« Couvrez ce sein que je ne saurais voir ». La parité femmes-hommes n’est pas près de voir le jour à l’Assemblée nationale. En témoigne le dernier rebondissement en date au sein du Parti communiste français qui dénonce une situation ubuesque, tant elle est pétrie de non-sens. Le PCF voit sa part d’aide publique annuelle amputée de plus de 68.000 euros, non parce qu’il a renoncé à l’égalité entre les femmes et les hommes mais parce qu’il a présenté plus de femmes que d’hommes, lors des législatives de 2024, une élection qui se traduit globalement par une sous-représentation des femmes sur les bancs du Palais Bourbon.
« On devrait au contraire recevoir des subventions supplémentaires »
« Cette sanction financière appliquée à la seule force politique qui a présenté plus de femmes que d’hommes aux élections législatives de 2024 relève de l’absurdité la plus totale alors même que de grands partis préfèrent, eux, être pénalisés financièrement plutôt que de satisfaire à la loi et participer à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », s’indigne Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, lequel demande à B.Retailleau dans une lettre écrite de « revenir à l’esprit de la loi de 2014, en renonçant à cette pénalité financière à contre-courant de l’histoire ».
« Certains partis préfèrent payer des amendes »
Dans le Gard, Saliha Boussedra, co-secrétaire du PCF, est sidérée. « Le PCF a présenté 35 femmes contre 32 hommes lors des législatives, soit seulement trois de plus ! C’est scandaleux d’être sanctionnés alors que la loi sur la parité consiste justement à faire monter les femmes en politique, à fortiori à l’Assemblée nationale où elles sont sous-représentées ! ». Celle qui dénonce une « application mécanique et dénuée de son esprit », pointe par ailleurs les manoeuvres d’autres écuries politiques : « certains partis préfèrent payer des amendes plutôt que de présenter des femmes, ou pas suffisamment, nous, on fait le contraire et on se fait taper dessus ».
« Dès 1925, le PCF a présenté des femmes à des élections »
La militante communiste va plus loin : « si tous les partis respectaient la loi sur la parité, que la société était parfaitement égalitaire, alors d’accord pour la parité stricte, or ce n’est pas le cas. La logique serait au contraire de nous donner des subventions supplémentaires, pas l’inverse ». L’égalité hommes-femmes, il faut dire que le PCF la cultive dans son ADN depuis fort longtemps. « Dès 1925, le PCF a présenté des femmes à des élections, alors qu’elles ne pouvaient ni voter, ni êtres élues. Je prends l’exemple de Martha Desrumaux, femme ouvrière résistante, déportée, devenue députée », rappelle Saliha Boussedra. Soit, il faudra tout de même composer avec une manne financière en moins dans les frais de fonctionnement du parti…