InfOccitanie : Vous regrettez ne pas avoir été convié par le Département lors de l’inauguration du pont reconstruit de Chamborigaud. Pour quelles raisons y voyez-vous « des petites magouilles entre amis » ?
Alexandre Allegret-Pilot : Est-ce normal d’inviter tout le protocole républicain, le préfet, les élus locaux, sauf le député de la circonscription en question ? Non, sauf si l’on assume une forme de népotisme et d’entre-soi. Je constate des usages à géométrie variable, en fonction de l’étiquette politique… Une illustration supplémentaire du déni démocratique et du mépris pour les Gardois qui ont voté pour moi. Ce sont des mesquineries, les Gardois doivent le savoir.
InfOccitanie : L’évènement était l’occasion de rappeler la « prouesse d’organisation » pour reconstruire l’édifice. Vous dénoncez la « célébration », pour quelles raisons ?
Alexandre Allegret-Pilot : Je constate une véritable célébration d’une reconstruction qui a coûté des millions d’euros, financée par les Français. Je rappelle tout de même que cela a été nécessaire parce qu’un pont s’est effondré il y a environ un an, vraisemblablement en raison d’un défaut d’entretien. Cet accident a failli coûter la vie à un homme, la meilleure attitude aurait été celle de contrition.
InfOccitanie : Vous étiez conseiller municipal de la commune de Fillière (Haute-Savoie) lors des élections municipales de 2020. Quelles circonstances vous ont propulsé en terres gardoises ?
Alexandre Allegret-Pilot : Des migrations économiques et politiques, il y en aura toujours. Je connais le Gard pour y avoir vécu, ceci dit, je n’ai pas à justifier d’une généalogie particulière pour expliquer ma présence dans ce département. Jordan Bardella et Eric Ciotti m’ont proposé de défendre leurs valeurs, que je partage, sur cette 5e circo. Je suis extrêmement honoré de le faire dans mon quotidien. Je donne aux électeurs tous les éléments qui leur permettent de juger par eux-mêmes.
InfOccitanie : Vous a-t-il fallu un temps supplémentaire pour vous adapter aux spécificités du département, apprendre de ces composantes économiques, de ses enjeux d’avenir ?
Alexandre Allegret-Pilot : Je travaillais à Bercy de 2020 à 2024, alors en charge de l’accompagnement des entreprises en difficulté de 15 à 500 salariés. Certaines ont pu être concernées dans le Gard. J’ai quand même connaissance des filières économiques de mon pays. On m’a proposé une mission, je l’ai accepté avec joie et je fais de mon mieux pour l’honorer chaque jour.
InfOccitanie : Vous étiez à la tête d’une liste divers droite lors des élections sénatoriales de 2020 en Haute-Savoie. Pourquoi avoir rejoint les rangs de l’UDR (Union des droites pour la République), issu de l’alliance entre Eric Ciotti et Marine Le Pen ?
Alexandre Allegret-Pilot : Je n’avais pas de parti, je me suis mis dans la catégorie divers droite. En tant qu’ancien adhérent des Républicains, une seule personne m’avait marqué à l’époque lors des primaires, c’est Eric Ciotti. Pour les autres, c’était de la fumée, des circonvolutions. Je suis allé à des réunions LR il y a deux ans, j’ai constaté le grand écart entre des personnes tellement différentes idéologiquement, en termes d’économie, d’identité, d’immigration, de rapport à la retraite… Il faut un tronc commun, sinon, vous n’êtes plus un arbre. Le parti LR aujourd’hui est un parti fantôme, avez-vous vu le nombre d’adhérents ?
InfOccitanie : Comment êtes-vous accueilli sur le terrain par les habitants ?
Alexandre Allegret-Pilot : Mon prédécesseur (Michel Sala, LFI, ndlr) a vécu ici pendant plusieurs dizaines d’années. Je peux vous dire qu’en l’espace de trois semaines, j’ai vu plus de personnes que lui n’a vu durant son mandat. A chaque fois que je rentre dans un village, on me dit que mon prédécesseur n’a jamais été vu auparavant.
InfOccitanie : Vous avez également fait l’objet d’un jet de farine par un homme, à l’occasion de la foire à l’oignon au Vigan.
Alexandre Allegret-Pilot : Voici la preuve que je suis bien sur le terrain ! Je vais voir les citoyens quelle que soit leur chapelle politique. Mais je ne laisserai jamais passer certains actes, et ne laisserai pas faire des dingos d’extrême gauche. Pendant un quart d’heure, j’ai été insulté et pourchassé. Certaines personnes présentes étaient fichées ultra gauche, pratiquant de violents sports de combat, et pas pour le bien-être mental et physique… Il y a un enjeu de respect de nos institutions. On est dans un pays où dans les Cévennes, quarante personnes intimident un député et l’empêche de faire son travail. Je ne laisserai jamais passer, je porterai toujours plainte.
InfOccitanie : Vous cumulez les publications de nature à créer la polémique. Est-ce une politique spectacle visant à servir votre notoriété ?
Alexandre Allegret-Pilot : Absolument pas. Je pense au contraire que le vacarme médiatique monte en épingle des prises de position que je peux avoir. Des médias, généralement orientés politiquement, ne supportent pas la liberté de ton. Je rappelle que j’ai passé 35 ans de ma vie sans être un homme politique, mon ADN, ce n’est pas d’être un homme politique. Je dis ce que je pense, en tant que citoyen. Le but est de me stigmatiser, de caricaturer la personne que je suis. Je suis moi même, avec mes opinions.
InfOccitanie : En décembre 2024, vous publiez sur X une carte statistique censée représenter la répartition des QI dans le monde, carte qui a fait l’objet de signalements massifs sur la plateforme. Selon vous, existe-t-il une supériorité intellectuelle et raciale entre « l’Occident » et les pays d’Afrique et du Moyen-Orient ?
Alexandre Allegret-Pilot : La réponse est non ! Ce que vous dites est faux par ailleurs. Vous parlez à un scientifique qui a étudié les mathématiques et la biologie, un sujet que je connais un peu… Cette carte représente la moyenne des QI par pays et non la répartition du QI dans la population mondiale, ça n’a rien à voir. Je confirme, toutes les nations n’ont pas le même QI moyen. La vraie question, ce sont les déterminants. Il y en a plein, l’indice de développement humain, le déterminant de l’économie, celui de l’éducation, etc. Une carte de QI n’a aucune raison de ne pas être pertinente, la question, c’est qu’est-ce qu’on en fait ? Je partage une carte qui montre que les pays asiatiques ont une performance en termes de QI très élevé et très homogène. Les médias comme d’habitude sortent des articles qui prétendent que je hiérarchise des races ! Alors que la carte porte sur des pays et des QI moyens !
InfOccitanie : Sur quels fondements scientifiques, par quelle autorité scientifique cette carte a-t-elle été validée ?
Alexandre Allegret-Pilot : Faut-il une validation du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ndlr) pour publier une carte ? Si je relaie une carte sur l’espérance de vie, ou sur les différences de taille, allez-vous autant insister sur les fondements scientifiques ? Je constate une crispation autour de cette carte. Je me retrouve à me justifier sur l’une des 200 cartes que j’ai publiées et qui devrait par ailleurs nous amener à réfléchir. Ceux qui appellent à la hiérarchie raciale, c’est leur problème. Je n’ai lai jamais fait et ne le ferai jamais !
InfOccitanie : Vous êtes vice-président du groupe Chasse et pêche à l’Assemblée nationale. Quel regard portez-vous sur la situation dans le Gard ?
Alexandre Allegret-Pilot : il y a deux semaines, j’étais invité à l’assemblée annuelle de la chasse sur le territoire. Les chasseurs ont tout mon soutien, je ne vois pas en quoi 100% des dégradations des sangliers devrait être pris en charge par les chasseurs. Il y a un effet ciseaux avec la baisse des chasseurs et la hausse des sangliers sur le territoire. Il y a un enjeu important de régulation et d’indemnisation. En termes de viticulture également, j’ai saisi la ministre de l’Agriculture afin de répondre à l’urgence. Compétitivité, complexité administratives, difficulté à transmettre l’activité… Beaucoup de problématiques touchent le Gard, nous en avons parlé avec 150 viticulteurs du nord la dernière fois.
InfOccitanie : L’article 1er de la proposition de loi trans-partisane dite Garot « visant à lutter contre les déserts médicaux » a été adopté à l’Assemblée nationale. La proposition de loi prévoit de « réguler » l’installation des médecins sur le territoire. Une bonne solution selon vous ?
Alexandre Allegret-Piot : UDR s’est opposé à cette loi en tant que groupe. A titre personnel, j’ai voté en faveur de l’article 1, au regard de ma circonscription et de l’urgence. En prison, vous avez plus rapidement un rendez-vous avec un dentiste que dans ma circo ! De manière générale, il y a un problème dans l’offre, l’accueil en formation de façon opérationnelle. On a un problème de péréquation, élément essentiel dans le maillage territorial des services publics. L’article 1 ne résout pas le problème de fond, mais peut répondre à l’urgence.
InfOccitanie : Quelles difficultés diagnostiquez-vous dans votre circonscription ?
Alexandre Allegret-Pilot : Le développement économique, étant donné la pauvreté abyssale de ma circo. Je ne vais pas dire que c’est lié à l’historique des élus communistes, mais cela m’arrive de le penser… Concernant la gestion de l’aménagement des territoires et notamment la gestion des ponts, on devrait exporter notre savoir-faire à l’international, c’est loin d’être le cas.