La CAF du Gard a noué un partenariat avec la société inclusive Trèfle. Objectif : permettre à des personnes en situation de handicap de servir des repas aux collaborateurs de l’organisme et ainsi de s’insérer dans la société.

« Cette action, ce n’est pas juste pour dire que la Caf fait quelque chose », tient à préciser Matthieu Perrot, directeur de la Caf du Gard. Voyez-y plutôt un partenariat qui coule de source avec la Caf, organisme volontariste en matière d’inclusion et de politique sociale. Trèfle et sa quinzaine de salariés remettent l’humain au cœur des entreprises avec ce premier contrat signé dans le Gard. Un partenariat qui s’inscrit dans la droite lignée des dispositifs déjà déployés par la CAF concernant l’accessibilité des locaux, le taux d’emploi des personnes en situation de handicap ou les actions en lien avec les associations locales.

Agrément d’entreprise adaptée

A contre-courant des acteurs de la Food tech, Trèfle a bénéficié d’un agrément « entreprise adaptée » en août 2024. « On s’engage à employer au moins 55% du personnel avec un handicap », précise Ghyslain Morvan, président de Traiteur Grand depuis 20 ans, chapeautant 150 salariés et jouissant par ailleurs d’une communauté de plus de 50 000 contacts sur LinkedIn. A la place des frigos connectés ou des distributeurs automatiques dans les sociétés, la CAF propose ainsi des plats préparés à côté de Pézenas, dans l’Hérault, concoctés par des personnes en situation de handicap. Tagliatelles au bœuf braisé, poulet tikka, rougail saucisses, dos de cabillaud, focaccia aux légumes, desserts… Il y a l’embarras du choix pour le prix d’un ticket restaurant.

7 plats par semaine

Le succès est au rendez-vous, 45 plats sont vendus le premier jour, en septembre dernier. 7 plats sont proposés par semaine, 150 au total. « Trèfle se situe entre l’entreprise classique et les Esats (Etablissement et service d’accompagnement par le travail, ndrl) », distingue le fondateur qui rappelle le but premier : « aider ces personnes à retrouver un projet socio-professionnel ». Un parcours toujours plus enrichi permettant aux salariés, protégés par le droit du travail, de « bénéficier d’interactions avec les autres ». A leur arrivée au sein de Trèfle, les futurs collaborateurs sont formés avant d’être orientés à un métier selon leur profil : logistique, commercial, service…

Projet socio-professionnel

Pour pallier l’automatisation effrénée de notre société alors que des « personnes sont laissées en bord de route », Trèfle propose ses cantines adaptables à tous types de structures, du petit « corner food » à la grosse cantine. « L’autonomie est la clef », précise Ghyslain Morvan. Ainsi, le binôme lors de la première semaine a laissé place à un seul collaborateur en charge de la caisse et du service de « qualité » selon Matthieu Perrot. Les collaborateurs de la CAF semblent être chouchoutés, en plus des cours de sport et des ateliers de sophrologie.

« L’autonomie est la clef »

Le business modèle ? Il repose sur la facturation aux structures qui la déduisent de leur déclaration obligatoire d’emploi des travailleurs handicapés (DOETH), des recettes des ventes auprès des collaborateurs et enfin d’une participation « minime » de l’Etat au titre de l’agrément. « Cette dernière permet l’accompagnement au projet socio-professionnel et la compensation de la baisse de la productivité de l’ordre de 70% environ », précise Ghyslain Morvan. Après l’ouverture à Montpellier et Nîmes, le projet se poursuivra à Toulouse, sans compter des discussions en cours avec d’autres structures gardoises… Pour l’acteur spécialisé dans la gastronomie, la qualité restera le mot d’ordre.