En 2019, la Ville de Montpellier a entrepris l’important chantier de la ligne 5 de tramway qui reliera Clapiers à Grés, qui doit voir le jour à l’automne 2025. Dans le cadre de la pose des rails de la ligne 5, la circulation de ligne 3 de tramway a dû être interrompue l’été dernier en raison de travaux, entre les stations Jules Guesde et Observatoire. Cependant, une fragilité du parking Gambetta a été identifiée par la suite au niveau du virage de la future ligne, vers l’avenue Georges Clemenceau, près de la station Saint-Denis. Pour des questions évidentes de sécurité, de nouveaux travaux ont été menés dès le 6 janvier 2025. Ils doivent prendre fin le 16 mars.
Rebelote pour les commerçants du quartier
« Cela fait deux ans que nous sommes impactés par les travaux. C’est un éternel recommencement« , souffle Johanne responsable du Petit Comptoir, situé rue de Grand Saint-Jean. L’été dernier, les travaux s’étaient installés à seulement un mètre du commerce de Johanne, ayant un impact sur sa clientèle et son chiffre d’affaires. Aujourd’hui, même s’ils ne sont plus aussi proches, leur impact se fait quand même ressentir. « Notre chiffre d’affaires est en baisse nette, entre moins 80 voire 90 %. Le midi habituellement on fonctionnait entre 45 et 90 couverts, maintenant il y a des midis durant lesquels on ne fait qu’un seul couvert« , s’attriste la patronne.
Certains ouvriers compréhensifs
A quelques pas du Petit Comptoir, le constat est similaire pour Maxence propriétaire de l’enseigne de pizzas Slice Club, installé ici depuis décembre 2024. « C’est assez gênant, car à midi il y a des coups de disqueuse et de la poussière qui arrive sur les clients, donc c’est sûr que ce n’est pas la période la plus propice pour le buisness« , lance-t-il.
Juste au-dessus de son établissement, un échafaudage a été installé afin de rénover la façade. Ces travaux sont différents de ceux de la ligne 5 de tramway et ne sont pas gérés par la même entreprise. Fabrice Terme est le responsable de la société Solame Echafaudages, qui intervient sur ce bâtiment. Ce dernier est conscient de la période difficile que traversent les commerçants avec l’ensemble des travaux. « De notre côté nous essayons d’être proche des commerçants. Entre midi et deux on essaye de s’arrêter et je demande aussi aux ouvriers de manger sur place, s’ils peuvent se le permettre, afin que tout le monde y gagne« , explique-t-il.
« Nous sommes invisibles »
De l’autre côté de l’arrêt de tramway Saint-Denis, Théo, directeur du magasin Cabesto Montagne, situé au 3 cours Gambetta, voit son emplacement stratégique devenir totalement contre-productif. « L’entrée du parking souterrain est fermée depuis mai, compliquant l’accès pour les clients extérieurs. Avec l’arrêt du tram jusqu’à mi-mars, la situation empire« , décrit Théo. Au-delà de l’accès compromis, l’installation des engins de chantier devant se commerce le font presque passer inaperçu : « Les grandes barricades nous rendent invisibles. En bordure du centre-ville, les gens qui voient les travaux font demi-tour sans savoir que des commerces sont encore accessibles », regrette-t-il. » « Certains clients me disent même disent même parfois « on vient ici acheter des chaussures de randonnées mais il les faudrait déjà pour venir chez vous« , rigole le gérant.
Un appel à l’aide
Démunis, certains commerçants espèrent bénéficier de compensations financières de la mairie, d’autres on essayé d’alerter sur la situation, mais en vain. « On a pas reçu d’aides de la mairie, on a fait des demandes pour protéger notre terrasse durant les travaux. Toutes ont été refusées« , peste Johanne. Alors, la patronne interpelle directement Michaël Delafosse. « Si le maire passe par là, ce serait bien d’avoir une petite autorisation exceptionnelle, le temps des travaux, pour pouvoir protéger notre terrasse parce que si on ne peut plus la protéger, on ne plus protéger nos clients et donc notre travail« , affirme-t-elle.
Son voisin, Maxence, patron de l’enseigne Slice Club fait également part de ces « échanges un peu compliqué » avec la Municipalité. « On ne m’avait pas prévenu qu’il y allait avoir un camion pendant deux semaines pile devant le restaurant. Une personne est pourtant passée en nous donnant une carte et a affirmé que l’on allait pas être impacté. Mais finalement, c’est le cas« .
De son côté Théo salue l’accompagnement reçu pour la communication autour de ces travaux. « Ils ont installé des panneaux sur les grilles et nous ont donné une certaine liberté pour les nôtres, ce qui est honnête« . Toutefois, pour le gérant de la boutique d’équipements sportifs d’extérieur « le nerf de la guerre, c’est l’argent. Ces travaux nous causent d’importantes pertes, et nous avons besoin de compensations« . Des compensations qui « arrivent toujours trop tard, après de nombreuses démarches, tant en temps qu’en argent, avec des documents certifiés à chaque étape, et au final, on ne reçoit rien« , explique-t-il amèrement.
Un mal pour un bien ?
Même si la période est difficile pour les commerçants, ces derniers s’accrochent et savent qu’à l’issue de ces travaux, leur fréquentation repartira de plus belle, notamment grâce aux nouveaux aménagements. « On essaye de garder le sourire en se disant que ça ira mieux une fois les travaux terminer« , relativise Johanne. Un avis partagé par le gérant de la pizzéria pour qui le jeu la chandelle : « On sait que nous allons avoir une très belle place donc on tient bon. C’est un mal pour un bien« .
Contactée par notre rédaction, la Mairie de Montpellier n’a pas donné suite à nos demandes.