Avant d’aborder l’édition du ZEvent 2025, quel bilan dresses-tu de l’édition 2024, organisée après une année de pause et avec une nouvelle formule, qui incluait des streamers en ligne et une collecte multi-associative ?
Un bilan hyper positif. On a eu une collecte incroyable, avec beaucoup d’intervenants associatifs, parce que, justement, la collecte a été multi-associative. Donc c’était vraiment bien. Et surtout, la cause était très importante. On a pu toucher plusieurs publics : les paysans, les étudiants, etc.
Le fait d’avoir les cagnottes en ligne était aussi hyper positif. On n’a pas exactement le montant exact que cela a rapporté, mais c’était proche des 1,5 millions d’euros sur les 7 à 8 millions, sans la vente de t-shirts. C’est un chiffre à ne pas prendre à la légère. De toute façon, c’était un premier test pour ouvrir encore plus cette année.
Tu le dis, l’objectif de l’année dernière était d’ouvrir le ZEvent à toutes et tous. C’est chose faite cette année avec l’ouverture généralisée. Peux-tu revenir sur cette décision plus en détail ?
Oui, absolument. Alors, ce n’est pas « toutes et tous » au sens large. En fait, ce sont tous les créateurs qui streament régulièrement sur Twitch. On l’avait déjà dit, mais le but n’est pas que quelqu’un qui n’a qu’un seul spectateur crée une cagnotte ZEvent, pour ne pas que l’on se retrouve avec 10 000 cagnottes ouvertes. On s’était dit qu’on aurait sûrement quelques centaines de streamers et c’est à peu près ce qui se passe. Je crois qu’on a environ 300 inscrits actuellement. Si on arrive à 500, ce sera déjà énorme. On peut faire plus, bien sûr, mais c’est le chiffre qu’on avait en tête.
Il faut garder à l’esprit que le ZEvent n’est pas un tremplin pour les streamers, c’est l’inverse : c’est le ZEvent qui a besoin des streamers. Le but, c’est d’inviter des personnes qui ont des communautés et qui sont sensibles à la cause, pour participer à cet effort commun et à cette cagnotte globale en créant de l’événementiel autour de la collecte. Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.
Alors cette année, le ZEvent s’engage pour huit associations qui viennent en aide aux aidants et aux patients. Comme l’an dernier, vous avez un thème global pour aider un maximum de personnes. Pourquoi s’intéresser cette année au domaine hospitalier et de la santé ?
On essaie toujours d’aider des causes qui ont besoin d’une collecte et dont on a l’impression qu’elles sont moins mises en avant par le grand public. C’est toujours un dilemme, car tous les combats sont légitimes. Mais depuis le Covid, cela faisait longtemps que l’on voulait faire quelque chose pour les aidants et les patients. Et je précise bien « aidants et patients », car les deux comptent énormément pour nous. Ce sont des gens souvent oubliés par la mise en avant traditionnelle. C’est un engagement que l’on voulait prendre depuis longtemps. C’est très important pour nous.
L’an dernier, lorsque le ZEvent s’engageait au sujet de la précarité, tu avais pointé la difficulté de trouver des associations capables de gérer un budget 8,9 ou 10 millions d’euros. Est-ce que cette réflexion s’est répétée cette année ?
Pas du tout. Dans la santé, tout coûte très cher, donc on aurait pu donner 10 millions à plein d’associations. Mais on voulait refaire du multi-collecte, car on trouve cela chouette d’aider à différentes échelles avec un montant pareil. On a contacté la Fondation de France, présenté notre projet, notre volonté de couvrir un large spectre en aidant un peu tout le secteur. Ils ont auditionné des associations, regardé celles qui pouvaient rentrer dans la démarche. Ensuite, avec le comité d’organisation du ZEvent, on a fait des sélections, échangé pendant des mois avec la Fondation de France. C’est comme cela que l’on a procédé. Toutefois, pour revenir sur cette multi-collecte et le budget des associations, on voulait absolument faire quelque chose pour les enfants. Mais, on a réalisé que c’était difficile d’avoir une association qui puisse recevoir une somme énorme. Donc on a encore divisé. Notre cinquième association, « le pôle enfance », est en réalité un regroupement de quatre associations : Le Rire Médecin, Sourire à la Vie, Envol et Sparadrap. Cela permet de rediviser pour les enfants. Au total, on a huit associations dont quatre regroupées en un seul pôle.
Avec l’ouverture du ZEvent à tous, certaines polémiques ont émergé sur les réseaux sociaux interrogeant sur les limites de cette ouverture. Vous avez donc publié une charte à ce sujet. C’était important pour vous de rappeler les conditions de participation aux créateurs de contenus ?
Oui, c’est la première année que l’on ouvre aussi largement et qu’on aura énormément de profils au ZEvent. C’est important de le préciser. On ne peut pas savoir qui est chaque personne, donc on a fait une charte pour rappeler que pendant trois jours, on est là pour une collecte, et c’est tout. Le but n’est pas d’exclure qui que ce soit, mais pour recentrer et dire « vous pouvez participer au ZEvent, c’est ouvert, mais attention comme c’est une collecte pour des associations, il y a certaines choses qui ne sont pas acceptables par rapport à nos valeurs et au fait que ce soit une collecte pour des associations. » Je pense que ceux qui suivent ZEvent depuis 10 ans ont trouvé cette charte logique. Mais pour nous, c’était nécessaire de la rappeler. Il nous fallait un cadre pour ne pas que cela sorte des limites. On est à 100% en phase avec cette charte. On l’applique un peu depuis toujours, elle était induite en interne. On a simplement décidé de la formaliser, parce qu’on ouvre à distance. Il fallait qu’un cadre soit posé.
En termes de logistique, comment le respect de la charte va être vérifié si, comme prévu, 500 personnes environ s’inscrivent en ligne ?
Il n’y a pas de vérification en amont. Si les gens respectent les critères (viewers minimum, heures de stream, etc.), ils peuvent s’inscrire. Ensuite, comme on ne va pas pouvoir vérifier tous les profils un par un, ce que les personnes ont dit dans les six derniers mois etc., il va y avoir peut-être des gens qui vont tenir des propos hors cadre. On agira évidement si des choses de la sorte se produisent dans le cadre de l’événement. J’insiste, « dans le cadre de l’événement », car notre charte stipule que l’on parle de comportements récents et répétés sur les réseaux sociaux, personnels et professionnels qui sont en contradiction avec les valeurs du ZEvent. Il ne s’agit pas de bannir quelqu’un car il a fait un tweet d’abruti en 2013 alors qu’on est en 2025.
Comment se passe la transaction et la gestion entre les cagnottes des streamers et la Fondation de France ?
Très bonne question. On a ajouté un petit texte en détail sur notre site pour expliquer cela. Les streamers ne sont jamais intermédiaires de collecte et ne touchent jamais l’argent. Les dons vont directement à la Fondation de France, qui peut émettre un reçu fiscal. C’est très important. Car si on donnait aux streamers, c’est eux après qui feraient le don à la Fondation de France et qui recevraient un reçu fiscal. Évidemment, les streamers font souvent des dons eux-mêmes.
Revenons sur cette nouvelle formule. L’année dernière, c’était une édition « test », cette année elle appliquée. Pour toi, le ZEvent est-il sur sa « forme finale » ou peut-il encore faire évoluer sa formule ?
Franchement, j’espère que je ne répondrai jamais que c’est sa forme finale. C’est notre métier de suivre ce qu’il se passe, faire évoluer les choses, comprendre et maintenir ce qui va bien, changer ce qui va mal. On le fait chaque année. Il y a aucun ZEvent où il n’y a pas eu de nouveautés ou d’ajouts ou des choses retirées par rapport à l’année précédente. Le ZEvent n’aura jamais sa forme finale. Le marathon de trois jours ne bougera pas, mais tout le reste peut changer. Ce sont des curseurs à ajuster.
Penses-tu qu’à l’avenir davantage d’événements physiques vont voir le jour lors des ZEvent, comme d’autres regroupements de streamers ou des événements sportifs, musicaux, culturels ?
Oui, je l’espère. Et c’est déjà arrivé. Il y a des bars qui nous ont déjà contacté par exemple pour dire que les bénéfices de tel cocktail sont reversés dans la cagnotte. Des collèges ou des facs font aussi des collectes, un peu à l’image du Téléthon. J’ai déjà vu des dons de 200 euros, par exemple, passer sur mon live avec le message « résultat de la vente de crêpes dans tel collège ». C’est absolument génial. On a créé le ZEvent pour que ce soit un événement fédérateur où l’on est tous unis pour la même cause et répandre du positif. C’est pour cela que ça existe.
Peux-tu nous parler du concert du 4 septembre ? Il y a IAM, Alonzo… des artistes majeurs. Comment cela s’organise ?
À l’heure où on se parle, il reste moins de 500 places sur 5 500. L’an dernier, on était 4 000. Cette année, il y a déjà plus de 5 000 places vendues, donc c’est super. Ce n’est pas moi qui contacte les artistes, c’est quelqu’un de l’équipe qui presque exclusivement dédié à cela. On s’y prend entre 8 et 14 mois à l’avance. Parfois, ce n’est pas assez, mais c’est complexe car le monde de la musique ne fonctionne pas à la même vitesse que le nôtre, donc a très régulièrement des artistes qui nous disent qu’ils auraient aimé participer mais qu’ils sont déjà occupés à ces dates. On essaye de faire de mieux en mieux, et ce n’est pas pour rien que l’on arrive à avoir des artistes de plus en plus incroyables, même s’il n’y a pas d’échelonnage. On est très contents d’avoir IAM, Alonzo, mais aussi Carbonne et l’Orchestre Curieux qui fera le premier concert mondial de Clair Obscur : Expedition 33 !
Cette année, en plus des t-shirts, vous vendez aussi des cartes, des vestes à capuche. C’est important pour vous d’essayer de renouveler la boutique ?
Oui, on essaie d’étoffer pour que les gens aient des trucs différents dans leur garde-robe. L’an dernier, on a lancé un t-shirt collector doré, c’est la première fois que l’on changeait les couleurs. Cette année, on ajoute une carte (façon Pokémon) car c’est un peu la mode et c’est plus facile à produire qu’un mug par exemple. On a aussi une veste à capuche, et on va aussi essayer de proposer des t-shirts pour enfants. Diversifier la boutique c’est important pour nous, pour ajouter davantage d’argent à la cagnotte, qui est le but premier.
Pour suivre le ZEvent, rendez-vous sur la chaîne Twitch des participants. Toutes les informations du ZEvent sont à retrouver sur le site zevent.fr.