Quand l’inconscience défie le bon sens. Les barrières ont été soigneusement mises en place de part et d’autre de la rive du Vidourle, aussi bien du côté d’Aubais dans le Gard que de celui de Villetelle dans l’Hérault. Pourtant, malgré ces dispositifs de sécurité, malgré les campagnes de prévention et de sensibilisation sur nos réseaux sociaux et notre site internet, malgré les appels à la prudence des autorités — préfectures, gendarmerie, pompiers, conseils départementaux et services de voirie —, de nombreux automobilistes persistent à ignorer le danger bien réel que représente le franchissement d’un pont submersible ou d’un passage à gué en période de crue. Sous nos yeux, en seulement quelques minutes, une dizaine de véhicules franchissent le Vidourle.
À quoi bon ces barrières ? À quoi bon ces messages de prévention ? À quoi bon la répression si l’inconscience continue de prévaloir sur le bon sens ?
Dans une étude publiée en 2020, le Cerema, organisme public d’expertise en aménagement, met en lumière une accidentologie significative sur ces passages, en particulier les ponts submersibles. Leur franchissement figure parmi les principales causes de mortalité lors des crues torrentielles. Le rapport souligne une sous-estimation récurrente du danger par les usagers en cas de pluies intenses. Pire encore, les victimes ne sont pas tant des touristes égarés. Il s’agit très souvent de « locaux » habitués à ces routes. Par excès de confiance, certains conducteurs surestiment leurs capacités à traverser une chaussée immergée, sous-estimant ainsi la puissance des eaux.
Or, ces ouvrages, conçus pour laisser passer l’eau en cas d’intempéries, peuvent se révéler fatals. Il y a près d’un an, six personnes ont été emportées par les crues au niveau d’ouvrages submersibles du Gard. Leur disparition n’a pas suffi à marquer les esprits.