Le jeudi 14 novembre, une perquisition a été menée à la mairie de Montpellier par la police judiciaire, afin de récupérer des documents et enquêter sur des agents sans affectation et des soupçons de détournement de fonds publics. Les réactions des opposants politiques se succèdent sur la toile.
La première affaire concernerait des emplois présumés fictifs, à savoir près de 8% de la masse salariale de la mairie, environ 300 agents seraient concernés. Selon l’hebdomadaire Marianne, la seconde enquête viserait la rémunération, par un montage complexe, de l’ancien directeur de cabinet de Michaël Delafosse. Les magistrats financiers s’interrogeraient sur la légalité de ce montage, qui pourrait être qualifié en détournement de fonds publics et de recel (notre article ici).
« J’alerte sur les pratiques de gestion du personnel à la mairie de Montpellier »
Alenka Doulain, présidente du groupe Mupes (Montpellier Union Populaire Ecologique et Sociale) exige de son côté des « explications » . Dans un communiqué, la conseillère municipale réagit : « Depuis le début du mandat, j’alerte sur les pratiques de gestion du personnel à la mairie de Montpellier. Au regard de ces révélations graves, je demande au maire Michaël Delafosse de s’expliquer publiquement sur ces affaires. J’ai réclamé à de nombreuses reprises en séance du conseil municipal le salaire et la composition exacte des membres du cabinet sans avoir de réponses. La ville et ses habitants méritent une gouvernance transparente qui garantit une administration municipale responsable et juste ».
« Pour cacher quoi ? »
Arnaud Matarin, porte-parole du mouvement Nous sommes Montpellier, abonde en ce sens : « Depuis 2020, Alenka Doulain et le groupe Mupes demandent la publication de la liste des fonctions et des rémunérations des collaborateurs de cabinet de M. Delafosse. Qui a TOUJOURS refusé. Pour cacher quoi ? » De son côté, Julia Mignacca, porte-parole des Ecologistes à Montpellier enchérit : « Faits graves s’ils sont avérés : 297 emplois et la rémunération de l’ex-directeur de cabinet de M. Delafosse suspectés. Les Montpellierain·e·s méritent la vérité ! » Rhany Slimane, coordinateur du groupe Mupes, s’est également saisi de l’affaire : « Il est tôt pour tirer des conclusions, mais si les investigations menées et la justice confirment les suspicions, cela voudrait dire que de l’argent destiné à l’aide sociale a servi à payer le directeur de cabinet de Michaël Delafosse qui bénéficiait, déjà, d’un salaire très confortable. Cela pose des problèmes d’ordres juridique, moral et politique ».
« Faire livrer des boîtes de Smecta »
Activiste et ancien candidat à la mairie de Montpellier en 2020, Rémi Gaillard y est allé de son franc-parler : « Je suis en train de faire la tournée des pharmacies de Montpellier pour livrer une palette de boites de Smecta (médicament utilisé en cas de de diarrhées, ndlr) à la mairie de Montpellier, ils risquent d’en avoir besoin jusqu’à la fin du mandat… » Et d’ajouter : « quelque part, je le respecte. Il nous traite de connards avec panache et audace, je ne peux que m’incliner », tout en concluant : « je passe le bonjour à son ancien directeur de cabinet… et rendez-vous en 2026 ! »
« Le coût de l’absentéisme annuel de 33 millions d’euros interpelle »
Salim Jawhari, élu au sein du groupe d’opposition « L’Alliance », insiste sur un point : « Il y a eu aussi une augmentation exponentielle de la masse salariale entre 2020 et 2021 pour 11,8 millions d’euros ». Par communiqué, l’expert comptable et par ailleurs président de la commission des finances de la ville de Montpellier, poursuit : « Le coût de l’absentéisme annuel de 33 millions d’euros interpelle aussi. Un absentéisme particulièrement important avec, en moyenne, 44 jours par agent et par an. Il faut noter que la masse salariale de la ville de Montpellier est plus importante que dans d’autres communes de taille comparable. Nous n’avons cessé d’alerter sur cette situation anormale, en conseil municipal, par courrier, lors des commissions des finances mais aussi par voie de presse. Nous n’avions jamais été entendu ».
Quid de la rémunération de l’ancien directeur de cabinet ?
Concernant la gestion de l’effectif dudit cabinet, Salim Jawhari commente : « La chambre régionale des comptes avait relevé aussi des anomalies et une opacité de gestion de l’effectif du cabinet du maire. L’information sur les effectifs manque de transparence, même pour les services préfectoraux, car elle n’est pas retranscrite dans le tableau des effectifs. Aussi, elle reprochait des fonctions administratives mélangées à la fonction politique avec une délégation de signature donnée au directeur du cabinet qui était interdite par la loi. Le montage financier de la rémunération de l’ancien directeur de cabinet, qui était rémunéré au-dessus de la réglementation, était dans le viseur de la chambre régional des comptes. Le maire de Montpellier doit des explications aux Montpelliérains sur ces affaires. Était-il au courant de ces agissements ou son administration lui a-t-elle caché? »
Thierry Tsagalos, responsable RN Montpellier, réclame également des comptes : « Cette gestion calamiteuse sous Michaël Delafosse révèle une gabegie sans précédent. Pendant que l’argent public est jeté par les fenêtres, les Montpelliérains subissent l’insécurité et des services publics dégradés. Il est temps de dire STOP à cette dérive institutionnelle ! Nous exigeons des explications immédiates et des sanctions exemplaires. Montpellier mérite une gestion honnête et efficace au service de ses habitants, pas des privilèges pour des élus et leurs proches ».
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