Un document publié ce vendredi 18 avril par l’ARS Occitanie confirme la présence d’entérobactéries dans des bouteilles d’eau de 75 cl produites à Vergèze, dans le Gard. Cinq des huit forages de l’usine Perrier présentent également des signes de contamination. Le groupe Nestlé Waters, exploitant du site, est dans le viseur des autorités sanitaires après plusieurs signalements de non-conformité depuis le début de l’année 2025. Ces anomalies ont conduit au blocage préventif de milliers de palettes. L’ARS a transmis en fin de journée ses recommandations au préfet du Gard, dans le cadre de l’instruction d’un renouvellement d’autorisation d’exploitation.
Entérobactérie dans le Perrier : qu’est-ce que c’est ?
Les entérobactéries sont des bactéries en forme de bâtonnet, naturellement présentes dans les intestins, mais aussi dans l’eau, les sols et certains aliments. Si certaines sont inoffensives, d’autres peuvent provoquer des infections graves, comme des diarrhées, des infections urinaires ou respiratoires. L’eau contaminée est l’un des principaux vecteurs de transmission de ces bactéries pathogènes. Elle peut transporter des entérobactéries issues des eaux usées, des excréments d’animaux ou de la pollution agricole. Certaines souches sont particulièrement préoccupantes car elles résistent à plusieurs antibiotiques, notamment celles produisant des enzymes appelées BLSE, qui rendent inefficaces des traitements courants comme la pénicilline. Cette résistance complique la prise en charge des infections et souligne l’importance d’un accès à une eau propre et d’une surveillance rigoureuse de la qualité de l’eau.
Un impact sanitaire et économique local
Chaque alerte a entraîné la mise en quarantaine de lots complets. À titre d’exemple, 1 841 palettes produites fin février ont été bloquées. De même, 1 018 palettes issues de la production du 10 avril restent en attente d’analyses. Ces interruptions perturbent l’activité industrielle du site, l’un des plus gros employeurs du secteur. Localement, ces révélations suscitent l’inquiétude des consommateurs de Perrier et des distributeurs, malgré les garanties de l’ARS sur l’absence de risque sanitaire à ce stade.
Des pratiques de purification contestées
Selon plusieurs sources, Nestlé Waters aurait utilisé des procédés de purification interdits en France, comme la microfiltration ou les UV, pratiques en contradiction avec la réglementation sur les eaux minérales naturelles. Le sénateur Alexandre Ouizille, rapporteur d’une commission d’enquête, parle d’une « fraude systémique » du groupe. L’ARS, sans commenter publiquement ces accusations, insiste sur les procédures de contrôle mises en place.
L’ARS maintient un encadrement strict
Dans un communiqué, l’ARS Occitanie précise : « Les non-conformités détectées depuis janvier ont donné lieu à des mesures correctives immédiates avec l’exploitant, sous l’autorité du préfet ». L’agence rappelle que les producteurs restent responsables de l’autosurveillance quotidienne. L’État renforce ces contrôles par des inspections sanitaires régulières. Les décisions de déblocage ou de destruction des lots sont prises conjointement.
Des analyses toujours en cours à Vergèze
Trois autres lots produits entre mars et avril font toujours l’objet d’analyses bactériologiques. Le préfet du Gard reste en charge de la décision finale concernant la poursuite ou non de l’exploitation du site de Vergèze. En attendant, la commercialisation de certains lots reste suspendue. L’ARS affirme maintenir « un haut niveau de vigilance pour garantir la sécurité des consommateurs ».