Montpellier : « Je suis prêt à être maire », confie Denis Agret

A 49 ans, Denis Agret s'est déjà engagé en politique à Montpellier en 2020. Habitant de la commune, celui qui exerça en tant que médecin urgentiste nourrit des ambitions pour 2026...
© Linda Mansouri / InfOccitanie. Denis Agret annonce vouloir se présenter aux municipales de Montpellier. .

InfOccitanie : Comment vous décrire en quelques mots ?

Denis Agret : J’ai 49 ans. Je suis né à Montpellier, j’ai grandi à Saint-Clément-de-Rivière. J’ai étudié à la Faculté de médecine de Montpellier dans le cadre de mon internat, j’ai également été à Paris, puis me suis orienté en médecine d’urgence à Perpignan. Je connais bien Montpellier, ville dans laquelle j’habite aujourd’hui.

InfOccitanie : De la médecine à la politique, il n’y a qu’un pas ?

Denis Agret : En réalité, en 2020, je me suis aperçu à quel point la politique dictait les mesures que les médecins avaient le droit d’appliquer dans leur cabinet. Je me suis retrouvé en politique par la force des choses. En septembre 2020, au regard des mesures très coercitives liées au Covid – des masques, de la distanciation – , j’ai émis des réserves et alerté sur certains risques, ce qui m’a valu beaucoup de déconvenues*. On m’a dit à l’époque que si je souhaitais changer les choses, il fallait que je m’engage en politique… Soit.

InfOccitanie : Quels ont été vos premiers pas en politique donc ?

Denis Agret : Je m’étais engagé lors des départementales en juin 2021 où j’avais été en binôme sur le canton de la Paillade. Ensuite, je me suis engagé lors des élections régionales avec Lassalle, toujours en juin 2021. Ma posture, comme maire potentiel de Montpellier, est celle de prendre soin de la population, loin des calculs politiques trop fréquents aujourd’hui.

InfOccitanie : Vous avez entamé une tournée des communes de la Métropole, en quoi consiste-t-elle ?

Denis Agret : En six jours, j’ai fait le tour des 31 communes à vélo. J’ai donné rendez-vous à des personnes devant les mairies ou à d’autres endroits. J’ai rencontré énormément d’habitants avec des attentes variées, parmi lesquelles manger sainement, trouver des emplois, améliorer le pouvoir d’achat… J’ai aussi beaucoup discuté avec des secrétariats de mairie. Je me rends compte qu’en fonction des endroits, certaines mairies ont plus ou moins de latitude pour entreprendre comme elles le souhaitent. Puis il y a l’associatif, à Cournonterral par exemple, j’ai échangé avec l’association « Mer veille » qui emploie des gens pour nettoyer la mer et les ruisseaux des déchets plastiques. Du côté des maires, j’ai discuté avec celui de Vendargues qui m’a partagé une idée intéressante : planter des arbres dans les bassins de rétention.

InfOccitanie : Quels sont vos chevaux de bataille ?

Denis Agret : J’ai grandi ici dans les année 90, on croulait sous les fruits et légumes accessibles. Il faut ramener une résilience locale pour du circuit court et des prix corrects. La Ville pourrait par exemple recruter des agriculteurs comme on recrute des policiers municipaux, et leur mettre à disposition des terrains pour cultiver et transmettre. Quartier Beaux-Arts à Montpellier par exemple, le stade du Lieutenant-Normand est l’équivalent d’un hectare et demi laissé à l’abandon, pourquoi ne pas le consacrer à l’agroécologie ?

InfOccitanie : Le plan « 50 000 arbres » impulsé par le maire M.Delafosse ne répond-il pas à quelques attentes ?

Denis Agret : ll nous faut des arbres feuillus, certes, mais pas que. Il faut planter des amandiers, des grenadiers, des figuiers, des oliviers, diversifier les plantations pour diminuer le risque de maladie. La Métropole, ce sont 420 km. de superficie. Comment peut-on organiser notre espace pour nous nourrir ? Des terrains d’oliviers pourraient être communaux, avec de la volonté, on pourrait redynamiser ce secteur.

InfOccitanie :  Le PLUi-C voté en conseil sanctuarise deux tiers des terres notamment agricoles et naturelles selon la Métropole. Qu’en pensez-vous ?

Denis Agret : Ce que je constate aujourd’hui, c’est que le nombre de producteurs a énormément diminué, des terres sans producteurs, c’est tout de même problématique. J’aimerais également attirer votre attention sur la présence humaine pouvant diminuer le risque incendie puisque les sous bois sont, de fait, entretenus.

InfOccitanie : Vous touchez du doigt un problème multifactoriel concernant la crise agricole : accords de libre-échange, mille-feuille administratif, négociations de la grande distribution, évolutions de la consommation, etc. Un maire n’a pas de baguette magique…

Denis Agret : Oui bien sûr, j’en suis conscient. Justement, la question est de savoir comment les personnes au pouvoir se positionnent face à cela, quelles sont les solutions pouvant être apportées à l’échelle municipale, communale ? Il en existe beaucoup. Des actions peuvent être entreprises dans ce territoire de 500 000 habitants. Il faut que l’on puisse travailler ensemble pour la communauté.

InfOccitanie : Vous militez pour une « résilience écologique », quelles seraient vos mesures en tant que maire ?

Denis Agret : On a vu notre fragilité pendant le Covid avec le coût du gaz et de l’électricité. Nous avons dans la Métropole et dans la ville des milliers de m2 de toiture de surface commerciale, de bâtiments publics, il faut produire de l’électricité localement pour plus de résilience. Il faut accélérer là-dessus, trop peu de choses ont été faites. En plein été, les panneaux photovoltaïques peuvent monter à 120 degrés…

InfOccitanie : Alenka Doulain (MUPES) dénonce l’effet « d’hypermétropolisation », entrainant une surpopulation dans la Métropole, au grand dam du reste de l’Hérault considéré comme délaissé. Êtes-vous du même avis ?

Denis Agret : Je connais Alenka Doulain et Rhany Slimane, j’étais avec eux lors des municipales de 2020 au sein du mouvement « Nous sommes ». Evidemment que l’hyconcentration ne fait qu’exacerber notamment les problématiques d’insécurité. A l’inverse, les espaces plus ruraux ont beaucoup plus de résilience car proches de la nature. Comme il y a des flux vers la Métropole, entrainant par ailleurs de bouchons infernaux à l’entrée de la ville de Montpellier, on pourrait imaginer des flux inverses en recréant de l’emploi en dehors de la Métropole.

InfOccitanie : Vous abordez la problématique de l’insécurité à Montpellier par le prisme de la santé mentale. Pouvez-vous developper ?

Denis Agret : Je rappelle que le maire est également président du Conseil d’administration du CHU de Montpellier. Il faut renforcer les partenariats autour de la santé mentale. Une personne qui se fait agresser sur la Comédie, ce n’est pas qu’un fait divers, c’est plus grave. On ne peut ignorer les problématiques de drogue, d’alcool, d’addiction en tout genre, de marginalisation, de mal-être en société… C’est ma vision issue de la médecine et mon parcours de santé publique qui parlent, un esprit sain dans un corps sain. Et surtout, il vaut mieux prévenir que guérir, lorsqu’on voit à quel point les prisons sont surpeuplées et les tribunaux engorgées. Idem pour les personnes qui vivent dans la rue, je n’en ai jamais vues autant, il faut les aider à travers des contrats de réinsertion.

InfOccitanie : Quel bilan faites-vous de l’action de Michaël Delafosse, maire-président de Montpellier ?

Denis Agret : Sans doute quelques bonnes mesures ont été prises. Mais de manière globale, la betonnisation amorcée dans les années 2000 est catastrophique. Il faut ralentir très fortement dessus, sanctuariser les terres pour le maraîchage par exemple. Je vois des bureaux éclore de partout, de grands programmes immobiliers vers Sud de France, un derrière la mairie, alors que des friches sont laissées à l’abandon autour de Montpellier. Le bâtiment de l’Ancien Musée Agropolis est laissé à l’abandon, je suis passé à côté il y a peu. J’ai discuté avec un architecte urbaniste qui a travaillé à Lyon et Montpellier, le constat est sans appel, il faut réhabiliter l’existant et arrêter avec les programmes neufs facilités par des dispositifs de défiscalisation…

InfOccitanie : Êtes-vous aujourd’hui candidat à la mairie de Montpellier en 2026 ?

Denis Agret : Oui tout à fait, je suis candidat à la mairie de Montpellier, je suis prêt à être maire. J’ai une dizaine de personnes à mes côtés, nous avons jusqu’à janvier 2026 pour constituer une liste et trouver les 69 collistiers. Je lance par ailleurs un appel à toutes les personnes qui serait intéressées pour un projet commun afin d’améliorer le quotidien des habitants, des personnes issues du juridique, de la communication, de la comptabilité. Des personnes intéressées par l’agroécologie, les mobilités… On a besoin de réapprendre à se faire confiance, j’aimerais sortir de cette logique politique des gens qui travaillent qu’avec leurs copains….

InfOccitanie : Une élection se gagne également sur la notoriété du candidat. Vous êtes pour l’heure, peu connu, comment y remédier ?

Denis Agret : Mon intention est de faire le tour des quartiers de Montpellier. Je trouve que les partis politiques aujourd’hui sont devenus des marques. Il faut s’afficher avec un nom fort et des personnes très compétentes en communication. Ce que je veux surtout amener, ce sont des valeurs, afin de recréer la confiance. J’ai déjà rencontré Isabelle Perrein déclarée candidate, je connais Philippe Saurel, qui n’a pas fait montre de candidature pour le moment. Je suis ouverts aux échanges.

InfOccitanie : vous situez-vous sur l’échiquier politique ?

Denis Agret : Souvent, on me demande mon idéologie. C’est plutôt une question d’idées. Je veux m’inscrire dans autre chose que des programmes politiques classiques qui rabâchent les thématiques de sécurité, de surveillance, de social, etc. J’ai envie de responsabiliser les citoyens, de les amener à faire des efforts sur leur santé par exemple.

*Denis Agret a été radié de l’Ordre des médecins. Il a fait appel au Conseil d’Etat et attend la décision.

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