C’est l’heure du bilan. Le budget primitif voté de la Ville de Montpellier s’élève à 753M€, dont 505M€ de dépenses affectées aux politiques publiques. Il s’inscrit dans un contexte contraint « mais la Ville a fait des choix politiques forts : œuvrer en faveur de la transition écologique et solidaire, protéger les Montpelliérains les plus fragiles par le maintien du bouclier social et renforcer les efforts de gestion pour préserver l’épargne et soutenir l’investissement », promeut la majorité.
505M€ de dépenses affectées aux politiques publiques
Les dépenses d’équipement s’élèvent à 169 M€, cela « correspond à près de 1 700 emplois créés ou maintenus sur le territoire », insiste l’exécutif. Les taux de fiscalité restent stables depuis 2020, « ce qui nous différencie de 60% des villes de plus de 200 000 habitants, où ils ont augmenté », souligne Michel Aslanian, le rapporteur du budget. Dans une longue réponse politique aux divers intervenants en séance, le maire de Montpellier a conclu que « ce budget était un bon budget et que notre dette est saine ».
« Nous frôlons les 2 milliards de dettes ! »
« Ce qui caractérisera votre mandat, c’est votre addiction au poison de la dette, qui amputera notre capacité d’investissement futur. La question ne porte pas seulement sur la dette, mais sur l’usage que vous en faites. Vous allez achever votre mandat avec près de 2 milliards d’euros d’emprunts, entre la ville et la métropole. Je le répète, mes chers collègues : nous frôlons les 2 milliards de dettes », déclare au micro lors d’une intervention corsée, Salim Jawhari, du groupe Alliance progressiste et républicaine et président de la commission des finances de la Ville.
« Ces 8 arbres coûtent 3,5 millions d’euros »
Le même d’ajouter : « Vous prévoyez de tripler la dette de notre ville dans vos prévisions pour 2025, et de quadrupler celle de notre métropole en passant à 15 années d’endettement faisant ainsi dépasser le seuil d’alerte. La nouveauté, ce sont les dépenses exorbitantes et parfois irréfléchies, comme l’implantation des 8 arbres sur la place de la Comédie. Ces 8 arbres coûtent 3,5 millions d’euros, soit le prix de la construction de la crèche de l’université Paul Valéry, ou l’équivalent du cout de la construction de la crèche à la pompignane ».
Salim Jawhari déplore par ailleurs un budget sécurité trop faiblard : « Vous avez prévu 5 millions d’euros pour les investissements en matière de sécurité, ce qui représente seulement 2 % de votre budget d’investissement. La sécurité reste décidément le parent pauvre de vos budgets« . Le même d’abonder : « Vous avez, à grand renfort de communication, promis l’hôtel de sécurité, prévu en 2026 dans votre PPI (Le plan pluriannuel d’investissement, ndlr), mais vous l’avez décalé à 2028 par manque de financement. Vous avez préféré financer à hauteur de 57 millions d’euros des projets cosmétiques pour embellir la ville, au détriment des besoins vitaux des Montpelliérains ».
« En fait, vous ne dépensez pas trop, vous dépensez mal »
À gauche, Alenka Doulain, élue du groupe Mupes, dénonce la pertinence de certains choix : « En fait, vous ne dépensez pas trop, vous dépensez mal ». Ce à quoi Julie Frêche, adjointe aux mobilités, répond : « Vous nous reprochez tout et son contraire. Il y a des travaux dans tous les quartiers et, dans le même temps, vous nous accusez de les abandonner. Il faut savoir. »
« Investir n’est pas un gros mot, mais un beau mot »
Du côté du groupe de Philippe Saurel (Montpellier citoyens), Abdi El Kandoussi se projette dans un scénario pessimiste : « La prochaine équipe municipale aura les plus grandes difficultés à boucler un budget. » Même son de cloche pour Jacques Domergue : « La dette n’est pas un problème. Le problème, c’est de ne plus pouvoir en faire. »
« Notre dette est saine »
Julie Frêche vante une « bonne santé financière » de la collectivité, regrettant par ailleurs que personne ne salue la création de trois nouveaux groupes scolaires. Manu Reynaud, pour les écologistes, insiste : « Investir n’est pas un gros mot, mais un beau mot. » Le maire / président Michaël Delafosse a conclu en défendant une dette « utile », « contenue » grâce à la maîtrise des coûts de fonctionnement. Un audit des finances de la Ville et de la Métropole devrait avoir être rendu prochainement par un organisme indépendant, sur demande de Salim Jawhari.