Pourquoi annoncer votre candidature dès décembre 2024, soit plus d’un an avant les municipales de 2026 ? N’est-ce pas un peu tôt ?
Pour moi, ce n’est pas tôt. La ville de Lattes est une commune importante, avec près de 20 000 habitants et une configuration particulière, divisée en trois grands quartiers. Pour une telle ville, il faut du temps pour préparer le terrain. Je me suis rendu compte que l’on a beaucoup de dossiers anciens, certains datant de 20 ans, qui restent encore méconnus des habitants. On parle de projets majeurs comme 8 000 à 10 000 logements, le chemin d’insertion, ou encore le projet Maera, qui ont un impact non seulement local, mais aussi métropolitain voire national, dont la population n’a pas connaissance. Alors, l’intérêt de « démarrer tôt » est d’arriver en mars 2026 en ayant donner aux Lattois la connaissance des dossiers. Cela prend du temps.
Quels sont les axes prioritaires de votre programme pour la commune de Lattes ?
Je dirais que mon programme repose sur un triptyque clair : protéger, dynamiser et rassembler. Cela concerne tout d’abord l’urbanisme, qui est pour moi le cœur de la gestion d’une commune. L’aménagement du territoire, c’est essentiel. À Lattes, nous avons une ville principalement composée de quartiers pavillonnaires, avec des villas et quelques petits immeubles à faible hauteur. Jusqu’ici cette urbanisation ne me dérangeait pas et convenait aux Lattois. Sauf que là, on est en train de prévoir dans le cadre du PLUI qui est actuellement en place, environ 8 000 logements supplémentaire à Lattes. La typologie des bâtiments qu’on prévoit est également préoccupante. Par exemple, on parle d’une tour de 14 étages. Et au-delà de cette tour, il y a des bâtiments qui avoisinent entre 8 et 10 étages. Pour moi, même quand on parle de réinvestissement urbain, c’est une erreur.
On parle aussi de 35 % de logements sociaux, ce qui est énorme pour une ville comme Lattes. Mais ces logements sociaux ne sont pas destinés aux Lattois, et ça, c’est important de le préciser, car ça rentre dans une logique qui sert la ville de Montpellier, mais pas la ville de Lattes. En parallèle, la demande de logements sociaux des Lattois a explosé, elle a doublé sur les deux derniers mandats, c’est-à-dire qu’en fait, plus on construit, plus les prix s’envolent. Actuellement, on est entre 5 000 et 7 000 euros le m² quand on achète un appartement. Pour un appartement de 60 m², c’est environ 400 000 euros. Donc, on ne donne pas aux Lattois la possibilité de rester à Lattes, et pour moi, c’est un vrai problème. Cet esprit d’urbanisme et de gestion de la ville, je le trouve mauvais. Le gros dossier pour moi, c’est l’urbanisation, car cela impacte tout le reste.
Enfin, la sécurité sera un des enjeux majeurs. On le voit avec la hausse de la délinquance dans la métropole de Montpellier, Lattes ne fait pas exception. Il va falloir gérer cela, mais aujourd’hui, ce n’est pas géré de manière claire, nette et précise. C’est un enjeu majeur pour la ville.
Concernant ces 8 000 logements qui sont prévus, qu’est-ce que vous faites si vous avez la mairie en 2026 ? Vous voulez les arrêter ? Vous en faites moins ?
Déjà, on supprime tous les projets d’étalement urbain. Pour moi, des projets comme le Petit Tinal, je ne les fais pas. On arrête ça, car ce sont des terres libres aujourd’hui et il ne faut pas les construire. On a aussi un terrain juste derrière l’ancien Quick, où il y a aujourd’hui des chevaux, à côté du camping de l’Estanel. Là aussi, je ne construirai pas. Ce projet prévoit des bâtiments de 6 étages, et c’est ça, de l’étalement urbain. Ensuite, concernant les Hauts-de-Lattes. Des bâtiments sont déjà en construction. À ce moment-là, il faudra voir avec les promoteurs où en est le projet, puis on les retravaillera. Idéalement, ces projets d’étalement urbain seront supprimés. On ne prend pas des décisions comme cela, basées sur des intérêts personnels. Ce n’est pas possible. Aujourd’hui, en concertation avec les habitants, il faut décider ce qui est le mieux pour eux. Pour moi, la priorité, c’est de défendre les habitants qui sont là depuis longtemps. Ce sont des gens qui ont acheté des villas, des maisons, qui ont travaillé dur pour ça. Ce sont peut-être leurs grands-parents ou parents qui y vivent, et peut-être qu’un jour ce sera eux-mêmes. Pour moi, c’est une priorité. Aujourd’hui, quand on prend des décisions aussi importantes, il faut mettre tout le monde autour de la table. Les habitants ne sont pas consultés, et d’un coup, on leur annonce qu’une tour de 14 étages va être construite juste en face de chez eux. Ce n’est pas acceptable. Pour moi, la ville de demain ne doit pas être composée de bâtiments de 10 étages.
Pour vous, à quel point c’est important d’inclure les habitants dans ces débats-là ? Est-ce que vraiment c’est quelque chose que vous voulez mettre vraiment en avant si vous êtes élu en 2026 ?
Bien sûr, pour moi, c’est fondamental. Je positionne ma candidature en offrant aux citoyens la possibilité de choisir, par le vote, la ville qu’ils souhaitent pour demain. Il sera crucial d’impliquer les habitants dans les décisions. Par exemple, si un bâtiment doit être construit dans un quartier et qu’il affecte des villas, il est impératif de discuter avec les habitants concernés. On ne peut pas ignorer leur avis. Il est essentiel d’impliquer la population de manière plus transparente. Il ne suffit pas de publier un registre en ligne, car peu de gens en ont connaissance. Il faut aller à la rencontre des habitants et leur expliquer clairement les projets. Si un projet doit se faire malgré les objections, nous devons l’assumer, mais il est important d’ouvrir le dialogue et d’obtenir l’avis des citoyens. Enfin, sur des sujets aussi sensibles, il pourrait être nécessaire de recourir à des référendums pour permettre aux habitants de se prononcer. Par exemple, dans le cas d’un incinérateur qui doit être construit sur le site de Maera, pourquoi ne pas faire voter les Lattois pour savoir s’ils sont pour ou contre ? C’est ça, la démocratie participative.
Concernant la ZFE (Zone à Faibles Emissions), quel est votre regard dessus ?
La ZFE à Lattes n’a aucun sens. Pourquoi ? Parce que sous la mandature de Cyril Meunier, on a doublé l’autoroute, et celle-ci n’est pas concernée par la ZFE. Cela signifie que la principale cause de pollution à Lattes, c’est l’autoroute. Ce n’est pas seulement le trafic local. Donc, c’est un mensonge de dire que la ZFE résoudra le problème de la pollution à Lattes. Le trafic va continuer, mais avec des restrictions absurdes, comme l’interdiction d’un véhicule diesel sous le pont de l’autoroute, alors que des véhicules très polluants, venant de Perpignan pour aller à Nîmes, pourront circuler juste à côté, à quelques centaines de mètres des habitations. C’est une aberration totale. La ZFE doit être suspendue à Lattes, car aujourd’hui, nous avons déjà la pollution de l’autoroute, et demain, on ajoutera un désagrément financier avec cette zone de faibles émissions. Je souhaiterais que tout le monde roule avec des véhicules peu ou pas polluants, mais aujourd’hui, financièrement, ce n’est pas possible. Aujourd’hui, on fait la guerre aux automobilistes. C’est une aberration. Il faut d’abord résoudre le problème de la circulation avant de punir les gens qui utilisent leur voiture. Concernant la solution à ce problème de circulation, il faut agir immédiatement. Par exemple, le pont sur la Céreirède, il faut le faire, mais pas simplement le dire. Cyril Meunier en parle depuis 20 ans. Si je deviens maire en 2026, je m’engage à demander immédiatement une réunion avec la Métropole et le Département pour trouver une solution de financement pour ce pont.
Quelles mesures proposez-vous du côté de l’écologie ?
Pour moi, l’écologie, ce n’est pas juste un parti politique. L’écologie, elle n’est pas de droite, elle n’est pas de gauche. C’est juste le bon sens. Quand il fait chaud l’été, on a tous chaud. Et quand il pleut l’hiver, on voit tous les épisodes cévenoles qui se multiplient. Cela veut dire que tout cela, il faut le prendre en compte dans l’aménagement de la ville. Quand on dit qu’on va faire des bâtiments de 10 à 14 étages, quand on dit qu’on va rajouter 8 000 logements, cela représente 15 000 habitants supplémentaires, donc 30 000 habitants sur la commune à l’horizon de 2040. Cela veut dire que l’on consomme plus d’eau, que l’on prend plus les transports, qu’il y a plus de voitures donc plus de pollution. Pour moi, réfléchir à la ville de demain, c’est aussi prendre en compte ces aspects. L’aménagement de Maera, par exemple, c’est une incohérence écologique. Pourquoi urbaniser des terres qui sont actuellement libres et qu’on pourrait laisser telles quelles ? Ce choix serait catastrophique pour la ville. Pour désengorger le trafic de transit qui passe par la ville, il faut aussi réduire les embouteillages et la pollution. Un exemple simple : pourquoi ne pas installer des bornes électriques en centre-ville ? Aujourd’hui, malgré l’investissement de 4 millions d’euros pour réaménager l’avenue d’Europe, aucune place de parking n’est équipée d’une borne électrique. Cela montre bien que l’enjeu écologique n’est pas suffisamment pris en compte. Aujourd’hui, si on encourage les gens à prendre le vélo, mais qu’on les fait rouler à côté des pots d’échappement des voitures, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne solution pour l’écologie ou pour la santé. Pour moi, l’écologie et la santé sont liées. Il ne faut pas les séparer. Ce sont deux aspects essentiels qui doivent être considérés ensemble, avec l’aménagement urbain.
En ce qui concerne votre candidature à droite, est-ce que vous ne craignez peut-être pas que d’autres listes puissent émerger, par exemple, une liste du Rassemblement National, qui pourrait peut-être diviser aussi les voix si on prend le spectre de la droite ?
Je ne peux pas me prononcer aujourd’hui sur les soutiens qui seront apportés. Je suis un homme de droite, issu de la famille UMP. Ma première carte, je l’ai eue à l’UMP en 2011. Donc, je suis un « sarkozyste », bien que, historiquement parlant, 13 ou 14 ans plus tard, je sois moins « sarkozyste » qu’avant. J’ai observé l’évolution de la droite, et ma vision est qu’il ne faut pas être dogmatique. À l’UMP, il y avait une diversité de courants politiques : des souverainistes, des libéraux, etc. Il faut retrouver cette logique et laisser ces différences s’exprimer. Il y a des divergences à droite, et parfois certains me trouvent trop à droite, d’autres pas assez. Il faut comprendre que la ville de Lattes n’est pas un petit village isolé. Les positions politiques, qu’elles soient de droite ou de gauche, ont un impact sur nos relations avec les institutions et les soutiens politiques. Par exemple, lors des dernières élections législatives, Cyril Meunier, candidat de gauche, avait promis de rejoindre la majorité de François Hollande en cas de victoire. Cela a son importance. Aujourd’hui, à Lattes, j’ai obtenu 57% des voix. Ce n’est pas anodin. Ces électeurs qui m’ont soutenu doivent comprendre que, si je suis candidat à une élection nationale ou si je soutiens un candidat national, ce sera un candidat de droite. Moi, je veux faire l’union la plus large possible de la droite, car je crois qu’il n’y a pas de « droite homogène ». Nous avons des divergences, mais je préfère l’union de la droite plutôt que de me retrouver avec un socialiste à la tête de la ville, qui suivra tous les dossiers de la Métropole. Il faut avoir un dialogue fort avec toutes les institutions. Il est important de ne pas fermer la porte aux personnes qui ne pensent pas comme nous. L’aménagement de la ville, par exemple, ne relève pas uniquement de la droite ou de la gauche. Il faut être ancré dans ses valeurs, mais aussi ouvert au dialogue.