Nîmes Métropole : aéroport de Nîmes, contournement Ouest, gare… Entretien avec Franck Proust

Selon Franck Proust, président de Nîmes Métropole, le temps n'est pas aux candidatures pour 2026.
© Linda Mansouri / InfOccitanie. Franck Proust, président de Nîmes Métropole.

InfOccitanie : Pourriez-vous citer trois évènements marquants pour le territoire en 2024 ?

Franck Proust : Il est difficile de les hiérarchiser. A côté du Carrefour de Nîmes Ouest, vous avez un très beau bâtiment blanc, une station qui va sécuriser en eau la partie Ouest de la ville, soit 40 000 habitants… Je pense à la baisse de la TEOM (Taxe d’enlèvement des ordures ménagères, ndlr) de 10%, la résultante des efforts des concitoyens. Je cite également le renouvellement de la flotte de bus avec l’amélioration des lignes, ou l’ouverture de la ligne de transport en site propre pour la Vaunage… 2024 a été une belle année !

InfOccitanie : Malgré la conjoncture économique nationale et les économies imposées aux collectivités ?

Franck Proust : Connaître un mandat où vous avez à la fois le Covid, une situation géopolitique hors du commun, la conjoncture inflationniste qui nous a mis en difficulté, ne serait-ce que pour l’électricité avec la piscine Nemausa, c’est éprouvant. On nous a demandé de faire 3,5M€ d’économie en fonctionnement et 1,5M€ en investissement, malgré cela, nous investissons à hauteur de 130M€ dans le cadre du PAPI (lutte contre les inondations, ndlr). Nous sommes une référence en termes de financement, au regard de notre convention signée avec la Banque européenne d’investissement, compte tenu de notre santé financière et de notre trajectoire. Cette convention nous permet d’emprunter à de meilleurs taux d’intérêt.

InfOccitanie : Contournement Ouest de Nîmes, regrettez-vous un désengagement financier des partenaires ?

Franck Proust : L’Etat a diminué sa participation financière de 50 à 30%. Il a été demandé aux collectivités de compenser cette baisse de dotation. Dans le cadre du nouveau CPER (Contrat plan Etat-Région, ndlr), les participations de la Région Occitanie et du Conseil départemental du Gard sont passées de 16,66% à 15%. Nîmes Métropole a dû augmenter la sienne à 40%. Il est unique en France de constater que pour un projet d’Etat, l’Agglo est le principal financeur ! Le 1er juillet dernier, le secrétaire général de la préfecture de Région nous a envoyé la liste des projets retenus, le CoNîmes n’y figurait pas ! Le lendemain, j’ai écrit un courrier afin de faire un avenant et d’augmenter la participation financière de Nîmes Métropole. Le CoNîmes a finalement été réintégré. Je rappelle qu’il s’agit de désenclaver la première entreprise du département, le CHU, soit 7000 employés plus les visiteurs, et de désencombrer notamment Saint-Césaire et l’avenue Kennedy.

Suite à la publication de cet article, la Région Occitanie a fait parvenir à notre rédaction une réaction au sujet du CoNîmes : « Dans un contexte budgétaire très incertain, la Région Occitanie maintient ses engagements sur le projet du CONIM, dont l’inscription figure au CPER sur la période 2023-2027. Elle participe au financement des études et des acquisitions foncières, nécessaires à la réalisation du projet, à hauteur de 0,9 M€ (soit 15% d’un montant global de 6 M€. Les 6 M€ correspondent à l’enveloppe globale « tous partenaires »). D’ailleurs, cette participation de la Région à hauteur de 15% demeure dans la même proportion que celle envisagée dans le précédent CPER pour la période 2015-2020. Témoin de la cohérence de sa mobilisation depuis le début du projet et même si les besoins réels en financement sont aujourd’hui méconnus.

La Région Occitanie continuera de soutenir ce projet, et ce malgré la situation budgétaire que connaissent actuellement le pays et l’ensemble des collectivités territoriales donc. Mais comme annoncé il y a plusieurs semaines, elle arrêtera de palier les désengagements de l’Etat, notamment dans la réalisation d’infrastructures de transport. Il est important de rappeler qu’en 2023 et 2024, la Région a subi près de 210 M€ de baisses imposées par l’Etat et non compensées. En 2025, l’Occitanie devrait subir une nouvelle perte estimée de 187 M€ : 47 M€ d’impact des décisions antérieures de l’Etat et 140 M€ concernant le Projet de loi de finances 2025 en cours d’examen ».

InfOccitanie : Vous avez dernièrement eu une réunion avec le ministre des Transports, que s’est-il dit ?

Franck Proust : Le travail devrait se concrétiser dans les semaines à venir entre Vinci et l’Etat. A partir de là, le ministre a assuré qu’il ferait tout pour inscrire le projet nîmois en priorité. Il faut travailler par étape, si l’on a le barreau A9-RD40, cela solutionnera bon nombre de problèmes. J’étais aux vœux du CHU, l’effectif passera à 8000, nous avons également un gros projet Ouest et le marché Gare. Le CoNîmes est indispensable.

InfOccitanie : Troisième voie entre la gare Nîmes Pont-du-Gard et la gare centre, quelle feuille de routes en 2025 ?

Franck Proust : Cela dépend du SERM (Services express régionaux métropolitains de Montpellier, ndlr). Il y a 24 projets, l’Etat doit en retenir 10. Il faut ensuite définir une enveloppe… Je rappelle que j’ai inscrit le déplacement de la gare Saint-Césaire dans le CPER, au cas où cela ne se ferait pas dans le SERM. L’idée étant de créer une dynamique : Saint-Césaire-Feuchères ; Feuchères-Nîmes Pont-du-Gard. Le jour où il y a aura la ligne Montpellier-Perpignan, sur la ligne Paris-Madrid financée par des fonds européens, avec une gare à Valence et une autre à Montpellier Sud de France, le conducteur ne pourra pas se permettre de perdre 22 minutes jusqu’à Nîmes centre. Si l’on n’avait pas positionné cette gare, dans 5, 10, 15 ans, on aurait regardé le train passer, croyez-moi !

InfOccitanie : ouverture de la ligne vers Genève depuis l’aéroport de Nîmes, Genève Aéroport a jugé l’annonce « prématurée » et dit regretter « le manque de concertation ». Le groupe Nîmes citoyenne à gauche est monté au créneau, déclarant : « Ce couac illustre une nouvelle fois la façon de faire de l’exécutif de Nîmes Métropole : faire le buzz sans se préoccuper de la faisabilité et des conséquences de ses décisions ». Que leur répondez-vous ?

Franck Proust : le problème avec Vincent Bouget et les élus communistes, c’est qu’ils se réjouissent quand il y a des difficultés. J’ai été dans l’opposition au Conseil général, je me suis toujours réjoui de ce qui était positif pour le territoire. Je n’ai pas appelé l’aéroport de Genève, ce n’est pas mon rôle, j’ai un délégataire avec qui je signe une DSP (Délégation de service public, ndlr) et un objectif de 400 000 voyageurs par an. On me dit que c’est « débile » d’atterrir à Barcelone. Je rappelle que ce sont des hubs européens, demain, le monde entier qui arrivera à Nice pourra venir à Nîmes. Un euro dépensé pour l’aéroport, ce sont 40 euros de retombées économiques sur le territoire.

InfOccitanie : zone d’activités économiques Magna Porta, des entreprises se sont-elles engagées à s’y installer ? Si oui, lesquelles ?

Franck Proust : j’ai quitté l’Agglo en 2014 et suis revenu en 2020. Rien n’avait été fait sur cette zone entre temps. Nous avons décidé d’ouvrir 60 hectares, dont 40 constructibles, je dois donc trouver 200 hectares de compensation. Nous avons accéléré avec le maire de Manduel le PLU et fait un appel à projets avec NGE chargé de trouver des entreprises. Nous avons reçu des pré-lettres d’engagement. La lourdeur administrative française empêche la réactivité des entreprises qui préfèrent s’installer en Italie par exemple. Vous aurez les noms des entreprises au deuxième semestre 2025, c’est une promesse.

InfOccitanie : baisse de la TEOM, gratuité des transports pour les séniors, des mesures électoralistes ?

Franck Proust : le transport à Nîmes Métropole est déjà gratuit à 83%. Le contrat nous coûte 52M€ et nous avons 8M€ de recettes. Des recettes qui nous permettent de renouveler la flotte. Dans les villes qui ont adopté la gratuité, soit il y a eu un retour en arrière, soit la qualité du service a diminué. A partir d’un certain âge, vous pouvez avoir des difficultés à utiliser votre voiture, selon votre capital santé. La baisse de la TEOM est légitime puisque l’on partage les fruits de la politique menée et des efforts des concitoyens.

InfOccitanie : qu’est-ce qui vous empêcherait de vous présenter aux municipales de Nîmes en 2026 ?

Franc Proust : le devoir, l’envie et les circonstances. Ma priorité est d’engranger un maximum de concrétisations afin de réconcilier les concitoyens avec la politique. Je suis conscient de tout ce qu’il reste à faire, mais regardez comment Jean-Paul Fournier a transformé la ville ! J’ajoute que lorsque nous avons une Agglo de 260 000 habitants, avec une ville centre qui pèse 60% de la population et 80% des recettes fiscales, le maire doit être le président de Nîmes Métropole.

InfOccitanie : Julien Plantier, premier adjoint du maire de Nîmes, a annoncé sa candidature pour 2026. Fait-il cavalier seul selon vous ?

Franck Proust : est-ce que l’envie d’être maire suffit ? J’appartiens à une équipe dont le chef est Jean-Paul Fournier. Julien m’a appelé pour me dire qu’il allait annoncer sa candidature, je lui ai dit que ce n’était pas la bonne stratégie, ni le bon timing. Le maire lui a dit la même chose. J’ajoute que de nos jours, il est nécessaire d’avoir un peu de réseaux à Paris et Bruxelles. On voit combien les fonds européens sont importants. Concernant l’investiture LR, la commission nationale se réunira avant ou après l’été et choisira parmi les candidatures…

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