Des médiateurs forment un relais précieux avec la jeunesse afin d’assurer la tranquillité publique cet été au Grau-du-Roi.
Le train de la discorde. Le même qui cristallise nombre de tensions, à destination de la plage. Mustapha Goumiri a 27 ans, casquette et t-shirt logotés de l’association Samuel Vincent pour laquelle il œuvre en CDI. Le médiateur déborde d’énergie au moment de nous dévoiler le dispositif. Comme il le dit si bien : « je viens de ces quartiers, j’ai plus de facilité pour parler à cette jeunesse ». Ces jeunes qu’il évoque, ce sont ceux qui s’engouffrent dans les trains à 1 euro en provenance de Nîmes, en direction de la station balnéaire du Grau-du-Roi.
« Je suis issu de ces quartiers aussi »
« On a un peu de tout, certains viennent des quartiers prioritaires, du centre-ville de Nîmes, mais aussi des quartiers Pissevin, Valdegour, etc », énumère le médiateur. Lequel puise également sa légitimité dans l’association qu’il a créée pour pallier le harcèlement scolaire. « Les jeunes de CM1, CM2 et 6e que je rencontre dans les écoles, je les retrouve quelques années dans ce même train », confie celui qui a déjà trois saisons de médiation estivale au compteur.
Trois médiateurs
Jour de grande affluence, jusqu’à 500 passagers sont sous la surveillance des trois médiateurs sociaux (soutenus quelque fois par des services civiques). Deux équipes, deux rôles. L’une est assignée à la visualisation des billets et au contrôle des bagages en lien avec la Sûreté ferroviaire. L’autre est dédiée à la médiation au sein des rames du train. Plus de 50% des trains à 1 euro sont couverts par ce dispositif de prévention. Une convention tripartite mise en œuvre entre la SCNF, l’association gardoise Samuel Vincent et la ville du Grau-du-Roi.
« On est des pompiers du social »
« C’est un dispositif qui court jusqu’au 1er septembre prochain. Il vise à apaiser et à créer un climat de sérénité au sein des transports », indique Olivier Guibaud, chef de service médiation au sein de l’association Samuel Vincent, auparavant éducateur. Très souvent, cette jeunesse est épinglée par les habitants pour leurs incivilités, qu’elles soient dans le train ou dans les rues de la ville.
Une médiation jusqu’en centre-ville
Certains commerçants vont jusqu’à se plaindre de vols à l’étalage. Le train à un euro est devenu en enjeu politique dont l’opposition municipale se saisit. Raison pour laquelle les médiateurs ne se contentent pas d’apaiser dans le train, mais arpentent également les allées marchandes du centre-ville. Une maraude s’engage pour « rassurer » de leur présence, des discussions naissent avec les commerçants qui font part de leur préoccupations ou de leurs questions. Les médiateurs rendent également compte à la police municipale du Grau-du-Roi quant à l’affluence du jour dans le train. En interne, des comptes rendus sont communiqués au chef après chaque voyage. Conscients que la médiation ne colmate pas toutes les brèches, les médiateurs apportent toutefois leur pierre à l’édifice et apaisent les tensions.
Nuisance sonore, pied sur le siège, dispute…
« La plupart du temps, ce sont les nuisances sonores, les pieds sur les sièges, les disputes entre passagers pour des places ou une prise électrique », narre Mustapha Goumiri. Les jeunes récalcitrants s’exposent à une éviction du train pendant plusieurs jours. « On évite de faire arrêter le train et, dans la mesure du possible, de faire appel aux forces de l’ordre, c’est tout l’enjeu de la médiation », complète Olivier Guibaud. Autre facteur accentuant les clivages : « les rivalités entre quartiers jouent beaucoup, les groupes de jeunes se lancent des défis. c’est celui qui fera la plus grande bêtise », regrette le médiateur.
Quelles méthodes de médiation ?
« Notre équipe est plurielle, j’aurai plus de facilité avec certains jeunes, mes collègues avec d’autres personnes », explique Mustapha qui, très souvent, isole le jeune afin de pouvoir communiquer loin de l’émulation néfaste du groupe. Ce dernier mise grandement sur la « co-médiation » et « l’humilité nécessaire » pour faire intervenir un autre médiateur si les résultats ne sont pas probants. L’équipe comprend des hommes et des femmes, ceci dans le but de nouer un dialogue constructif en fonction des « sensibilités ».
Un travail d’équipe
Avant tout, il s’agit d’un travail d’équipe en lien avec les contrôleurs et les agents SNCF. « C’est comme un match de football, chacun son rôle, chacun sa compétence », image Mustapha Goumiri. Les médiateurs de l’association Samuel Vincent sont également déployés toute l’année dans les trains et les bus scolaires. Témoignage vidéo de Mustapha Goumiri ci-après :