Hérault : Pierre Soujol, « les classes moyennes reviennent à Lunel »

© Hérault : Pierre Soujol, « les classes moyennes reviennent à Lunel ». Crédit photo : Linda Mansouri .

Pierre Soujol, maire de Lunel, revient sur les enjeux sociaux et économiques de la commune de 26 000 habitants.

InfOccitanie : Comment votre équipe s’emploie à la revitalisation du cœur de ville ?

Pierre Soujol : c’est une politique qui nécessite d’affronter plusieurs thématiques. A commencer par la reprise de l’espace public, s’il est dégradé, personne n’a envie de s’y rendre. Cela nécessite de réhabiliter les logements, nous avons un cœur de ville paupérisé. Il nous faut trouver un rééquilibrage sociologique afin de faire revenir les classes moyennes. Nous travaillons à la dynamisation commerciale avec la venue de nouveaux magasins. Sans compter l’aménagement des voies pour rendre le centre-ville agréable et favoriser les déplacements doux.

Quelques exemples en matière de rénovation ?

La rue de la Libération sera bientôt rénovée entièrement, le Cours Gabriel Péri sera bouclé fin juin. Quant à la Place des martyrs de la résistance, elle sera ouverte aux piétons avec l’arrivée du marché alimentaire.

Quels commerces souhaitez-vous attirer ?

Nous cherchons des commerces atypiques, nous avons par exemple un vendeur de guitares flamenco, un libraire spécialisé dans les BD et mangas. L’idée est également de favoriser ce qui est artisanal ou artistique, telles que les galeries d’art. Je préfère ceci plutôt que des rideaux de commerces baissés. Le centre-ville compte environ cinquante commerces à ce jour.

Bénéficiez-vous de subventions au titre de la rénovation urbaine ?

Oui, dans le cadre de l’ANRU et de la reprise du cœur de ville. Avec les dispositifs d’Etat, l’investissement des privés et les subventions, 53M€ environ sont fléchés vers la rénovation urbaine de Lunel. La Région et le Département de l’Hérault sont de vrais partenaires à ce niveau. Nous faisons acquérir l’immobilier par un EPF, Etablissement public foncier, avant de lui affecter une destination, commerciale, de bureau ou relative aux logements.

Êtes-vous dans les clous de la loi SRU, Solidarité et renouvellement urbain ?

Non, nous n’avons pas les 25% de logements sociaux. Certains de nos logements sociaux ne sont pas comptabilisés en tant que tels, car ils méritent d’être rénovés et nous y travaillons. Nous avons une pénalité de 150 000€ par an. L’Etat considère toutefois que nous avons porté des projets permettant de résorber ce déficit dans le temps, nous avons montré patte blanche. Lorsqu’un programme immobilier est en projet, nous essayons d’y incorporer 30% de logements sociaux, je souhaite une vraie mixité sociale.

Qu’entendez-vous par rééquilibrage sociologique?

Un signe trahit notre pauvreté, nous sommes éligibles à la Dotation de solidarité urbaine et cohésion sociale émanant de l’Etat. Ici, plus de 65% de la population ne paie pas d’impôt. Il nous faut rééquilibrer la sociologie, avec des Lunellois ayant des revenus et participant à la consommation locale. Il ne faut pas oublier que toute commune doit développer des infrastructures pour ses habitants, une école, un complexe sportif, une médiathèque… Et cela a un coût. Nous avons enclenché une grosse opération de communication, nous remontons la pente progressivement, les classes moyennes reviennent. Il nous faut conserver notre jeunesse et notre matière grise, raison pour laquelle nous travaillons sur des zones économiques comme celle de Dardaillon.

La ville du quart d’heure, un atout sur lequel capitaliser ?

Absolument. Lunel est à un quart d’heure de la mer, de l’aéroport… A pied, le Lunellois est à un quart d’heure d’un hôpital, d’une clinique… La ville est particulièrement structurée avec un pôle santé qui se développe, un pôle multimodal… Les Montpelliérains vivent dans un appartement de 80 m² à 450 000€. A Lunel, pour ce prix, vous avez une villa avec piscine.

Comment attirer la jeunesse ?

Nous avons des vœux pieux et nous nous battons. Pourquoi ne pas ouvrir une école supérieure de commerce ou de médecine ? Nous pourrions ainsi créer des résidences étudiantes. La saturation de Montpellier aidant, nous aurons peut-être un jour cette population…

Quelques mots sur la Zone d’activités économiques des Portes du Dardaillon ?

Il est très complique aujourd’hui de sortir une zone économique, mais nous avançons. Il s’agit de 12 hectares, 26 lots, entre 30 et 50 entreprises, 350 à 400 emplois à terme. Le projet est entièrement financé par Lunel Agglo. La pré commercialisation débutera fin 2025, le projet sera livré au cours du mandat suivant.

Quelle politique menez-vous en matière de gestion des déchets ?

Nous avons été l’une des premières intercommunalités à mettre en place une TEOM incitative (Taxe d’enlèvement des ordures ménagères, ndlr). Depuis janvier 2024, les habitants ont l’obligation de trier les biodéchets. Des récupérateurs de biodéchets sont disponibles dans la ville. Nous avons installé deux zones de compostage, à la gare et au parc Jean Hugo. Cinq autres devraient suivre. On constate déjà moins de tonnage pour l’usine d’incinération. Plus on trie, moins on paye.

update FIL INFO 24/7

L'app InfOccitanie

Restez connectés

OBTENIR