Du Zénith au parc des expositions, Pérols pour l’inhumation en famille. Michel Fromont aura eu droit à un hommage digne de ce nom. Il faut dire que l’octogénaire, originaire d’un petit village de la Sarthe, seul titulaire d’un certificat d’étude, « c’était assez exceptionnel dans ces petits villages », nous souffle son fils Yann Fromont, a nourri une carrière riche en responsabilités et dévouement. Tantôt à la présidence du tribunal de commerce de Montpellier, de la fédération départementale du bâtiment, de la CCI régionale ou du conseil de surveillance de l’aéroport de Montpellier…

« Il ne faisait pas de différence entre les êtres humains »

Dans le hall du parc des expositions, un auditoire de presque mille personnes, toutes vêtues de noir. Pourquoi un tel consensus ? « Papa était parti de rien. Quand il rentrait dans un immeuble pour un rendez-vous avec le PDG ou le directeur au dernier étage, il avait déjà fait copain avec le taxi, puis plaisanté avec la dame à l’accueil. Quand il sortait de l’immeuble, les gens avaient du respect », narre avec émotion Yann Fromont, acteur industriel à l’échelle européenne et mondiale, résidant dans la région. Le temps ne semble pas estomper son empreinte dans les esprits. A l’annonce de sa disparition, « cinq ou six greffiers ont écrit une lettre, mon père n’y était plus depuis 30 ans », souligne Yann Fromont reconnaissant. Michel Fromont recevait environ « une quinzaine de visites par jour » en clinique, pour prendre des nouvelles ou rendre hommage au passé.

Franc-maçonnerie, Cercle Mozart, CCI, Aéroport de Montpellier

« Il ne faisait pas de différence entre les êtres humains, il essayait de résoudre le problème quelle que soit la personne qui s’adressait à lui, un peu comme un soigneur », se remémore Philippe Saurel, ancien maire de Montpellier, aujourd’hui élu d’opposition (Montpellier citoyens). Une amitié de longue date dont l’élu garde un souvenir réconfortant : « nous nous connaissions depuis les années 90, cela faisait 30 ans à peu près. On a toujours été proche, on pouvait compter l’un sur l’autre »

« Un peu comme un soigneur »

« Papa était gaulliste. Il aidait tout le monde, mais ne demandait rien en retour ». Quelques fois approché par des tiers pour endosser des rôles politiques, « il a toujours refusé pour garder son indépendance ». Issu d’un milieu modeste, dans le sillage des bombardements en Normandie, Michel Fromont est d’abord ramoneur, puis à 16 ans devient apprenti plombier. Direction l’armée, suivi d’un poste à responsabilité à tout juste 22 ans : chef de chantier. Il créera par la suite sa société de travaux à Pérols en 1968, chapeautant jusqu’à 70 salariés.

D’un milieu modeste jusqu’aux plus hauts grades

Michel Fromont, officier de l’ordre national du Mérite et de la légion d’honneur, a su s’illustrer au travers de moult réseaux, à commencer par celui de la franc-maçonnerie, en arrivant au plus haut niveau de fraternité. En 2009, il crée le Cercle Mozart à Montpellier, décliné à Béziers, Sète, Nîmes, Aix… Parmi les personnalités présentes aux obsèques, le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, la présidente de région, Carole Delga, ou encore Hélène Mandroux, ancienne maire de Montpellier. Philippe Saurel, présent parmi les porteurs, notera : « des personnes de toutes origines sont venues rendre hommage, des gens aux plus illustres ».

En présence d’une ministre déléguée

Patricia Mirallès, ministre déléguée aux Armées au sein du gouvernement, ne figurait pas aux côtés des institutionnels. « Nous l’avons volontairement intégrée avec la famille, papa la connaissait depuis toute petite, c’était important pour nous« , détaille Yann Fromont. Surtout, des centaines d’anonymes se sont émus, des adeptes de sport, « mon père a beaucoup sponsorisé de clubs », des ouvriers, des chauffeurs… « Le Cercle Mozart, c’étaient des gens de tous bords, mon père a touché toute la société », conclut Yann Fromont, non sans fierté.