Le Centre d’opérations et de renseignement de la Gendarmerie est le premier maillon de la chaîne de secours. Immersion.

« Madame, vous avez appelé quatre fois ces derniers jours », note un opérateur de la gendarmerie, casque sur les oreilles, lisant l’historique et le motif d’appel sur son écran. Une trentaine d’appels recensés au total pour la dame. Certains composent le 17 pour connaître la météo du lendemain, d’autres pour la pharmacie de garde. Les appels sont quelquefois un peu plus corsés, « une jeune femme de 16 ans a dit avoir eu un coup de poing de la part de son père car elle ne voulait pas ranger sa chambre », se remémore François Escouflaire, chef du CORG depuis deux ans, 27 ans d’expérience dans la gendarmerie.

De la météo à l’homicide

Dernièrement, une dame a recueilli un enfant de 3 ans, chaussures des parents aux pieds, promenant son chien sur la route, en pleine averse. « Le tatouage du chien nous a permis de remonter jusqu’aux parents qui dormaient dans la chambre », se souvient François Escouflaire. La Procureure de la République a été contactée, l’Aide à l’enfance a été saisie. Des appels portant sur la découverte de personnes décédées naturellement, retrouvées dans leur lit, sont également fréquents. On contacte aussi la gendarmerie pour un chien enfermé dans un jardin…

Un département soumis aux aléas climatiques

Et puis, il y a ceux isolés qui appellent plusieurs fois par jour dans l’optique de se confier. « On vérifie qu’il n’y a pas d’urgence, mais on est obligé de raccrocher pour libérer la ligne et ne pas perdre les autres appels qui sont en attente ». La guerre des gendarmes ? L’appel perdu. De la météo jusqu’à l’homicide en passant par le cambriolage, le braquage ou l’agression, le spectre d’interventions est très large. Sans compter la typicité de notre territoire soumis aux incendies et aux épisodes cévenoles.

24 heures sur 24, 7 jours sur 7

Le CORG a pour rôle principal l’accueil, 24h/24, 7j/7, des appels au numéro d’urgence 17, le renvoi d’appels vers les unités de gendarmerie départementale et la coopération opérationnelle des interventions. Les opérateurs coordonnent les interventions des patrouilles de gendarmerie, et demandent l’aide des pompiers ou du SAMU si nécessaire.

175 000 appels en 2023

Ici à Nîmes, 19 opérateurs se relaient jour et nuit. 8 réservistes, pour la plupart retraités, viennent renforcer l’équipe à hauteur de 90 jours par an. Le CORG ne chôme pas, 175 000 appels ont été pris en charge en 2023, 36 000 patrouilles sont intervenues. Chaque appel donne lieu à une fiche avec des informations déjà pré-enregistrées. « L’identité s’affiche automatiquement grâce aux données des opérateurs avec lesquels nous travaillons », nom, prénom, lieu d’habitation sont déjà connus. La première tâche ? Vérifier que la personne au bout du fil est bien celle qu’elle prétend être.

Jusqu’à 1000 appels par jour en été

Grâce à la géolocalisation, l’opérateur sait en temps réel où se trouvent les patrouilles susceptibles d’intervenir. Le CORG se décompose par ailleurs en deux cellules – l’opérationnel et le renseignement – qui sont liées. Quant au Groupement de gendarmerie, il se divise en compagnies, elles-mêmes redécoupées en brigades. Le département est sectorisé. En fonction du secteur police ou gendarmerie de l’appelant, l’appel aboutira au sein de la police ou au sein du CORG.

9e CORG de France

Le Gard est soumis à rude épreuve. Le CORG du Gard est le 9e de France en termes d’activité, il peut monter à la 5e position sur un mois d’août. Fêtes votives, tourisme, météo, autant de facteurs susceptibles de faire travailler nos gendarmes. En moyenne, 450 appels affluent par jour, pour un pic allant jusqu’à 1000 appels en été. Les appels se multiplient en fin de journée, plutôt les week-ends et le vendredi soir. La particularité du CORG ? Il centralise les appels des brigades du département non opérationnelles la nuit ou entre midi et deux. Il y a donc du pain sur planche… Vidéo ci-après.