En comparution immédiate ce lundi 24 mars, Yassine B. a été reconnu coupable des faits qui lui étaient reprochés. Cet homme de 27 ans, natif d’Alger, en France depuis six ans, était bénéficiaire d’un titre de séjour « en cours de renouvellement » au moment des faits. Célibataire sans enfant, il reconnait avoir été en possession d’une arme factice mais dément toute volonté d’agresser la conductrice, précisant avoir voulu lui « montrer que c’était un pistolet pour enfant ».
« Il l’a bien pointée vers moi »
Les faits se sont déroulés le 20 mars dernier, sur la ligne 15 du réseau de la TaM. Rapidement alertées par le bouton d’urgence, les forces de l’ordre sont intervenues sur place. « Je fais mon travail avec bienveillance, j’aime profondément mon métier », confie à la barre la conductrice victime de violence. Elle détaille les circonstances : « je suis à l’arrêt Sainte-Catherine, avenue de la Justice de Castelnau. J’aperçois à l’extérieur ce monsieur tout en noir, avec le visage quasiment dissimulé et une capuche noire. Il prend une arme de sa sacoche et la pointe vers moi. Je précise qu’il n’a pas voulu simplement la présenter, mais il l’a bien pointée vers moi, c’était délibéré », témoigne-t-elle face au juge.
« Il a fait mine de recharger son arme »
« Traumatisée » par l’évènement, elle n’ouvre pas les portes du bus transportant une quarantaine de passagers, et décide de poursuivre la route jusqu’au prochain feu rouge. « Je pensais que l’affaire allait en rester là, mais je le vois dans mon rétro droit en train de courir derrière le bus. Je le vois donner des coups de pied à l’angle du bus, il ressort son arme et fait mine de la recharger. Même si l’arme était fausse, je ne pouvais pas savoir […] Je ne dors plus la nuit », ajoute la victime qui s’est vue octroyer une ITT de 3 jours. La conductrice décide alors de griller le feu rouge. « Je ne pouvais pas risquer la vie des mes passagers, ni la mienne », juge-t-elle. Elle poursuit : « Ce n’est pas un crachat, c’est une arme, j’ai eu la peur de ma vie ! »
Une OQTF délivrée par le préfet
Aussitôt placé en garde à vue, une carte individuelle d’admission à l’Aide médicale d’Etat est retrouvée sur Yassine B., ainsi qu’un chargeur à billes, précise le juge. Le 21 mars dernier, le préfet de l’Hérault émet une Obligation de quitter le territoire français l’encontre de Yassine B.
« Vous comprenez qu’un pistolet puisse impressionner ? »
A la barre, Yassine B. précise que le pistolet factice était à un enfant, qui l’aurait ôté afin que l’enfant ne puisse pas « faire de bêtises à l’école » avec. « Vous comprenez qu’un pistolet puisse impressionner ? Pourquoi vous ne l’avez pas rangé pas dans votre proche avant de monter dans le bus ? », interroge le juge tout en brandissant la photo de l’arme de poing noire ressemblant à une arme classique.
« Oui c’est ma faute, c’est vrai […] C’est la première et dernière fois, je ne le referai plus », insiste le prévenu. L’homme n’avait pas le droit d’être armé, puisqu’il avait été condamné trois semaines plus tôt pour un vol aggravé. Alors porteur d’une bombe lacrymogène, il avait écopé d’une interdiction de détenir ou porter une arme pendant cinq ans. « On vous retrouve un mois plus tard ici, cela pose question sur votre parcours ! », interpelle le juge. « Auriez-vous ouvert la porte du bus si vous aviez été à la place du conducteur ? », interroge l’avocat de la plaignante, Maître Jean-Louis Demersseman.
Des incivilités « de plus en plus fréquentes »
« Non, je n’aurai pas ouvert la porte », répond l’accusé qui écope de 8 mois d’emprisonnement contre 15 mois requis contre la procureure avec mandat de dépôt, laquelle avait relevé « une absence totale d’empathie vis-à-vis de la victime ». Le prévenu est maintenu en détention. Au titre du préjudice moral, il devra verser 3 000 € à la victime et 1 € symbolique à la Tam. La conductrice se dit satisfaite de la décision mais pointe les incivilités « de plus en plus fréquentes dans les transports en commun à Montpellier ». « Je trouve toute de même que la demande d’un euro symbolique de la direction est légère », regrette Laurent Murcia, secrétaire FO TaM. Son témoignage vidéo ci-après.