Un Gardois sur deux perçoit des prestations de la CAF du Gard.
A la tête de la CAF du Gard depuis 4 ans et demi, Matthieu Perrot ne cache pas sa surprise. Le 1er décembre dernier, la CAF du Gard ouvrait son dispositif d’urgence en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Une enveloppe financière visant à lever les freins pour quitter le domicile conjugal. « En deux mois et demi, nous avons reçu 179 demandes, 147 accordées, avec une aide moyenne de 910 euros par personne. Nous avons été très surpris du déploiement aussi massif », indique Matthieu Perrot.
Dans le 6e département le plus pauvre de France métropolitaine selon l’INSEE, le taux de bénéficiaires d’allocations est le double de la moyenne nationale. Le taux de pauvreté des ménages gardois tutoie les 19,4% contre 14,4% en France métropolitaine. « 20% des allocataires ne vivent que des prestations versées par la CAF du Gard », précise le directeur. Ce sont 3 millions d’euros de prestations versées par jour aux 160.000 allocataires gardois, pour un total d’un milliard d’euros par an. « Si l’on comptabilise les conjoints et les enfants, nous comptons 370.000 bénéficiaires. Un Gardois sur deux perçoit des prestations de la CAF », égrène Matthieu Perrot. L’éventail de prestations est large : allocation de rentrée scolaire, aide au logement, RSA, allocation adulte handicapé, prime d’activité… Le département gardois a ceci de particulier qu’il est surreprésenté par les familles monoparentales, notamment les femmes seules avec enfant. « C’est un facteur de précarité, le foyer fonctionne avec les mêmes charges pour un seul salaire », explique le directeur.
440 salariés de droit privé
Les forces vives de la CAF du Gard sont à pied d’œuvre pour traiter les 615.000 appels entrants et les 33.000 rendez-vous par an, sans compter les 80 appels par jour. « La masse de travail est énorme, je reçois quelques fois des complaintes. Or, même si ma signature apparait sur les courriers, je ne peux pas tout lire », rappelle le directeur qui chapeaute 440 salariés en CDI et CDD. Des salariés relevant du droit privé, qui intègrent sans concours l’organisme et ne sont pas des fonctionnaires. « C’est important de le préciser, ce n’est pas reconnu », abonde Mathieu Perrot qui loue le travail de cette « grosse machine » et des dossiers gérés « le plus humainement possible ».
33.000 rendez-vous par an
La CAF du Gard recrute par ailleurs beaucoup de personnes sur sa plateforme téléphonique. « Les collaborateurs sont formés en interne et peuvent intégrer par la suite d’autres métiers », précise Matthieu Perrot qui recherche des compétences, des qualités personnelles, plus que des diplômes. La CAF du Gard recrute environ 40 salariés en CDD et CDI par an. Des métiers tels que gestionnaire conseil allocataire, gestionnaire RH, comptable ou des postes d’encadrement. Dernièrement, la CAF du Gard a été choisie pour être ‘plateforme de solidarité’ et aider d’autres régions de France débordées par les appels. Il en existe 5 sur le territoire national. « C’est une reconnaissance de notre travail », se félicite Matthieu Perrot. A partir de juin prochain, la CAF du Gard sera également ‘Centre national pour les étudiants’. Ici, tout est mis en œuvre pour améliorer le bien-être des salariés, qui disposent d’espaces détente et de restauration dédiés, et notamment de bureaux « assis debout » permettant d’adapter sa posture de travail.
Principal financeur des crèches gardoises
La 2e action de la CAF du Gard, beaucoup moins connue, se réfère au financement des équipements du département. 70 millions d’euros sont dédiés chaque année à financer notamment la construction et le fonctionnement des « 156 crèches du Gard et de ses 4600 places ». La CAF du Gard finance à hauteur de 80% le coût d’une crèche du département. L’organisme participe également au financement des 223 accueils de loisir et d’hébergement, des centres sociaux, des espace de vie sociale ou des relais de petite enfance. « On travaille main dans la main avec le Département et l’ensemble des acteurs gardois », poursuit Matthieu Perrot.
« Le nombre de places en crèche dans le Gard est un peu au-dessus de la moyenne nationale », souligne le directeur. Un enjeu de taille se dessine, le manque d’assistantes maternelles. « Nous avons un nombre important d’assistantes maternelles qui vont partir à la retraite dans les 5, 10 ans. Nous avons un problème d’effectif et de recrutement, nous travaillons avec France Travail à cet effet », indique Matthieu Perrot. Quant à la fraude aux allocations, elle se chiffre à 5 millions d’euros dans le Gard. « Par rapport à un milliard d’euros versés, ce n’est pas massif », tempère Matthieu Perrot. Une distinction est à opérer entre une volonté manifeste de frauder ou un manquement de bonne foi. « Il y a énormément de contrôles dans le Gard », précise-t-il. Toutefois, il conclut : « Dans 20% des contrôles, cela conduit à une augmentation des droits et non à une diminution ».