InfOccitanie : Quel bilan tirez-vous de l’année 2024 ?

Christian Jeanjean : C’était une année compliquée sur le plan national avec l’instabilité politique. Pour autant, d’un point de vue touristique, cela a été une bonne année pour Palavas, également dans le domaine de la réalisation et des aménagements de la commune.

InfOccitanie : Quels principaux projets ont été menés en 2024 ?

Christian Jeanjean : On avait pour objectif de renforcer la sécurité, une préoccupation générale de la France entière et à Palavas. Nous sommes passés de 17 en début 2024, à 30 policiers municipaux aujourd’hui. Pour ce faire, nous avons augmenté l’impôt foncier, en accord avec les Palavasiens. Nous avons installé une brigade canine avec 3 chiens. Nous avons une réserve marine à surveiller, nous avons déployé un bateau avec deux policiers municipaux. Notre police municipale est en service 24h24. Par ailleurs, compte tenu du poste de police qui devenait un peu petit, nous allons en faire un autre trois fois plus grand, en service l’année prochaine, à côté de la Poste, près des sapeurs-pompiers et de la gendarmerie. Vous savez, il y a des journées où l’on se retrouve à 100 000 personnes ici.

InfOccitanie : Quels types d’incivilité rencontrez-vous dans votre commune ?

Christian Jeanjean : Des gens qui se disputent sur la plage, qui fument le narguilé, d’autres qui se promènent torse nu en centre-ville. Et puis, il y a d’autres situations à surveiller, les personnes âgées qui ont besoin d’assistance car victimes d’Alzheimer par exemple. La police municipale est faite également pour aider ceux qui en ont besoin. Ici, 45% de la population a plus de 65 ans, c’est une ville séniors.

InfOccitanie : Le Département de l’Hérault fait des coupes sur la culture en raison du contexte financier, où allez-vous sabrer ?

Christian Jeanjean : Ce qui nous a permis de tenir, c’est la création de parkings payants afin de recueillir environ 4 millions d’euros. Dans un budget comme celui de Palavas, ce n’est pas innocent. Nous avons repoussé un peu nos investissements, au lieu de les faire la première année, on les fait en deux ou trois fois. C’est le cas pour le déplacement de la foire aux manèges dans un terrain de 2 hectares, prévu pour 2026. La foire se situera derrière l’actuel emplacement, à côté des tennis et du padel. Elle sera toujours bien placée, mais un peu moins centrale afin de réduire le bruit. La culture et le tourisme sont essentiels, nous n’y toucherons pas.

InfOccitanie : Comment faites-vous pour rééquilibrer les âges et attirer les actifs afin de développer l’économie ?

Christian Jeanjean : Il y un phénomène national, les personnes vivent de plus en plus âgées. Les gens de 90 ans, cela n’a rien d’exceptionnel, je fête des centenaires vous savez. Ce n’est pas l’eau de Palavas qui fait les centenaires, mais la science. D’un autre côté, la baisse de la natalité peut s’expliquer par le coût de la vie. Ici, nous n’avons pas beaucoup de logements sociaux en raison du PPRI (Plan de prévention du risque inondation, ndlr). Tous les terrains en dessous de deux mètres NGF (nivellement général de la France) de hauteur sont inconstructibles. On essaie de faire de la réalisation mais on est contraint. On a, par exemple, augmenté l’impôt des résidences secondaires pour financer des constructions. Mais les immeubles sont chers dans la station balnéaire.

InfOccitanie : Vous misez également sur l’activité culturelle et sportive…

Christian Jeanjean : Dès qu’il y a des vagues, c’est Biarritz ici, il y a beaucoup de surfeurs car nous sommes un spot de surf en Méditerranée. Notre programmation est dense, nous faisons beaucoup de spectacles, nous donnons beaucoup aux sports : foot, rugby, etc., mais également aux sports nautiques. Nous avons deux ports avec 2000 bateaux de plaisance, l’activité bouge et permet de rajeunir. Des ‘job dating’ sont également organisés pour aider les jeunes à trouver un emploi.

InfOccitanie : Comment réussir à maintenir une attractivité en dehors de l’été, évitant ainsi le syndrome de la « ville fantôme » ?

Christian Jeanjean : Bétonner, c’est terminé, nous sommes urbanisés. En revanche, nous proposons d’étaler les saisons pour que les immeubles occupés deux mois par an le soient toute l’année. Il y a de l’animation permanente : fêtes, défilés, joutes, feux d’artifice, ferias, animations dans les arènes… On se rend compte que cela fonctionne, 80% de nos commerces sont ouverts toute l’année. Nous avons un cinéma, la Salle bleue qui accueille 18 spectacles à l’année. A moins d’une heure, nous avons 500 000 habitants, dès qu’il y a un rayon de soleil, tout le monde vient ici.

InfOccitanie : La Chambre régionale des comptes estime que les collectivités n’ont pas pris la pleine mesure du risque d’érosion et de submersion marine. Comment y faites-vous face dans votre commune ?

Christian Jeanjean : Nous travaillons depuis 2 ans et demi sur un projet de protection du cordon littoral et d’atténuation de la force des vagues. On est conscient du réchauffement climatique ! Les communes travaillent dessus depuis longtemps. Ici, on a installé des caméras sur le toit des immeubles par exemple, avec un professeur spécialiste qui a analysé, avec la Faculté des sciences de Montpellier, la force des tempêtes, la force des vagues, leur direction, toutes les actions sur le cordon littoral.

InfOccitanie : Quelles actions ont été entreprises avec les autres collectivités ?

Christian Jeanjean : Nous avons créé le groupement de la Baie d’Aigues-Mortes avec Pays de l’Or Agglomération, Terre de Camargue, la Métropole de Montpellier, Sète Agglo… Nous avons trois expériences concernant la protection du cordon littoral, à 10 ans, 35 et 80 ans environ. La première décision sera de mettre des pieux en bois, à 7 mètres environ de profondeur, de manière à casser le pied de vague afin d’agrandir la plage. Ensuite nous envisagerons des récifs artificiels avec la start-up Line Up océan. Nous avons une réunion courant mars à laquelle le préfet est invité afin de présenter nos solutions. Espérons que l’Etat les accepte… Notre projet Palavas 2050 (notre article) est une stratégie locale intégrée du trait de côte, permettant d’être plus résilients face aux effets du changement climatique. Palavas Horizon 2050 s’inscrit dans une démarche scientifique inédite.

InfOccitanie : Mobilités douces, quels projets en 2025 ?

Christian Jeanjean : Nous avions lancé une piste cyclable de 3km, que nous finançons malheureusement seuls. Elle nous permettra d’aller de Palavas jusqu’à la cathédrale de Maguelone. C’est un atout supplémentaire pour venir à Palavas. La première tranche coûte environ 600 000 euros… La piste sera opérationnelle en 2026 si tout va bien.

InfOccitanie : Quels autres projets prévus dans la commune en 2025 ?

Christian Jeanjean : L’hôpital l’Institut Saint-Pierre, sur la rive droite, va s’agrandir. La fondation soigne des milliers d’enfants chaque année. Nous sommes au bord de la plage avec un microclimat iodé qui exerce une réelle influence sur les enfants, c’est fabuleux. Un SCAN et une IRM seront installés à l’Institut, financés par l’ARS. Le matin, ils seront dédiés aux enfants, l’après-midi aux Palavasiens. 3 ou 4 médecins vont venir s’installer chez nous par ailleurs. Et puis, nous allons perméabiliser les écoles, installer du photovoltaïque sur les parkings, des bornes électriques de recharge. La végétalisation et les fleurs seront accentuées, cela égaye, adoucit les mœurs. En bordure de l’étang rive droite, nous allons faire cette année un lieu de promenade en plein air présentant les œuvres d’un artiste.