Montpellier : la mairie freine-t-elle des quatre fers avec Quartier Généreux ?

Droit de terrasse, frigo solidaire, marché de Noël, quand le café associatif Quartier Généreux à Montpellier se heurte à un mur.
© Linda Mansouri / InfOccitanie. Des bévoles de Quartier Généreux, Montpellier. .

2 Quai des Tanneurs, l’association à but non lucratif Quartier Généreux tisse du lien dans une société aux inégalités croissantes. Voilà près de trois ans que l’équipe de plus de 400 bénévoles multiplie les événements citoyens de toutes formes, de la table ronde au café à savourer au chaud en refaisant le monde. « Chaque mois, deux apéros sont organisés pour accueillir nos nouveaux bénévoles, les prochains sont les 3 et 10 novembre prochain, à 19h », partage Aurélie, bénévole qui nous reçoit avec le sourire.

Plus de 400 bénévoles, 195 évènements à l’année

Le sourire, l’équipe qui fonctionne en gouvernance partagée s’efforce à le conserver. Et ce, malgré les retours négatifs de la mairie, ou les demandes restées lettres mortes. Au regard des anecdotes qui vont suivre, une question brûle les lèvres : la Ville de Montpellier, gouvernée par l’édile socialiste Michaël Delafosse, ne freine-t-elle pas des quatre fers quant au développement de Quartier Généreux ? Sollicitée par nos soins, la Ville n’a pas répondu à nos questions à ce sujet.

Au service des habitants et des associations

Quartier Généreux, ou QG pour les adeptes, se veut un lieu « engagé, éminent politique et culturel ». Le café associatif se met aux service des habitants, mais également d’un maillage d’autres d’associations variées. En 2024 par exemple, le QG organisait une soirée de collecte de fonds pour les 60 ans du Planning familial de l’Hérault. « Nous sommes des alliés, ils ont besoin de soutien », confie notre hôte. Le QG expose ouvertement son militantisme contre l’extrême droite, elle épaule par exemple l’Observatoire des libertés de Montpellier (affiliée à la Ligue des droits de l’Homme), ou la Cellule anti-répression, des organisations luttant contre le parti frontiste. « Il n’y a qu’à voir ce qu’il s’est passé le 18 septembre dernier lors de la manifestation à Montpellier », narre Titouan, autre bénévole faisant référence à une enquête ouverte par le parquet de Montpellier sur des violences (lire notre article ici).

Oxfam, NPA, Terra Solidaire, Planning familial

De temps à autre, le QG accueille des personnalités politiques, tel que l’Insoumis Rhany Slimane (co chef de file LFI à Montpellier pour les municipales), pour un échange sur les problématiques des locataires des quartiers propriétaires, ou bien le NPA, Nouveau parti anticapitaliste. Le 15 novembre prochain, un vide dressing sera organisé au QG, en soutien à Terra Solidaire, qui oeuvre au profit de familles en Palestine. QG accueille également Oxfam Montpellier.

« On ne défend aucun candidat »

Anastasia, bénévole également, défend ce modèle : « le QG, c’est la justice sociale, l’humanisme, l’ouverture à l’autre. C’est aussi montrer que des lieux existent en dehors de la société de consommation ». Aurélie tient à clarifier : « On ne fait pas campagne pour des groupes politiques, on se positionne sur des idées programmatiques, dans la pluralité, hors extrême droite. On ne défend aucun candidat pour les municipales ».

« Le QG a été pensé initialement pour avoir une terrasse, c’est inscrit dans notre bail »

Au Quartier Généreux, les ressources économiques proviennent essentiellement du bar, viennent ensuite les actions de type collectes de dons ou tombolas. D’ou la demande de l’association auprès des services de la mairie de disposer d’une terrasse sur le parvis du QG, l’espace étant largement disponible pour y disposer plusieurs tables. Le sujet des terrasses est devenu en quelques semaines brûlant, nourrissant les tensions entre certains élus d’opposition et l’exécutif. Le dossier a été parachuté en conseil municipal par l’élue Alenka Doulain (MUPES), les bénévoles sont allés jusqu’à improviser une terrasse devant la mairie afin d’interpeller l’exécutif et l’opinion publique, en juin 2025.

« Le QG a été pensé initialement pour avoir une terrasse, c’est inscrit dans notre bail », plaide Aurélie. Bourges a raflé le titre de Capitale européenne de la Culture, au grand dam de Montpellier, et devinez quoi… « Bourges dispose d’un café associatif qui a bien une terrasse ! », fulmine Titouan qui salue le soutien de la mairie de Bourges à son tissu associatif. « Ce n’est donc pas si compliqué de changer quelques alinéas dans la loi de la municipalité, tout comme Paris, Lyon, et d’autres communes l’ont fait », estime Aurélie.

En 2022, débute un long parcours de croix. Un premier recours gracieux resté sans réponse, puis une demande administrative est formulée à la Ville, qui répond par la négative. La raison ? L’association ne dispose pas de numéro Kbis. « Notre demande n’est même pas passée en commission d’attribution des droits de terrasse », fustige Aurélie. Dans la demande, les bénévoles y argumentaient la nécessité d’une terrasse, et ce même si le lieu n’est pas à caractère lucratif. Une terrasse qui serait donc située à l’intersection de plusieurs quartiers habités par beaucoup de jeunes aux petites bourses.

« Il n’était visiblement pas ravi que l’on aborde le sujet »

En 2024, lors d’une « soirée conviviale » organisée au Parc Rimbaud, réunissant notamment le gratin socialiste montpelliérain, Aurélie prend son courage à deux mains et interpelle le locataire de la Maison bleue à la fin de son discours. « Il n’était visiblement pas ravi que l’on aborde le sujet, lui qui se trouvait dans son bain joyeux. Il a tenté de décrédibiliser notre parole en arguant que l’une d’entre nous avait été par le passé sur une liste, c’est faux », oppose la bénévole. Finalement, un membre de l’équipe du maire rattrape les militants afin d’arrondir les angles, d’après les bénévoles. S’en suivra une réunion informelle avec des « représentants de la mairie » qui se déplaceront au QG. « Ils nous promettent alors qu’ils seront les médiateurs de notre parole auprès du cabinet », se souvient Aurélie.

L’extrême droite, « un argument politique »

Le 13 janvier 2025, une réunion est organisée entre l’adjoint du maire, délégué à la tranquillité publique, Sébastien Cote, et le bureau de l’association. « Il nous répond qu’il va réfléchir à notre demande de terrasse », indique Aurélie. Depuis, rien de nouveau sous le soleil, malgré un mail de relance. L’argument avancé en conseil le 13 avril 2015 provoque l’ire des bénévoles : « ils ont répondu que si la mairie donnait un droit de terrasse à QG, alors toutes les associations d’extrême droite auraient l’opportunité d’avoir une terrasse », expose Aurélie qui hurle au scandale. « Cet argument de l’extrême droite ne tient pas. On fait une demande pour avoir une terrasse, ce n’est pas acquis. La mairie est légitime à accepter ou non, cela passe en commission », oppose la bénévole.

Lors de la manifestation du 1er mai 2025, rebelote, les bénévoles interpellent le maire. Après un échange « fuyard », « il nous dit faire en sorte de trouver la bonne formule », narre Aurélie qui gagne alors un peu d’optimisme. Depuis, aucun signe de vie. « L’espace public est à qui, il doit être au service de qui ? », interrogent les bénévoles qui ont lancé une pétition cumulant plus de 2700 signataires.

Marché de Noël, frigo solidaire et QG mobile…

Autre point d’achoppement, un frigo solidaire inauguré le 24 mai dernier, voué à trôner devant le café. Depuis, le frigo qui devait servir aux nécessiteux est toujours entreposé dans le local. « La municipalité a refusé l’installation du frigo solidaire devant le QG », un refus « soulignant les obstacles rencontrés par les initiatives solidaires face à une gestion de l’espace public répondant à une logique marchande et déconnectée des réalités sociales », déplore le café associatif. Puis, il y a le dossier du marché de Noël. Aux prémices, une initiative louable, créer un marché devant le QG, mettant en valeur les artisans et artistes locaux. La demande d’autorisation d’espace public a été refusée en 2023 et 2024 selon ses dires. « On aimerait le faire le 13 décembre prochain, on ne sait pas si ce sera possible… ».

Outre le marché, une autre proposition de QG a visiblement été malmenée. « En 2024, on a participé à une campagne de budget participatif pour un QG mobile. Mais au dernier moment, on s’est rendu compte qu’il avait été effacé des propositions. Personne n’a donc pu le voter. On a fait un email et un appel à la Ville, on a du mal à avoir des réponses », rembobine Aurélie.

Antigone des associations, bienvenus chez les sportifs

Le coup de grâce est porté lors de l’Antigone des associations. Le café culturel QG se retrouvé relégué dans l’espace sport, deux années de suite, côté Rive du Lez, dans un endroit jugé peu visible. « Même si lutter pour avoir des réponses de la mairie est un combat, nous ne sommes pas une association sportive ! », rappelle ironiquement Aurélie. En 2024, on informe les bénévoles que leur emplacement doit servir à un « évènement ponctuel ». « On est allés voir à notre emplacement, il est resté vide toute la journée… », se souvient Aurélie. En 2025, même scénario, le QG est relégué aux sports. « Ça commence à faire beaucoup. On galère vraiment à mener nos actions. On ne fait pas juste des événements pour notre poire je rappelle », soufflent les bénévoles qui malgré tout « gardent le cap ».

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