Salvador Nuñez, directeur opérationnel Vinci Autoroutes du Contournement Ouest de Montpellier, revient sur le projet, ses oppositions et la feuille de route.
Conscient que le projet est « politisé » à souhait, notamment par des « activistes de la décroissance économique », l’ingénieur de formation persiste et signe. Le COM « améliorera le cadre de vie des habitants de Montpellier, Juvignac et Saint-Jean-de-Védas ». En somme, le premier projet pour lequel Salvador Nuñez a été contraint « d’annuler des réunions ou de prendre un service de sécurité en raison de comportements menaçants des opposants », regrette le directeur opérationnel de Vinci Autoroutes, à fortiori dans « un pays censé être démocratique. »
Déclaré d’utilité publique
Le COM, déclaré d’utilité publique par l’Etat, permettra de relier les autoroutes A709 et A750, et d’assurer une meilleure desserte de la zone urbaine de Montpellier depuis l’Ouest. Il consiste à réaménager en 2×2 voies, l’axe existant constitué de routes métropolitaines et de carrefours giratoires insuffisamment dimensionnées. D’une longueur de 6,2 km, le projet prévoit le réaménagement de l’échangeur avec l’A750 – RN109 au Nord, la création d’un nouvel échangeur autoroutier avec l’A709 au Sud et la modification des carrefours intermédiaires. Trois communes sont concernées : Juvignac, Montpellier et Saint-Jean-de-Védas. Un projet pour un coût de 270M€, visant à décongestionner le trafic « excessivement chargé depuis quinze ans » sur l’itinéraire actuel du COM qui compte 25.000 véhicules par jour, mais également sur l’Avenue de la liberté à Montpellier qui en recense 45.000. L’infrastructure ainsi réaménagée, entièrement sous financement ASF (Autoroutes du sud de la France), sera gratuite.

Un dernier sondage en faveur du COM
« Une fois par an, je fais un sondage pour recueillir les avis, au-delà des pensées véhémentes exprimées par certains opposants dont la représentativité questionne », commente Salvador Nuñez qui n’hésite pas à se rendre sur le terrain, comme auprès du comité de quartier nord de Saint-Jean-de-Védas. Selon la dernière enquête IFOP réalisée en septembre 2024 auprès de 809 habitants des quartiers ouest de Montpellier et des communes avoisinantes, 87 % des sondés se disent favorables au COM. Ce chiffre marque une progression de 1 point par rapport à 2023 et de 4 points par rapport à 2022.
Un COM avec deux particularités
« Le COM, à la différence d’autres projets tel que de l’A69, implique l’aménagement d’un itinéraire déjà existant, lui donnant une capacité à absorber plus de trafic, c’est tout l’objectif », détaille le directeur opérationnel. Le COM vise ainsi à accueillir le trafic initial contenu sur cet itinéraire et celui massif de l’Avenue de la Liberté à Montpellier. L’une des caractéristiques majeures du projet est l’intégration de voies réservées aux bus à haut niveau de service (BHNS), notamment pour la future ligne 4 du Bustram. Ces aménagements devraient améliorer les connexions intermodales, en lien avec les lignes de tramway existantes (lignes 1, 2, 3 et 5). Le COM s’inscrit par ailleurs dans la stratégie régionale de transport, notamment via le futur Service Express Régional Métropolitain (Serm), afin de renforcer l’intermodalité des transports.
« Les gens se trompent d’adversaires »
Reste que l’association Shifters, qui œuvre pour décarboner l’économie, regrette de ne pas avoir pu échanger sur les divergences de points de vue en matière de pollution, à l’occasion d’une réunion publique. « Je ne souhaite pas de débordements, je connais trop bien ces milieux activistes », pointe Salvador Nuñez qui a par ailleurs déjà reçu un représentant. « Le monsieur était très courtois. Lors de la parution du premier rapport, je n’étais pas du tout d’accord, cela ne m’a pas empêché de le recevoir et d’échanger sur ses théories », se souvient Salvador Nuñez. Pour ce dernier, « les gens se trompent d’adversaire », ajoutant : « Quand ils éditent un rapport, ils le nomment rapport sur Vinci, c’est faux, c’est un projet de l’Etat, mandaté par ce dernier », tient-il à clarifier. Un projet qui a par ailleurs recueilli l’adhésion des collectivités et de la Région.
Trafic induit, une « théorie controversée »
Les Shifters soulignent que l’étude initiale d’impact n’a pas pris en compte le phénomène de trafic induit — l’augmentation du nombre de véhicules due à l’amélioration des infrastructures routières —, ce qui conduit selon les Shifters à une sous-estimation des émissions de CO2 et des polluants atmosphériques. « Vous avez une note du Cerema à ce sujet. Le trafic induit est une théorie controversée, je ne dis pas qu’elle est juste ou fausse. On ne sait pas la quantifier, la modéliser, pour l’appliquer correctement », oppose Salvador Nuñez qui s’interroge. « Je suis épaté par la capacité des Shifters à faire des études de trafic, alors que les spécialistes de ce domaine en France se comptent sur les doigts d’une main et que l’Etat et Vinci Autoroutes ont mis plus de deux ans à en publier, avec des données fines d’analyse », pointe-t-il un brin sarcastique.
« 5 fois le budget CO2 de la métropole en 2050 ? Ce n’est pas sérieux ! »
« Si la trajectoire de l’étude d’impact du COM était suivie, l’ambition de neutralité carbone de la métropole serait hors d’atteinte car les émissions des transports représenteraient à elles seules 5 fois le budget CO2 de la métropole en 2050″, avancent les Shifters dans leur récent rapport. « Ce n’est pas sérieux, le COM s’étend sur 6,2km, soit 0,2% du linéaire routier de la métropole. Comment pouvez-vous croire, avec un tant soit peu de bon sens, que cela pourrait générer autant d’émissions ? », s’offusque le directeur. Pour ce dernier, projetées sur 20 ans, les émissions de gaz à effet de serre du projet seront compensées par la diminution du trafic à l’intérieur de Montpellier. « On génère des fake news et on fait peur aux gens », déplore avec vigueur le directeur opérationnel.
Le dossier d’enquête environnementale déposé
Reste que le COM avance. Le dossier d’enquête environnementale a été déposé le 18 octobre dernier. « L’enquête a pour objet d’exposer les impacts environnementaux et de présenter les mesures compensatoires », précise Salvador Nuñez. Dans un an, « on pourrait se mettre en ordre de marche pour commencer les travaux préparatoires », complète-t-il. Par ailleurs, une enquête parcellaire s’est déroulée avec avis favorable, les expropriations sont en cours afin de disposer des terrains aux alentours de mi-2025. En effet, le COM représente 120 hectares, les 2/3 des emprises sont sur un domaine public et un 1/3 sur un domaine privé, ce dernier pouvant faire l’objet d’expropriations au titre de la DUP. Sur les 120 hectares, « environ la moitié sont sur des routes existantes, donc des surfaces imperméabilisées ». Vinci Autoroutes devra acheter autour de 300 hectares de terre au titre de la compensation agricole. Suivre le projet en cliquant ici.