Il ne s’agit pas des sept péchés capitaux, ni des sept merveilles du monde, mais bel et bien des « sept mesures » portées par le mouvement politique Cause commune à Montpellier, à l’approche des municipales. Un socle programmatique pour un changement radical de « logiciel », détaillé par quatre porte-voix du mouvement montpelliérain, dont deux anciens membres du mouvement « Nous sommes » lancé lors des municipales de 2020.
Montpellier, « une ville à deux vitesses »
Face à la presse, au coeur du Broc café, les militants contextualisent. A l’aune des crises nationales – « spéculation, chômage endémique, pauvreté, dérèglement climatique » – Cause commune et ses centaines d’habitants militants entendent bien faire de Montpellier une ville « refuge », au moyen d’une alternance franche. « C’est d’autant plus important à Montpellier, ville à deux vitesses, avec d’un côté la carte postale, la ville instagrammable, de l’autre côté la ville des quartiers laissés sur le bas-côté », assène en préambule Alenka Doulain, porte-parole du mouvement, élue d’opposition Ville et Agglo. La candidate aux municipales de 2020, alliée à l’homme d’affaires Mohed Altrad au second tour, appelle à une rupture avec l’exécutif, à rebours des mesures « cosmétiques ». « Ce n’est pas une question de tête de liste, mais de construction d’un projet, d’une vision commune pour Montpellier », rétorque Alenka Doulain questionnée à ce sujet. L’élue, proche de LFI, entend privilégier le programme, pierre angulaire de Cause commune pour un « renouveau démocratique », et une « réforme de la ville », plaçant la participation citoyenne au coeur de la matrice. Objectif ? « Mettre Michael Delafosse hors d’état de nuire », abonde de son côté Soufyan Heutte, militant et porte-parole de Cause commune.
Transparence, contrôle citoyen, limitation des privilèges des élus
La première mesure exposée ? Recréer de la confiance en la politique, reconnecter l’habitant aux pôles décisionnaires. Pour ce faire, Soufyan Heutte avance… le référendum révocatoire ! Ce dernier s’appliquerait à un maire ne respectant pas ses promesses électorales, au risque de perdre son mandat. La confiance se gagne sur le terrain de la rémunération également, il s’agit ainsi de revoir à la baisse le salaire du premier magistrat. « Un maire n’est pas là pour s’enrichir, mais pour servir l’intérêt général, il faut en finir avec cette baronnie socialiste », appelle de ses voeux Soufyan Heutte, écrivain et militant pour les quartiers prioritaires.
Lancement d’une « Agence immobilière à vocation sociale »
Deuxième pilier, ô combien nécessaire, à la vie des Montpelliérains : se loger dignement… Voire se loger tout court. « Nous proposons de créer une agence immobilière à vocation sociale, qui fera l’interface avec ceux qui en ont besoin », expose Alenka Doulain. Parmi ses missions, cette agence jouerait un rôle d’interface sociale, impliquant la mise en relation entre les propriétaires et les bailleurs sociaux (ACM, Hérault Habitat, CROUS, etc.), mais également gérerait l’hébergement d’urgence en lien notamment avec la préfecture.
Accès à la nature, un « poumon vert » à l’Ouest
Troisième mesure : transformer le golf de Juvignac en grand parc métropolitain ouvert à tous. « C’est une pratique élitiste qui concerne peu d’habitants mais accapare 80 hectares sur un terrain public. Les habitants ont-ils été sondés à ce sujet ? Souhaitent-ils autre chose à cet emplacement ? », interroge Soufyan Heutte, lequel rappelle la situation des « 20 000 habitants d’un quartier populaire (La Paillade, ndlr), confrontés à des logements surchauffés et à un manque d’espaces verts ». Les idées ne manquent pas en lieu et place du grand golf : « camping municipal, ferme pédagogique, jardins partagés, potager familial, théâtre de plein-air… » ?
Plan 10 000 emplois
Côté économie, Cause commune dégaine « un plan 10 000 emplois », servant une économie au service des « besoins essentiels » (alimentation, énergie, soin, rénovation), des emplois « utiles et locaux ». Marc Nougier, qui accompagne des associations au financement, ainsi que des projet agricoles, présent dans l’aventure « Nous sommes », expose : « MedVallée et l’Agence de développement économique, on ne comprend pas grand chose… En attendant, 20% de la population ici est au chômage, il faut mettre fin à cette politique d’attractivité qui ne fonctionne pas ». Pour ce faire : Cause commune propose de relocaliser l’économie et l’emploi des Montpelliérains en accompagnant le développement de filières qui « font l’avenir du territoire, qui répondent localement aux besoins des habitants et pouvant créer des milliers d’emplois durables à l’échelle de la Métropole ». Quelques exemples : l’énergie solaire générerait 1000 emplois (assemblage, maintenance et production locale pour le photovoltaïque et les batteries), la mobilité douce en générerait également 1000 (service public de vélo-taxi, construction et réparation de vélos, logistique urbaine décarbonée.). Sont concernés également : l’alimentation locale, la rénovation du bâtiment, l’économie circulaire, le textile, le tourisme durable…
Faire de la lutte contre « l’évitement scolaire » une priorité municipale
Rendre toutes les écoles attractives, lutter contre les contournements de carte scolaire, redonner confiance au public, voilà l’autre ambition de Cause commune. « Il y a de gros problèmes avec l’école publique, on observe une ségrégation scolaire qui impacte notre société, la façon dont on vit tous ensemble », déplore Anne Bisson, porte-parole, investie à Montpellier lors dernières législatives. Cette dernière propos un plan volontariste pour rendre attractives les 30 écoles faisant le plus l’objet de « stratégie d’évitement ». Parmi les actions proposées : la création d’un « Observatoire municipal de la mixité scolaire », en lien avec l’Éducation nationale, et la création « d’un véritable choc d’attractivité en doublant notamment les budgets des projets éducatifs ».
EDM (Energie de Montpellier) : un fournisseur public local
Créer un fournisseur public local d’énergie pour garantir des prix stables et accélérer la transition écologique, Alenka Doulain en est persuadée, Montpellier « ville solaire » doit pouvoir vivre « sans se ruiner ». L’un des objectifs ? Baisser la facture énergétique des Montpelliérains de 10% en 5 ans grâce à une énergie 100% locale, renouvelable et éthique. Cause commune entend stabiliser les prix : « une offre sans profits et à l’abri des spéculations des marchés mondiaux », et investir ici en direct dans les énergies renouvelables locales(solaire PV, thermique, etc.). Alenka Doulain de poursuivre : « Avec Énergie de Montpellier, la Ville reprend la main sur son avenir et son indépendance énergétique. EDM mise sur la planification et la protection de son approvisionnement afin de produire localement une énergie renouvelable, stable et aux coûts maîtrisés. EDM investit pour massifier et protéger son approvisionnement ». Pour ce faire : les militants entendent sécuriser un approvisionnement solaire à hauteur de 500 GW/h, donner la priorité aux grandes installations solaires, jugées plus rentables pour la collectivité, soutenir les habitants, copropriétés et collectifs citoyens pour installer leurs propres panneaux, qui contribueront directement à alimenter le fournisseur public local.
Un « Institut des histoires coloniales françaises »
Faire de Montpellier une « ville pionnière dans la reconnaissance de son histoire coloniale », avec un lieu de mémoire et de transmission, voici la 7e mesure de Cause commune. Des collections permanentes et temporaires viendraient raconter les « violences fondatrices de la colonisation, les résistances, les luttes d’émancipation, et les héritages contemporains, dans nos institutions, notre urbanisme, nos inégalités, nos imaginaires ». Un lieu qui abordera la colonisation dans toutes ses dimensions (Afrique, Asie, Caraïbes, Océan Indien, etc.) et ses « effets durables » sur la société française contemporaine, détaillent les militants. Concernant les transports et la politique de mobilité jugés largement déconnectés des enjeux dans la Métropole, Cause commune présentera un « contre-plan » se nourrissant notamment d’une série d’enquêtes de terrain. « On appelle tous les Montpelliérains à faire monter leurs doléances », conclut Alenka Doulain, lorsque Soufyan Heutte entend bien mettre fin au « partage du pouvoir comme un duc donnerait le duché à son fils ». A bon entendeur. Contacter Cause commune sur ses réseaux sociaux : Facebook, Instagram.