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Entretien politique : Alain Barbe, président de Grand Pic Saint-Loup, répond à nos questions

Entretien avec Alain Barbe, président de la Communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup.
© Linda Mansouri / InfOccitanie; Alain Barbe, président de Grand Pic Saint-Loup.

Le Grand Pic Saint-Loup, ce sont 36 communes, 52 000 habitants, environ 50km2 de superficie et 9% du territoire de l’Hérault. Sans compter 90% d’espaces naturels et agricoles. Un territoire qui a plusieurs cartes dans sa manche, prêt à s’adapter aux défis à venir. Entretien avec son président, Alain Barbe.

InfOccitanie : Quel bilan faites-vous de l’année 2024 pour le territoire ?

Alain Barbe : L’année 2024 a été marquée par des défis financiers importants, avec des restrictions budgétaires impactant les ressources de la collectivité et les financements dédiés à des secteurs clés comme le social, la culture ou encore les grands projets d’aménagement. Depuis la suppression de la taxe d’habitation, remplacée par la fraction de TVA reversée par l’État, notre collectivité a enregistré une diminution cumulée de recettes de près de 1,5M€ sur les trois derniers exercices. Malgré ce contexte contraint, le territoire a poursuivi son engagement en faveur d’un développement équilibré et durable.

InfOccitanie : Quelles seront les priorités pour 2025 ?

Alain Barbe : La stratégie pour 2025 s’articulera autour de plusieurs axes. Une gestion rigoureuse des finances publiques, le renforcement des initiatives écologiques (mobilité douce, énergies renouvelables, protection du patrimoine naturel), l’adaptation aux défis climatiques (prévention des incendies, gestion de l’eau) et un soutien accru aux acteurs économiques, notamment dans les secteurs viticole et touristique seront nos priorités. L’objectif est clair : faire du Grand Pic Saint-Loup un territoire exemplaire en matière de transition écologique et de résilience face aux défis climatiques. En misant sur son attractivité et son cadre de vie exceptionnel, le Grand Pic Saint-Loup entend conjuguer développement et préservation de l’environnement.

InfOccitanie : Avez-vous un exemple de grand projet cette année ?

Alain Barbe : Il y en a beaucoup mais je vous en partage un relatif aux ressources humaines. Nous investissons beaucoup sur notre outil de travail, cela passe par la construction d’un centre technique intercommunal à Saint-Mathieu-de-Tréviers, regroupant l’ensemble des petites unités dispersées, incluant la nouvelle direction eau et assainissement. Les travaux vont démarrer cette année, plus de 10M€ seront injectés, avec quelques aides de l’Etat notamment, via le Fonds vert par exemple. La rénovation énergétique comptera pour 2M€. La collectivité s’agrandit, nous sommes passés de 210 agents à 250. Ce nouveau bâtiment sera un gros vaisseau !

Alain Barbe, président du Grand Pic Saint-Loup. Crédit photo : Linda Mansouri

InfOccitanie : Tourisme, quelle stratégie en 2025 pour renforcer l’attractivité du Grand Pic Saint-Loup ?

Alain Barbe : En 2025, l’attractivité touristique du Grand Pic Saint-Loup s’appuiera sur plusieurs leviers stratégiques pour affirmer son identité territoriale. Nous allons développer notre offre éco-responsable et renforcer un tourisme « 4 saisons » pour mieux répartir les flux et préserver l’environnement. L’office de tourisme vise notamment l’obtention du label « Tourisme & Handicap », le label « Accueil Vélo » sera renforcé. Nous allons également accentuer la programmation d’ateliers thématiques (gastronomie, nature, œnotourisme) et d’animations culturelles (Les Œnoculturelles, Vignes en Scène). L’objectif est d’enrichir l’expérience des visiteurs tout au long de l’année et de favoriser l’implication des habitants. Nous prévoyons également la refonte du site web pour une meilleure visibilité, l’optimisation du référencement naturel et le développement d’un magazine numérique. Nous misons sur une stratégie active sur les réseaux sociaux et sur l’appui de partenariats médiatiques pour renforcer l’image du territoire. Enfin, l’accompagnement des professionnels du tourisme est primordial via la structuration et l’animation du réseau des acteurs touristiques, notamment au travers du label « Vignobles & Découvertes« , la formation continue et des ateliers numériques dédiés.

InfOccitanie : Depuis la présidence de Donald Trump, les viticulteurs, très nombreux sur votre territoire, sont-ils inquiétés des répercussions économiques sur leur activité ? Comment la Communauté de communes peut-elle les soutenir ?

Alain Barbe : Les activités viticoles occupent une place essentielle dans l’économie agricole locale, représentant 70,87 % des emplois agricoles et couvrant 33,8 % de la surface agricole du Grand Pic Saint-Loup. Face aux incertitudes du contexte international, la Communauté de communes apporte un soutien fort aux viticulteurs, notamment à travers le développement de l’œnotourisme. L’accueil au caveau et la mise en valeur du patrimoine viticole constituent des leviers majeurs pour renforcer l’attractivité et la résilience économique du secteur. Notre destination Terres de Garrigues et du Pic Saint-Loup possède tous les atouts d’un territoire œnotouristique d’excellence. Cette dynamique a été reconnue avec l’obtention du label Vignobles & Découvertes en mai 2019. Ce label s’intègre dans une stratégie de développement touristique portée par la communauté de communes et l’Office de Tourisme, mobilisant l’ensemble des acteurs locaux pour proposer une offre œnotouristique attractive.

InfOccitanie : Votre territoire est vulnérable face au risque de feu de forêt, au regard de sa typologie, quelles actions en 2025 pour le protéger ?

Alain Barbe : en effet, c’est un territoire couvert à 90 % par des espaces naturels et agricoles, avec un risque accru par le changement climatique et la progression des forêts. Bien que la lutte contre les incendies relève du Département et des Forestiers sapeurs, la Communauté de communes agit sur plusieurs volets. Nous allons procéder à la révision du Plan de Massif de Protection des Forêts Contre l’Incendie (PMPFCI) en 2025-2026, en coordination avec les partenaires publics et privés. La collectivité participe aux instances DFCI (Défense de la Forêt Contre l’Incendie, ndlr) et contribue aux stratégies départementales. Nous accompagnons des communes pour la mise en œuvre des Obligations Légales de Débroussaillement (OLD), avec une mise à jour de la carte des zones concernées. Concernant le plan de débroussaillement communautaire pour les terrains relevant de la communauté de communes, 40 000€ par an sont mobilisés pour entretenir plus de 80 constructions ou installations. Nous avons par ailleurs un poste de chargé de mission « risques majeurs » et recruté un stagiaire pour améliorer la connaissance des zones à risque et organiser des exercices de gestion de crise. Nous sensibilisons également les jeunes avec des animations en CM1/CM2 et la diffusion d’un jeu de société pédagogique créé par des collégiens sur la prévention des incendies.

InfOccitanie : La gestion des déchets est un enjeu écologique et financier majeur pour les collectivités aujourd’hui. Quelles sont vos actions sur le territoire ?

Alain Barbe : À partir du 31 mars 2025, nous allons réduire la fréquence de collecte des ordures ménagères, permettant une économie de plus de 300 km/semaine et une diminution de la consommation de carburant. L’objectif 2025 est d’atteindre 150 tonnes de biodéchets collectées, contre 52 tonnes en 2023. L’accès sera restreint aux déchetteries pour les professionnels afin de limiter les tonnages de déchets encombrants et réduire les transports. Concernant la recyclerie, 11 tonnes ont été valorisées et 5 000€ de recettes ont été générées en 2024. Concernant la transition énergétique, nous allons lancer du carburant HVO (biocarburant d’origine 100% renouvelable) pour la flotte de collecte en 2025.

InfOccitanie : Gestion de l’eau, pour quelle raison le Grand Pic Saint-Loup est passé en régie intercommunale depuis le 1er janvier 2025 ?

Alain Barbe : La réflexion remonte à quelques temps, nous avions déjà la compétence eau et assainissement depuis 2015. Nous avions donc récupéré les 42 stations qui couvre presque 47 000 habitants. C’était beaucoup d’activité avec des stations quelquefois fatiguées qu’il fallait optimiser. La sècheresse a frappé en 2023, nous avions baissé de 170 000 m3 la consommation d’eau potable sur le territoire. Le basculement en régie était nécessaire pour mieux gérer nos ressources. J’estime que la politique de l’eau est un sujet suffisamment grave pour que les élus intercommunautaire s’en saisissent et ne se contentent pas de déchiffrer des codes dans un rapport du délégataire. Ceci dit, je tiens à rassurer, nous avons 9 captages et une grosse nappe phréatique sous le Pic Saint-Loup, nous ne sommes pas les plus malheureux, mais il est important de sensibiliser et de prévenir.

InfOccitanie : Comment avez-vous fixé le prix le prix de l’eau pour l’usager ?

Alain Barbe : C’est simple, 26 communes auront le même prix de l’eau alors qu’il y avaient de fortes disparités auparavant. Le prix le plus bas était de 3,07 euros le m3, le plus haut à 5,79 euros, c’était le grand écart ! Avec les élus, nous avons regardé ce qu’il nous fallait en ressources financières pour équilibrer le budget et dépenses et en recettes. Un premier tarif a été fixé à 4,21 euro le m3 d’eau. La moyenne pour l’ensemble du territoire était de 4 euros, il n’y a donc pas beaucoup d’impact.

InfOccitanie : La politique de l’eau est-elle amenée à évoluer ?

Alain Barbe : Nous avons crée une structure impliquant les élus du territoire qui réfléchissent sur deux sujets. Le premier concerne la tarification sociale de l’eau en fonction des revenus, il faut le mouliner, réfléchir là-dessus, tout en garantissant que le fonctionnement du service ne soit pas impacté. Je rappelle que l’eau fait l’objet d’un budget indépendant et donc autonome. On ne peux pas puiser dans le budget principal pour l’alimenter. La deuxième réflexion concerne la part fixe qui reste identique, peu importe la typologie de logement et le nombre d’habitants. Cela peut soulever des injustices. Pour autant, la part fixe garantit la consolidation de ce budget, ce sera l’enjeu de nos réflexions dans les semaines à venir.

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