Pédagogie sur la canicule
Les polémiques sont nombreuses sur le sujet de la canicule en cette période l’année. Chacun y va de son avis, sans réellement prendre le temps de consulter des sources fiables ! De nombreux internautes affirment, à tort, que « c’est l’été, c’est normal qu’il fasse chaud, on a déjà eu 45°C quand j’étais jeune, dans les années 80 ou 90 c’était pire, arrêtez avec votre canicule qui n’existe pas, etc… » Démêlons un peu le vrai du faux.
Canicule : 3 jours et 3 nuits, avec des seuils
En France, on qualifie de « canicule » une période très fortes chaleurs qui durent minimum 3 jours et 3 nuits consécutives et où la température minimale et maximale dépasse certains seuils. L’organisme de météorologie nationale, Météo-France, a établi ces seuils de températures par département, en collaboration avec l’Etat. Ils sont largement différents d’un département à l’autre, comme en témoigne l’infographie ci-dessous.
Le Gard, seuils les plus élevés
Par exemple, ces seuils sont de 22°C la nuit et 35°C en journée dans l’Hérault et l’Aude. Dans les Pyrénées-Orientales, le seuil est de 23°C la nuit, 35°C en journée. Dans le Gard, 23°C la nuit et 36°C en journée (seuils les plus élevés de France). Ces valeurs de températures doivent être atteintes durant trois journées et trois nuits consécutives pour que l’on puisse parler de « canicule ».
Des canicules qui se multiplient
Cependant, nous sommes habitués depuis les dernières décennies à ce que ces températures soient largement dépassées, plusieurs fois par an. D’où ce sentiment que les canicules se multiplient, qu’elles sont de plus en plus intenses, et c’est bel et bien, scientifiquement, le cas ! Parlons maintenant des normes de saison et des records.
Les normes de saison
Les « normes de saison » correspondent à une moyenne de la température observée au cours des 30 dernières années (1991-2020). Pour Nîmes et Montpellier par exemple, la température maximale moyenne pour un été entre juillet et aout est de 31°C à 32°C. Concernant les records, il faut savoir qu’en météorologie, nous avons une période de recul fiable avec des données vérifiées depuis 100 à 120 ans.
Les records de chaleur dans l’Hérault et le Gard depuis le début de ces relevés météorologiques sont de 44°C à 46°C, datant de juin 2019. Il n’a jamais fait autant chaud en région depuis les années 1920, au moins. La température moyenne maximale dans les années 70, 80 ou 90 n’excédait pas les 30°C à 32°C l’été ! Les étés les plus chauds depuis 1920 (au moins) sont ceux de 2003, de 2019, de 2020, de 2021 et de 2022.
Oui, la chaleur est de plus en plus intense
Sans tomber dans le catastrophisme ou en exagérant les effets du « dérèglement climatique », on peut, légitimement et de façon certaine, affirmer que les chaleurs sont de plus en plus intenses. Aujourd’hui, les 40°C sont régulièrement atteints et dépassés au cours des étés. C’est ce que l’on attend pour cette journée du mercredi 19 juillet dans les plaines gardoises et héraultaises.
Températures sous abri normalisé
Enfin, il est utile de préciser qu’en météorologie, la température se mesure sous abri normalisé. Par une station météorologique répondant à divers critères d’exposition, dont celui de l’ombre évidemment. Tous les thermomètres alternatifs (terrasses, pharmacies, véhicules, etc) ne donnent pas la réelle température. Les valeurs délivrés sont approximatives ou parfois largement surestimées, de plusieurs degrés, dès lors qu’ils sont placés au soleil.