Montpellier : Cité Bergère, pot de terre contre pot de fer

À Montpellier, un projet immobilier menace l’exploitation maraîchère de la Cité bergère, une parcelle nichée entre des immeubles du centre-ville. Un collectif monte au créneau, jusqu'à interpeller les élus en marge du conseil municipal.
© Linda Mansouri / InfOccitanie. Collectif Cité Bergère devant la mairie de Montpellier, 16 octobre 2025. .

5.000, 10.000, 15.000… Ce sont désormais plus de 26 000 signatures qui sont venues garnir la pétition lancée par un collectif, appelant à préserver une parcelle privée, nichée entre des immeubles au cœur de Montpellier : la Cité bergère. « Ici, des légumes sont cultivés en rangées. Mais à la place des potirons, ce sont deux immeubles qui pourraient bientôt sortir de terre. Un permis de construire a en effet été affiché début août 2025 sur la grille de l’exploitation », indique le Collectif nommé ‘Préservons la Cité bergère’.

 « Ce sont deux immeubles qui pourraient bientôt sortir de terre »

Lucie, habitante du quartier Saint Lazare à Montpellier et membre du collectif, est plus déterminée que jamais. Devant la mairie, en marge du conseil municipal du jeudi 16 octobre 2025, elle brandit aux cotés d’une dizaine de militants une banderole afin d’interpeller les élus. La citoyenne déplore une parole non tenue : « Le maire M.Delafosse s’était engagé à préserver 100% de cette parcelle en terre agricole », pointant par ailleurs une considération écologique sacrifiée : « Il n’y a pas eu d’étude d’impact environnemental, du fait des risques d’inondation, de la biodiversité, etc. Une étude hydraulique a été commandée par le propriétaire, on réclame une contre-expertise ».

21 avenue Saint-Lazare, quartier des Beaux-Arts

La ‘Cité bergère’, terre agricole située au 21 avenue Saint-Lazare, quartier des Beaux-Arts, pourrait ainsi disparaître pour laisser place à deux immeubles de plus de 15 mètres de hauteur, projet confié à un promoteur, « détruisant ainsi un précieux terrain de maraîchage familial, dont les produits sont vendus aux habitants du quartier », alarme le collectif.

Deux immeubles bientôt construits ?

Parmi les risques de ce projet identifiés par les militants : « La transformation du paysage, l’aggravation des risques d’inondation suite à l’imperméabilisation des sols, l’amplification des nuisances sonores et du trafic routier, l’augmentation du nombre d’habitants dans le quartier sans accompagnement des services disponibles, la perte de biodiversité… ».

Quelles solutions ?

Lucie dit ne pas venir « en frontal » avec les propriétaires, « une famille qui détient la parcelle depuis des générations », mais réclamer surtout un dialogue. « Les propriétaires ont fait valoir qu’ils auraient aimé conserver la parcelle mais que les frais de succession sont trop importants. On aimerait connaître le montant pour pouvoir éventuellement proposer un autre modele économique », suggère Lucie. Parmi les pistes : « Un modele de société coopérative, un rachat de la mairie en vue d’un amortissement sur plusieurs années, un financement européen, l’aide de fondations, ou l’installation d’un maraicher en location ».

Droit à la propriété et « Charte de l’environnement »

Reste que la parcelle demeure privée… « Le droit à la propriété est inaliénable, en haut de la pyramide des normes, certes. J’aimerais également rappeler que la Charte de l’environnement est aussi en haut de la pyramide, dans le Bloc de constitutionnalité, pour le droit à un environnement sain ». Une mobilisation citoyenne aux allures de David contre Goliath s’est engagée pour préserver l’un des derniers espaces non artificialisé en centre, pouvant faire office de « bien commun ». Le projet passerait de 4000 à 1800m2 de surfaces agricoles exploitables, la proposition ne convainc pas. « Rien nous certifie que la parcelle restera, on n’a aucune garantie. Ils vont faire 69 logements, cela deviendra peut-être à terme un petit jardin partagé, puis ensuite cela pourrait disparaître », prévient Lucie.

Les élus interpellent le maire en conseil

En fin du conseil, un voeu est proposé par Alenka Doulain (élue d’opposition Mupes), dans le but d’arrêter « la cacophonie sur ce dossier, de le geler pour étudier les leviers juridiques à notre portée ». La porte-voix du mouvement Cause commune pour les municipales dénonce le contraste : « Je vois un vrai décalage entre le maire d’octobre 2023 qui, lors du projet d’implantation de Carrefour au Beaux arts, avait écrit au PDG de carrefour France en disant que ce n’était pas le Far-West et le maire d’aujourd’hui ».

« Une partie non négligeable est préservée et classée agricole », rétorque le maire

La même d’interpeller le maire-président : « Pourquoi n’arrivez-vous pas à avoir la même intention avec les promoteurs de notre territoire ? ». L’élue d’opposition EELV, Coralie Mantion va plus loin en réclamant que la Ville se porte acquéreur de la parcelle. « Comme Georges Frêche l’avait fait pour le parc Clemenceau à l’époque », propose l’élue, en dénonçant « 80% du territoire déjà urbanisé », tout en appelant à « fermer le robinet du béton ».

« C’était leur bien et nous avons réduit considérablement leur valeur »

L’occasion est trop bonne pour Michaël Delafosse, qui rappelle au sujet de cette parcelle : « Nous sommes passés de 100% dans l’ancien PLU à 20% constructible dans le nouveau PLUI, je remercie mes collègues qui l’on voté ». Le même de souligner : « Une partie non négligeable est préservée et classée agricole, y compris la façade patrimoniale. Les propriétaires privés de cette parcelle me regardent avec des gros yeux, c’était leur bien et nous avons réduit considérablement leur valeur ». Le locataire de la Maison bleue indique ne pas connaitre le prix de cession : « Nous n’avons pas de DIA* ». Une réunion aura lieu le 6 novembre prochain avec les acteurs concernés. Le voeu n’a, quant à lui, pas été soumis au vote, provoquant l’ire des deux élues citées plus haut. « Vous ne l’avez pas inscrit en temps. Ce sera l’objet d’une discussion au prochain conseil », tranche le maire.

*Lors de la vente de biens situés dans certaines zones définies, les communes bénéficient d’un droit de priorité (droit de préemption) pour acquérir ces biens en vue de réaliser des opérations d’intérêt général. Pour permettre la mise en œuvre du droit de préemption, le vendeur doit faire parvenir au bénéficiaire une déclaration d’intention d’aliéner (DIA).

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