour la Palestine, abonde : « À Nîmes, en 2023, une campagne contre le jumelage menée par plusieurs associations avait déjà tenté de faire bouger la mairie, sans succès. Le contexte a évolué, il y a un génocide en cours à Gaza, et l’urgence de la situation nous a poussés à lancer une nouvelle campagne, comme c’est le cas partout en France ».
La ‘Coalition stop jumelages’, lancée fin 2024 à l’initiative d’Urgence Palestine Marseille, et regroupant des mouvements issus de plusieurs villes militant pour la « rupture des liens avec l’état israélien », est un exemple selon Astrid, du « renouveau de cette mobilisation ». La militante lance un appel : « toutes les associations, syndicats, partis, mais aussi les individus qui partagent ces principes sont les bienvenus à nos côtés ». Le collectif n’entend pas baisser les bras en cas de fin de non-recevoir, d’autres actions pourraient voir le jour. Une pétition en ligne a été lancée.
*Premiers signataires : AFPS Nîmes, APTI, Chorale Féministe Les Simones, Collectif Décolonial Nîmois, Collectif Antiraciste Nîmois, Collectif Nîmois Antifasciste et Queer, Collectif Travail Social du Gard, Comité Nîmois de soutien aux Soulèvements de la Terre, LDH Nîmes, Organisation de Solidarité Trans Nîmes, UJFP Nîmes, CNT Gard, Confédération Paysanne du Gard, Solidaires Etudiant-es Nîmes, SUD Edu.