InfOccitanie : Quel regard portez-vous sur la gestion des clubs sportifs par la Métropole de Montpellier ?
Philippe Saurel : Après mon mandat de maire/président, nous avions laissé les caisses pleines et la Métropole de Montpellier était première ville sportive de France, à égalité avec Paris pour les hommes, première ville pour le sport féminin. Depuis cinq ans, on assiste à une dégringolade incroyable. Je passerai sur les chicayas entre la Ville et la Fédération française de natation, mais quand même… Nous n’avions jamais eu de problème à l’époque avec des fédérations nationales de sport ! C’est une dégringolade de l’image de la Ville, et derrière, de l’économie qui va avec et de l’engouement des jeunes pour s’investir. Aujourd’hui, on a l’impression que la Métropole traite le sport de haut niveau un peu comme la Capitale européenne de la culture, au-dessous de la jambe…
InfOccitanie : Le président du Montpellier Hérault Rugby (MHR), Mohed Altrad, a menacé de quitter le GGL Stadium, en délocalisant les entrainements à Béziers. Il dénonce un manque de soutien de la Ville concernant les infrastructures du club. Une menace efficace selon vous ?
Philippe Saurel : Ma conception des relations avec Mohed Altrad est simple. Je parle du club, je mets de côté les affaires politiques. Je n’oublie pas que nous avons été Champion de France une seule fois dans notre histoire, en soulevant le Bouclier de Brennus. Altrad, en tant que président financeur, et son staff ont largement contribué. Il faut mettre l’église au centre du village. Il existe aujourd’hui des problèmes concernant le stade en mauvais entretien, les vestiaires et la salle de musculation mal entretenus, le tout appartenant à la Métropole.
InfOccitanie : A l’époque de votre présidence, vous non plus n’aviez pas voulu céder les terrains autour du stade GGL…
Philippe Saurel : Cela n’a rien à voir, je ne pouvais tout simplement pas le faire. J’avais modifié, avec l’accord des Montpelliérains, le trajet de la ligne 5 du tram, desservant le quartier Ovalie, en passant sur le parvis du GGL Stadium. Il m’était impossible de vendre les terrains tant que la ligne de tram n’était pas constituée.
InfOccitanie : Qu’un équipement public appartienne à un acteur privé ne suscite chez vous aucune appréhension ? L’exemple nîmois n’est pas très réjouissant…
Philippe Saurel : Que le stade de rugby appartienne à Mohed Altrad, je ne suis pas contre, moyennant une organisation solide. Comme j’étais en faveur que Nicollin soit propriétaire du stade à Cambacérès à l’époque de ma proposition. Il peut y avoir plusieurs actionnaires, la Ville pourrait être partenaire, il y a plusieurs possibilités juridiques. Au-delà des discours bling-bling, il est déplaisant de constater l’état archaïque de l’équipement aujourd’hui.
InfOccitanie : Passons au football, le bilan est-il selon vous aussi morose pour le MHSC ?
Philippe Saurel : C’est la double peine. En plus de tomber en 2e division, la majorité actuelle leur a fait miroiter pendant six ans un nouveau stade, en vain. Je veux bien que l’on dise « Philippe n’a pas fait le stade à l’époque ». Sauf que j’en ai parlé en 2017, juste après, il y a eu le Covid et je n’ai pas été réélu… Le premier terrain proposé par la Ville à Pérols était frappé de transparence hydraulique. Il était inapte à recevoir de l’équipement public, l’urbanisme ne le permettait pas. La Ville l’a quand même proposé alors qu’elle connaissait très bien l’inconstructibilité.
InfOccitanie : Alenka Doulain (groupe MUPES), milite pour conserver le stade à la Mosson, en l’intégrant pleinement dans la rénovation urbaine du quartier. Etes-vous du même avis ?
Philippe Saurel : C’était inscrit dans le programme de rénovation urbaine sous ma mandature. Le trait du périmètre passe derrière le stade pour l’intégrer avec la piscine. Sauf qu’à l’époque, nous avions évalué le programme à 1 milliard d’euros, pas à 500 millions comme la municipalité actuelle. Le stade de la Mosson est construit en zone rouge du PPRI (plan de prévention des risques naturels d’inondation, ndlr). ll est en plus vétuste. Il faut le déménager, trouver un endroit cohérent, non frappé d’inondabilité. J’ai essuyé deux fois les inondations sur ce stade en 2014 et 2015 avec 4m d’eau. Quant aux discussions de construction autour du parc expo de Pérols, il faudrait m’expliquer comment on arrive à délocaliser le stade de la Paillade en zone rouge du PPRI, pour le construire à proximité de… l’étang de l’Or ! Les études montrent que dans les années à venir, le niveau des cours d’eau va monter, construire des équipements publics en bord de la mer ou des étangs est inconscient et révèle un manque d’anticipation du dérèglement climatique.
Infoccitanie : Vous estimez que la Métropole abandonne le tennis, sur quoi vous appuyez-vous ?
Phillippe Saurel : L’Open Sud de France a été sauvé grâce à la Région, pas un seul sou de la Métropole n’a été mis sur la table. La Métropole a également abandonné le tennis féminin avec l’Open International Féminin à Grabels qui se tenait tous les ans. Au final, nous avions deux tournois internationaux, l’un a été sauvé par la Région pour trois ans, merci Carole Delga, l’autre a été purement et simplement supprimé du calendrier.
InfOccitanie : Natation, pourquoi dénoncez-vous un traitement « injuste » vis-à-vis de Philippe Lucas, l’entraineur ayant quitté le Montpellier Méditerranée Métropole Université Club natation ?
Philippe Saurel : On constate que, depuis, les nageurs passés sous la coupe de Lucas portent avec brio les couleurs de Montpellier. Beaucoup de nageurs ont été médaillés à la fois au niveau national et pendant les JO. J’en veux pour preuve Anastasiia Kirpichnikova, qui vient de décrocher deux titres de championne de France en nage libre. Philippe Lucas s’est fait remercier par l’équipe actuelle, je trouve cela profondément injuste et dommage.
InfOccitanie : FISE, handball… Un dernier mot ?
Philippe Saurel : Bravo au président Deljarry qui a sauvé l’honneur en gagnant la Coupe de France cette cette année. J’avais travaillé sous mon mandat au projet de Halle des sports à Cambacérès. Avec l’ex entraineur du club, Patrice Canayer, nous avions longuement réfléchi sur le plan et l’organisation. Depuis, la Ville n’a fait que quelques aménagements du stade René-Bougnol, et supprimé son nom illustre pour le remplacer par FDI… Le stade est sous dimensionné et vétuste. Les joueurs et le public auraient mérité une halle des sports dans un quartier très accessible, à proximité de l’aéroport, du tram, des autoroutes… Quant au FISE, nous sommes passés d’un évènement gratuit avec 700 000 spectateurs, à 300 000 entrées payantes cette année. La manifestation pour les jeunes a donné place à un rassemblement élitiste…